Centrafrique : les évêques dénoncent l'insécurité
Donatien Nyembo SJ - Cité du Vatican
Le grave climat d'insécurité qui règne en République centrafricaine suscite de vives inquiétudes. Une préoccupation exprimée avec des mots sincères par la Conférence épiscopale centrafricaine, CECA en sigle, qui, dans une déclaration publiée le 27 juin, à la fin de l'Assemblée plénière, demande à toutes les parties impliquées de mettre fin à la violence, invoquant un engagement constant pour la paix.
Les membres de la Conférence épiscopale centrafricaine affirment que les militaires du pays ont fait « des efforts considérables pour reconquérir les territoires qui avaient été précédemment conquis par les milices ». Ils déplorent toutefois que « les groupes armés concentrent désormais leur présence dans la périphérie et dans certaines localités où ils étendent leur domination et commettent des atrocités ». « Nous constatons avec consternation le recours à l'usage interdit des mines antipersonnel, qui provoquent aujourd'hui la désolation de la population et la mort de nos concitoyens », indiquent les membres de la CECA.
Les cas d'insécurité « visent à entraver la libre circulation des personnes et des biens, tout en pillant et en brûlant les véhicules des commerçants ou des concitoyens en déplacement », précisent encore les prélats. Les défis sécuritaires, disent-ils, entraînent « des difficultés car les activités économiques sont menacées : les éleveurs sont pris en otage, les agriculteurs déplorent la destruction de leurs fermes pendant la période de trafic humain incontrôlé pendant des années, et le coût des produits de première nécessité et des matériaux de construction monte en flèche ».
Des violations des droits de l’homme
Les évêques dénoncent également la violation des droits de l'homme et le « comportement inapproprié » des militaires en mission de reconquête des territoires occupés par des groupes armés. « Dans ce processus de reconquête territoriale par les Forces armées centrafricaines (FACA) et les alliés, apprécié par la majorité de la population, nous constatons certains comportements inappropriés : violation des droits de l'homme, substitution à l'autorité judiciaire, réquisition et occupation des infrastructures publiques et des bâtiments appartenant à des particuliers », disent-ils.
Les responsables de l'Église en Centrafrique expriment leur inquiétude quant à l'utilisation par l'armée des mines antipersonnel interdites, « qui provoquent aujourd'hui la désolation au sein de la population et la mort de nos concitoyens. »
Mettre de côté les différences, dialoguer en vérité
Dans ce contexte, les membres de la CECA exhortent le peuple de Dieu en Centrafrique à mettre de côté leurs différences et à travailler pour le développement de leur nation. « Dans cette phase sensible de notre pays, nous ne pouvons rien construire de solide sans une vision commune partagée de notre histoire. Il est temps que nous mettions de côté les intérêts personnels et égoïstes et les conflits de position pour nous unir autour de l'essentiel afin de répondre aux attentes légitimes du peuple et à son bien-être individuel et collectif », affirment les évêques dans leur déclaration collective signée par le président de la CECA, Mgr Nestor-Désiré Nongo Aziagbia.
Pour que la réconciliation soit effective, les évêques exhortent les citoyens de la RCA à « se parler ». « Le dialogue en vérité », disent-ils, « permet de transcender les divisions multidimensionnelles, de bannir la violence sous toutes ses formes et de désamorcer les crises", disent-ils dans leur déclaration du 27 juin.
L’éducation pour une culture de la paix
Ils notent également les défis à relever dans le secteur de l'éducation, estimant qu'un « changement de paradigme est nécessaire ». Les évêques demandent au gouvernement de « faire de l'éducation le principe de la culture de la paix et du développement et d'investir davantage dans le système éducatif par la formation et l'intégration des enseignants et la construction et l'équipement des infrastructures scolaires. »
La RCA a besoin de l'intégration de « l'État de droit, de l'ordre constitutionnel, du pluralisme démocratique et de la libération du territoire des groupes armés illégaux », écrivent-ils, ajoutant qu'une telle intégration « libérerait les énergies des forces vives de la nation pour accepter le pluralisme politique, cultiver la tolérance, mettre en valeur le mérite et la véritable intégration régionale et la coopération internationale ».
Aux chefs religieux et aux jeunes
Les membres du CECA poursuivent en exhortant les chefs religieux du pays à « inculquer aux croyants un sens de l'engagement moral afin de vivre leur foi de manière cohérente. » De cette façon, disent-ils, les citoyens de la RCA serviront mieux leur nation en travaillant pour le bien commun.
Les évêques appellent en outre les jeunes du pays à mettre leur force dans la reconstruction de la nation en disant : « La RCA a besoin de jeunes leaders capables d'impacter les domaines de la vie socio-économique et politique par un engagement solide à bien travailler, la création de richesses, l'acquisition honnête de biens, la gestion rigoureuse du bien commun sans laisser les autres décider pour vous. »
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