Crise socio-politique au Paraguay, les évêques tentent l'apaisement
À l'origine des protestations, la mauvaise gestion par les autorités de la pandémie de Covid-19, qui a jusqu'à présent causé sur tout le territoire 170 000 cas au total et plus de 3 300 décès. En ligne de mire également, la lenteur du pays pour obtenir des vaccins dans ce pays de 7 millions d'habitants. Le Paraguay a én effet été parmi les derniers d'Amérique du sud à lancer sa campagne de vaccination, le 22 février dernier.
«Un civisme entaché de violence»
Face à ce contexte tendu, l’épiscopat paraguayen a publié un message dans lequel il invite les parties concernées «à l'écoute et à la paix».
«Les manifestations citoyennes ont commencé comme une célébration de la démocratie par laquelle la population est descendue dans la rue pour s'exprimer pacifiquement et faire connaître aux autorités ses revendications légitimes», ont d’abord écrit les évêques, regrettant par la suite que de tels «moments civiques» aient été «entachés d'actes violents qui ont fait des blessés parmi les manifestants et la police».
De ce fait, l’épiscopat invite à éviter des situations similaires à l’avenir, et appelle à «la collaboration entre la police et les citoyens».
Une fracture entre citoyens et gouvernement
«Exiger pacifiquement des réponses des autorités est un droit de la population qui demande des gestes, des actions et, surtout, des résultats dans la gestion publique de la pandémie», affirment les évêques, constatant «une fracture dans le rapport de confiance entre les citoyens et ceux qui ont la responsabilité de gouverner le pays».
Les évêques soulignent donc «l'urgence de restaurer» ce pacte mutuel, afin de «renforcer la coexistence, la paix et la sécurité nationale». Dans le même temps, l'Église du Paraguay souligne l'importance de la «transparence et du patriotisme», pratiques que les institutions publiques doivent encourager selon l’épiscopat.
La corruption du service public
Dans cette optique, les évêques demandent que «l'indignation légitime du peuple soit entendue», car «des réponses et des gestes concrets sont nécessaires de toute urgence pour guérir et restaurer la confiance» dans l'État.
Face à des autorités qui «ne sont pas à la hauteur des besoins du pays», parce qu'elles sont «inefficaces, inadéquates et moralement non fondées», la conférence épiscopale du Paraguay dénonce, entre autres, la corruption des ressources publiques qui «indigne gravement le peuple, affaiblit la crédibilité nécessaire pour générer l'unité et entrave un dialogue national positif axé sur des solutions en faveur de tous».
Appel au calme et à la sérénité
L'appel lancé aux citoyens est toutefois «un appel au calme et à la sérénité, afin que les manifestations soient véritablement un moment démocratique et non un affrontement entre frères». Rappelant là la pensée du Pape François, les évêques assurent que «les attitudes de haine, de violence et d'effusion de sang sont incompatibles avec les enseignements religieux».
Le chef de l'État paraguayen, Mario Abdo Benítez, devrait bientôt annoncer les noms des nouveaux ministres qui prendront la place de ceux qui ont quitté leurs fonctions ces derniers jours. Le ministre de la santé, Julio Mazzoleni, a démissionné, et le président a destitué celui en charge de l'Éducation, Eduardo Petta, et la ministre de l'Égalité des chances, Nilda Romero.
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