Un drame qui invite à «plonger encore plus dans ce qui fait notre foi»
Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
L’incendie qui a partiellement détruit la cathédrale Notre-Dame de Paris ce Lundi Saint suscite bien de la peine dans le cœur des Français et d’une large partie de la population mondiale. Mais au-delà de l’émotion et des sentiments unanimement partagés, les catholiques sont appelés à continuer de manifester leur foi, par la prière et l’approfondissement du Mystère pascal célébré ces prochains jours. Les pierres issues de la terre, aussi belles et précieuses soient-elles, sont destinées à passer. Mais pas l’amour ni la foi, que cette épreuve de destruction matérielle peut finalement consolider. Derrière la Croix restée debout, l’horizon de la Résurrection est déjà visible. Mus par l’espérance, les chrétiens de Paris, de France et du monde entier sont invités à le rejoindre, élevant vers la pierre angulaire qu’est le Christ vivant leur propre pierre, en forme de prière confiante.
Vincent Neymon est secrétaire général adjoint et porte-parole adjoint de la Conférence des évêques de France. Il nous fait d’abord part de la réaction de l’épiscopat français.
Les évêques tiennent à exprimer qu’ils sont touchés et émus par cet élan planétaire de compassion et d’émotion. Il y a un soutien de la part de l’ensemble des évêques de France, un soutien fraternel, et un choc partagé, une grande émotion partagée. C’est une épreuve de plus. Celle-ci est celle d’un symbole qui semble partir en fumée. C’est d’abord un symbole pour les catholiques: c’est un lieu de foi, c’est l’écrin de la foi de beaucoup de catholiques de Paris, de France, mais aussi du monde entier.
Nous sommes dans une grande tristesse. Nous sommes très touchés par l’émotion généralisée que l’on constate dans le monde entier. Tout le monde s’émeut très profondément de cette catastrophe, mais je crois que ce qu’il faut dire en ce début de Semaine Sainte, c’est que si la Cathédrale Notre-Dame de Paris est un symbole de notre foi, elle n’est pas notre foi. Si elle est l’écrin de notre religion, elle n’est pas notre religion.
La manière de vivre ce drame, c’est peut-être de plonger encore plus profondément dans ce qui fait notre foi, par-delà les pierres, aussi belles soient-elles.
Et maintenant, de quelle manière l’Église de France peut-elle manifester sa solidarité, son soutien?
Nous allons regarder ce qui se passe et participer aux élans de générosité qui se sont déjà manifestés, y compris financièrement. Je crois qu’il va y avoir sans doute un appel à la générosité, qui sera relayé évidemment.
Ce que les catholiques peuvent faire de plus signifiant et de plus efficace, c’est sans doute de prier. En cette Semaine Sainte, qui est le bout de ce chemin qui amène la Résurrection, c’est sans doute important que nous, les catholiques, nous puissions porter dans notre prière tous ceux qui sont touchés par ce drame. Pour que ce drame soit une occasion de vivre peut-être encore plus profondément le kérygme, le passage par la destruction, mais pour aller vers la Résurrection. Ce que les catholiques peuvent apporter c’est leur foi, en ces moments douloureux et difficiles.
Le Président français a promis la reconstruction de la Cathédrale, les promesses de dons commencent déjà à affluer, les communautés ecclésiales d’autres pays ont manifesté leur soutien. Comment recevez-vous cela, est-ce que cela vous donne de l’espoir?
C’est presque paradoxal puisqu’on sait que depuis des années les recteurs successifs et les évêques de Paris cherchaient avec difficulté à trouver des financements. Et ce drame arrive et provoque une générosité quasi-spontanée du monde entier. Donc dans le malheur que nous vivons, c’est une bonne nouvelle de constater que ce qui est touché là, c’est un symbole qui dépasse même la religion et qui dépasse même notre foi, ou en tous cas qui est un symbole pour énormément de monde, un symbole d’histoire, sans doute un symbole moral aussi. Donc ce que l’on voit dans cette mobilisation, et le Président de la République l’a bien dit, c’est une volonté de rebâtir. C’est intéressant d’entendre dire que notre destin est de rebâtir, c’est-à-dire que par-delà les catastrophes de ce genre, nous sommes toujours en train de bâtir. Là, il va s’agir de rebâtir un bâtiment. C’est très émouvant de voir cette émotion mondiale, cette générosité planétaire qui s’exprime. C’est aussi le signe qu’a été touché un symbole de l’Histoire de l’humanité. Ce vaisseau immobile qui a traversé 800 ans d’Histoire de Paris mais aussi finalement de l’Occident. On sent que c’est l’Histoire qui rejaillit dans le cœur de tous, et qu’on a envie de sauvegarder.
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