En Slovaquie, accueillir le Pape «le cœur ouvert»
Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican
Le Pape, durant son premier voyage en Slovaquie, ira à la rencontre des populations à Bratislava, la capitale, Prešov, Košice mais aussi Šaštin, où il célébrera la messe dans le sanctuaire de "Notre-Dame des Sept Douleurs".
Depuis cette terre, mosaïque de communautés religieuses et ethniques, évangélisée par les saints Cyrille et Méthode, le Saint-Père s’adressera aux chrétiens, aux communautés juives, mais aussi aux Roms de Slovaquie.
«Ce seront des journées d’adoration et de prière au cœur de l’Europe», avait déclaré le Pape, lors de l’angélus le 5 septembre dernier, évoquant les «confesseurs héroïques de la foi, qui ont témoigné de l’Évangile en ces lieux au milieu de l’hostilité et de la persécution».
«Avec Marie et Joseph sur le chemin de Jésus» est la devise ce voyage apostolique. Les évêques slovaques disent accueillir le Pape comme «un bâtisseur de ponts» et un «pasteur des périphéries». Le père Milos Lichner, vice-président de l’Université de Trnava, évoque la joie des populations slovaques, et revient sur les défis actuels pour l’Église dans le pays.
La Slovaquie n’avait pas reçu la visite d’un Pape, Jean-Paul II, depuis 18 ans. Quel est l’état d’esprit de la population?
Le pays subit actuellement une crise liée à la pandémie de coronavirus qui a aussi des impacts sur la visite du Pape François. Tout le monde ne pourra pas aller à la rencontre du Saint-Père, mais on observe de plus de plus de joie face à cette visite. C’est comme une boule de neige qui augmente. Les gens sont heureux de cette visite.
Le Pape François visite un peuple qui a connu les persécutions, le martyre, la privation de liberté religieuse. Quelles sont aujourd’hui les traces de ces blessures?
Il y a une génération de prêtres qui a connu ces persécutions et qui s’en souvient parfaitement. Ces vieux prêtres sont très heureux de la liberté actuelle. Depuis la chute du communisme, la Slovaquie a beaucoup évolué. Nous devons aujourd’hui nous battre contre un certain nationalisme qui voudrait instrumentaliser la religion. Nous devons aussi surmonter le consumérisme et la baisse des vocations. Et alors que partout dans le monde on assiste à une augmentation de l’antisémitisme, nous sommes, en tant que jésuites en Slovaquie, très engagés dans un dialogue judéo-chrétien. Nous sommes très engagés dans ce combat contre chaque forme d’antisémitisme.
Les Slovaques ont-ils puisé dans leur histoire douloureuse et tourmentée une force qui fait d’eux des acteurs importants d’évangélisation?
Il est vrai que nous devons évangéliser avec le Pape et nous devons nous poser la question: “quelle est l’image d’une bonne évangélisation”? Le plus important est une conversion intérieure de chacun de nous. Il nous faut commencer par nous-mêmes.
Le Pape François s’adressa aux catholiques du pays mais la dimension œcuménique est aussi au cœur de ce voyage, tout comme l’est le dialogue avec les communautés juives et avec les Roms. Quel message cette terre, caractérisée par la diversité religieuse et ethnique, peut-elle transmettre?
Le message est que le dialogue est toujours possible et que la religion peut être un facteur très important d’unification et de paix.
Ce voyage a été placé sous la protection de Marie et de Joseph. Occupent-ils une place très importante dans le cœur des slovaques?
Oui la piété mariale est une partie essentielle de la foi chrétienne en Slovaquie et le Pape l’a bien saisi. Nous partageons cela avec lui, [cette dévotion] nous lie. Le Saint-Père confie chaque voyage à la Vierge Marie en se rendant à Sainte-Marie-Majeure à Rome, et en Slovaquie ce geste est très apprécié.
Quel encouragement, quelles paroles attendez-vous de la part du Pape?
C’est un encouragement au niveau du dialogue interreligieux et œcuménique. Le Pape est aussi très attentif aux personnes qui se trouvent aux périphéries de la société. En ce qui me concerne, je serai dans une attitude d’ouverture. Je vais écouter le Saint-Père et m’interroger sur le sens de ses paroles dans ma vie de prêtre: “Y'a-t-il des choses que je dois changer après avoir écouter le Pape ?” Mon comportement sera celui d’un cœur ouvert.
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