Messe de béatification des 19 martyrs d’Algérie: une cérémonie interreligieuse
De notre envoyé spécial à Oran, en Algérie, Cyprien Viet
Cette cérémonie du 8 décembre a confirmé l’impression qui dominait depuis le début de cette journée si particulière, celle d’une grande joie et d’une grande chaleur. Sous un soleil magnifique, plus d’un millier de fidèles étaient réunis pour fêter cette béatification.
Dans sa prise de parole au début de la cérémonie, Mgr Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran, s’est exprimé à la fois en français et en arabe pour saluer l’assistance. Il a commencé par évoquer l’amitié qui unissait son prédécesseur Pierre Claverie et son chauffeur Mohamed Bouchikhi, tué avec lui le 1er août 1996, pour montrer à quel point les destins de ces 19 martyrs étaient liés à ceux du peuple algérien, qui avait subi de nombreuses violences dans les années 1990. Cette béatification était donc un motif de fierté pour tous les Algériens rencontrés, qui ont marqué à l’invitation de Mgr Vesco au début de la messe un temps de silence et de recueillement pour toutes les victimes de la guerre.
Le fait que cette cérémonie se tienne dans un sanctuaire marial, le jour de la Fete de l’Immaculée Conception, n’était évidemment pas un hasard, puisque Marie est une figure importante aussi pour les musulmans. Le chant Ave Maria entonné à la fois en latin et en arabe a été un signe de cette harmonie possible entre chrétiens et musulmans.
Une dimension interreligieuse très forte
De nombreux imams étaient présents, en visite auprès de l'Église, quelques heures après avoir reçu les familles des martyrs à la grande Mosquée. L’un des temps forts de la messe a été l’échange du signe de paix, lorsque les évêques sont descendus dans l’assemblée pour saluer les représentants musulmans. Des youyous et des applaudissements vibrants ont été entendus. Une image inhabituelle pour un chrétien occidental mais qui manifeste une expérience vraiment enracinée dans le diocèse d’Oran.
Le cardinal Becciu, qui représentait le Pape François, a manifesté son étonnement devant un climat si positif, il a ajouté qu’il raconterait tout cela au Pape, cette expérience d’une petite Église mais qui est aussi une Église glorieuse. Les nouveaux bienheureux ont donc déjà accompli ce miracle, celui de créer des liens entre les deux rives de la Méditerranée.
Symbole de cette journée atypique: l’Alléluia de Haendel, l’une des œuvres les plus symboliques de la culture européenne, entonné juste après le rite de béatification par une chorale formée exclusivement de migrants et d’étudiants africains, très investis dans la vie de l’Eglise catholique à Oran. Cette cérémonie a donc été l’occasion de manifester de vrais signes d’unité et d’harmonie entre l’Afrique, l’Europe et le monde arabe.
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