Aux Comores, plus de 90 migrants attendent leur sort
Stanislas Kambashi,SJ – Cité du Vatican
Tenter le tout pour trouver un mieux-être ailleurs et ne pas retourner dans leurs pays d’origine est le souci des migrants qui arrivent aux Comores, a indiqué le père Jean-Claude Mij Riy, salvatorien congolais, chancelier du vicaire du Vicariat apostolique des Comores et chargé de la pastorale du migrant et du réfugié. Malheureusement beaucoup d’entre eux se font tromper par des passeurs: après avoir empoché l’argent, ces derniers les conduisent sur un autre lieu, qui n’est pas la destination finale convenue. C’est la mésaventure qu’ont connu début mars 94 migrants, dont des femmes et des enfants, venant pour la plupart des pays de la région des Grands Lacs.
Après avoir été trompés par les passeurs, un possible retour vers les pays d’origine
Le 3 mars, 64 migrants de différentes nationalités africaines ont été interceptés sur la plage de Sambia, sur l’île de Mohéli, l’une des trois grandes que compte l’archipel de l’océan indien. Selon des témoins, c’était la deuxième fois, en quelques mois, que des migrants étaient interceptés au même endroit. Mais ce groupe rejoignait un autre de 30 migrants qui étaient déjà en détention sur la même île comorienne. Ils pensaient être bien arrivés à Mayotte, département d’outre-mer français, voisin des Comores. Après leur garde à vue à Bonovo, sur l’île de Mohéli, ils ont été conduits à Moroni, la capitale, où ils se trouvent depuis le 8 mars dans les bâtiments de la Garde Côte. L’objectif du gouvernement comorien est de les réorienter vers la Tanzanie, pour qu’ils regagnent leurs pays d’origine.
Les nations les plus représentées parmi ces migrants sont les pays de la région des Grands Lacs, plongés dans des conflits depuis des décennies, dont la République démocratique du Congo, le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), ils ne veulent pas rentrer dans leurs pays d’origine, leur souci est d’aller ailleurs.
L’Eglise des Comores, soucieuse de la dignité de la personne humaine
«L’Église est toujours soucieuse de la dignité de la personne humaine», a rappelé le père Mij Riy. Le vicariat apostolique des Comores vole souvent au secours des migrants qui y arrivent, en leur apportant une aide humanitaire et en suivant leur évolution. Mais à ce groupe des 94 nécessiteux, le vicariat apostolique n’a pas encore apporté son assistance «car leur situation est encore délicate», l’accès n’étant pas encore autorisé. Le bureau de Nation Unies et le HCR «qui sont nos partenaires» sont en pourparlers avec les autorités comoriennes afin de demander la libération, «surtout des femmes et des enfants pour nous les confier», a indiqué le chancelier de Mgr Charles Mahuza Yava, s.d.s.
Le vicariat apostolique des Comores n’a pas assez de structures pour accueillir les migrants
Le vicariat apostolique des Comores n’a pas assez de structures pour l’accueille des migrants, a déclaré le père Mij Ri. Il dispose d’un centre d’hébergement pour les enfants handicapés et abandonnés gérés par les Sœurs de la Divine Providence et la Caritas paroissiale sur l’île d’Anjouan. C’est là que sont hébergés certains qui avaient été interceptés en septembre 2021 et confiés au vicariat, principalement les femmes et les enfants. Les hommes sont logés dans une petite maison de la mission catholique d’Anjouan. «Mais nos moyens sont très limités et nous comptons surtout sur la providence divine», a dit le prêtre salvatorien. En collaboration avec le HCR, certains de ce groupe ont été orientés vers Mayotte ou le Lesotho. D’autres ont réussi à être intégrés et certains d’entre eux, travaillent chez des particuliers.
L'archipel des Comores, un point de passage
L’actuel mouvement migratoire accru vers les Comores est observé depuis 2021, a constaté le père Mij Riy. Pour lui, ce fait est peut-être dû aux difficultés d’atteindre l’Europe par l’Afrique du nord. L’archipel a alors été découvert comme point de passage, la destination finale des migrants étant Mayotte. De là, ils espèrent atteindre la France ou l’Europe en général. Nombreux d’entre eux sont trompés par les passeurs qui les déposent aux Comores et sont ainsi interceptés par les garde-côtes. Après leur rétention, ils sont renvoyés vers leurs pays d’origine. Avec l’implication du HCR certains trouvent des documents de regroupement familial et sont orientés dans des pays d’accueil comme le Lesotho ou Mayotte.
Certains organismes les assistent quand ils sont dans les lieux d’interception, en rétention. Le salvatorien congolais a en particulier fait mention des bureaux des Nations Unies sur place, comme le HCR qui se trouve à Pretoria, qui s’impliquent beaucoup pour les aider notamment sur le plan administratif. A travers la Caritas, l’Eglise les assiste sur le plan alimentaire et parfois sanitaire. Il y a aussi des de bonne volonté qui viennent à leur aide.
Les difficultés dans les pays d’origine, cause de l’exode
Pour le père Mij Riy, l’exode est notamment favorisé par la vie difficile dans les pays d’origine et par les hostilités des guerres. «C’est un instinct de survie qui pousse les gens à aller ailleurs, à aller chercher la vie ailleurs».
Le chancelier du vicariat apostolique des Comores fait savoir que l’assistance apportée ne répond pas aux besoins des migrants. Il lance un SOS aux personnes de bonne volonté afin de les soutenir dans cet apostolat. Il prie pour que la paix revienne en Afrique et que les peuples se sentent à l’aise chez eux et ne risquent pas leur vie en allant chercher le meilleur ailleurs.
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