COP26: le cardinal Hollerich demande à l'UE de réagir au "cri de la Terre"
Adriana Masotti - Cité du Vatican
«La pandémie de Covid-19 a mis en lumière, de la manière la plus crue, le fait que tout est interconnecté et interdépendant et que notre santé est inextricablement liée à la santé de l'environnement dans lequel nous vivons», rappelle le cardinal Jean-Claude Hollerich, président de la Comece, dans sa lettre adressée aux dirigeants de l'Union européenne qui vont participer à la COP26. Il leur demande instamment d'œuvrer résolument pour que «nos systèmes sociaux et économiques soient justes et équitables», faute de quoi les conséquences seront désastreuses pour les plus vulnérables et la planète.
Des objectifs mondiaux plus ambitieux sont nécessaires
«La Terre crie», rappelle le cardinal Hollerich, citant le Pape François, «et ces cris ont pris la forme d'une montée en flèche des températures, avec des records battus dans de nombreuses régions», et une série de catastrophes (inondations, incendies…) qui ont provoqué des «traumatismes sociaux et psychologiques». Le changement climatique est plus rapide que prévu et nous nous approchons du seuil de réchauffement global de 1,5°C. «Nous sommes à la limite», avertit l’archevêque de Luxembourg.
Les dirigeants de l'Union européenne, note-t-il, auront bientôt l'occasion de discuter de nouvelles solutions en rencontrant d'autres dirigeants mondiaux à Glasgow. Les récents objectifs européens de réduction des gaz à effet de serre constituent un pas dans la bonne direction, reconnaît-il, mais la situation actuelle exige de toute urgence que chacun fixe des objectifs plus ambitieux en réponse aux deux crises mondiales que sont l'accélération du changement climatique et la perte de biodiversité. L'effort doit donc être global. «Trouver une voie qui respecte le seuil de 1,5°C pour le réchauffement climatique est un profond impératif moral», martèle-t-il.
Mesures concrètes à prendre
«Il est de notre responsabilité collective de changer radicalement nos modes de vie, de mettre fin au consumérisme aveugle et à l'exploitation prédatrice des ressources, et de vivre en harmonie dans les limites de la planète», écrit le cardinal Hollerich, qui indique dans sa lettre des mesures précises à prendre telles que «l'arrêt immédiat des nouveaux investissements dans les infrastructures de combustibles fossiles» et l'élimination des subventions «qui prolongent la dépendance des communautés à l'égard des combustibles fossiles et de l'agriculture industrielle destructrice de l'environnement.»
Une attention particulière doit également être accordée «aux industries aéronautique et maritime, très polluantes, dont la contribution à la lutte contre le changement climatique est tout à fait insuffisante».
Régler la "dette écologique" est une question de justice
Le cardinal Hollerich rappelle également les propos du Pape François sur la "dette écologique" contractée par les pays du Nord, qui «se sont enrichis en exploitant les ressources naturelles du Sud», et il précise que le remboursement de cette dette «est plus qu'une question de solidarité, c'est une question de justice».
Il cite des exemples d'activités approuvées par l'UE «qui nuisent aux sociétés et à l'environnement dans le Sud», comme ces investissements «pour exploiter de nouvelles réserves de combustibles fossiles à Vaca Muerta en Argentine, et pour construire de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles en Afrique de l'Est», des décisions qui contredisent les engagements pris face à la crise écologique.
Glasgow : une opportunité à ne pas manquer pour le bien de la planète
La COP26 et la COP15 sur la biodiversité sont des moments critiques pour atteindre de nouveaux objectifs, insiste le cardinal, et «l'Europe peut et doit jouer un rôle de premier plan au niveau international dans ces prochains forums» afin d'obtenir des réponses courageuses à l'urgence climatique.
En particulier, le cardinal Hollerich, au nom de l'Alliance européenne pour Laudato Si', dont le cardinal est l'ambassadeur, demande aux dirigeants européens d'accroître l'ambition de l'Europe dans l'effort mondial pour atteindre une limite de 1,5°C du réchauffement climatique et un nouvel objectif mondial de 50% de protection de la nature.
Il fixe trois axes précis : assurer la mise en œuvre des engagements financiers existants et fixer de nouveaux objectifs pour soutenir l'adaptation, l'atténuation, les pertes et les dommages dans les pays en développement; arrêter toute nouvelle infrastructure de combustible fossile et s'orienter vers les énergies renouvelables et les approches agro-écologiques; et enfin, respecter les droits de l'homme, y compris les droits des peuples autochtones et des communautés locales, dans l'action en faveur du climat et de la biodiversité.
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