Sri Lanka: le cardinal Ranjith demande aux autorités de protéger les chrétiens
Giada Aquilino - Cité du Vatican
Les extrémistes islamistes qui seraient derrière les attentats-suicides accomplis lors du dimanche de Pâques à Colombo, avec un bilan de plus de 250 victimes, pourraient commettre de nouvelles attaques prochainement, en utilisant des kamikazes vêtus de faux uniformes militaires. C’est la dernière alarme lancée par la police du Sri Lanka, justement alors que l’archevêque de Colombo, le cardinal Malcolm Ranjith, demande encore une fois aux autorités du pays de garantir la sécurité de la communauté chrétienne. «La situation ici n’est pas claire, parce que le gouvernement nous a fait savoir qu’il y a encore des risques d’attaques», a expliqué le cardinal Ranjith dans un entretien au service italien de Vatican News.
Le cardinal a rencontré lundi un groupe de moines bouddhistes, qui représentent la tradition religieuse majoritaire au Sri Lanka : «Ils sont très perturbés, ils ont exprimé leur tristesse pour ce qui est arrivé et leur proximité à chacun de nous», a-t-il raconté.
La solidarité de la classe politique
Dimanche, l’archevêque de la capitale sri-lankaise a célébré la messe dans la chapelle de l’archevêché, suivie en direct à la télévision par les fidèles qui n’avaient pas pu se rendre dans les églises, fermées suite aux attentats de Pâques. «Je n’ai pas voulu exposer la communauté catholique au risque d’un autre attentat, c’est pourquoi j’ai demandé de ne pas célébrer les messes dans les églises, de prier à la maison et de suivre la célébration à travers la télévision.»
Le président Maithripala Sirisena, le Premier ministre Ranil Wickremesinghe et le chef de l’opposition, l’ex-président, Mahinda Rajapakse, ont tous les trois assisté à la messe présidée par le cardinal Ranjith, la première messe dominicale depuis Pâques. «Ils se sont montrés solidaires avec nous», a-t-il expliqué, en allant ensemble déposer des fleurs à l’église Saint-Antoine, lieu du premier attentat. À 8h45, heure de la première explosion, les cloches de toutes les églises ont sonné en mémoire des victimes.
Certains catholiques du pays ont pu assister à des messes organisées dans d’autres lieux, différents des églises, comme par exemple des écoles, des maisons privées. «Un curé a célébré des messes privées dans plusieurs lieux paroissiaux : des petits groupes peuvent mieux se protéger». Les communautés musulmanes sont descendues dans les rues «pour montrer leur solidarité, et nous ont invité à aller dans leurs mosquées, en montrant ainsi leur bonne volonté», explique le cardinal Ranjith.
Éviter les instrumentalisations
Le président Sirisema a interdit le niqab, le voile islamique qui recouvre aussi le visage. «Les gens ressentent de la peur», précise l’archevêque de Colombo, car selon les informations divulguées par les autorités et rapportées par les médias, des femmes kamikazes pourraient perpétrer de nouvelles attaques. Lors d’une opération antiterroriste menée la semaine dernière, des habits féminins ont été retrouvés dans l’une des habitations perquisitionnées.
Dans des moments comme celui-ci, il y a un risque d’instrumentalisations, explique le cardinal Ranjith : «des organisations que nous ne pouvons pas exactement identifier, mais qui sont certainement derrière ces choses, instrumentalisent la religion et les jeunes, qui vont ensuite se suicider en ne sachant même pas pour quelle raison ces choses arrivent».
En s’adressant aux fidèles chrétiens, le cardinal, lors de la messe dominicale, a reconnu que beaucoup se demandant «si Dieu nous aime encore ou s’Il a de la compassion pour nous». «Cela peut arriver dans le cas d’une tragédie de ce genre, parce que les gens sont troublés. La réponse, c’est de s’agripper à la Parole du Seigneur et ensuite de chercher à montrer l’amour et l’affection de chacun de nous envers le prochain, et de cette façon, faire sentir l’amour et la proximité de Dieu d’une façon tangible.»
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici