Le Vénérable Tonino Bello, un assoiffé de justice relié à la source de l’Évangile
Isabella Piro et Adelaïde Patrignani - Cité du Vatican
Don Tonino Bello n'aimait pas les titres honorifiques, à tel point qu'on l’appelait plutôt par son surnom que par son prénom, Antonio, et que "Monseigneur" a finalement laissé place à "don". Mais le titre de "Vénérable" qui lui a été attribué ce 24 novembre, avec la promulgation du décret reconnaissant ses vertus héroïques, n’a rien de superflu : il fait honneur à «l’Église en tablier, unique parement sacerdotal enregistré par l’Évangile», comme l’expliquait don Tonino, l’Église inlassablement au service des pauvres ; à l’histoire d'un «chrétien contempl-actif», qui «part de la contemplation et laisse ensuite jaillir son dynamisme, son engagement dans l'action», selon les mots du prélat italien; à une figure très engagée pour la paix dans une époque de bouleversements internationaux.
Esprit franciscain
Antonio Bello est né à Alessano (région des Pouilles, dans le sud de l’Italie) le 18 mars 1935. Après avoir terminé l'école primaire, il part à Ugento, puis poursuit ses études au séminaire régional de Molfetta. En 1953, il est envoyé dans un séminaire de Bologne, en Émilie-Romagne.
Le 8 décembre 1957, âgé de seulement 22 ans, il est ordonné prêtre du diocèse de Ugento-Santa Maria di Leuca. Il obtient une licence en théologie au séminaire de Venegono (Milan) et un doctorat en théologie pastorale à l'université pontificale du Latran. En 1958, il est nommé d'abord professeur, puis recteur du séminaire d'Ugento. En 1978, il devient administrateur de la paroisse du Sacro Cuore dans la même ville et, de 1979 à 1982, il est curé de Tricase. Il est également assistant de l'Action catholique diocésaine, chanoine de la cathédrale d’Ugento, prédicateur, et il organise des rencontres culturelles.
Le 10 août 1982, Jean-Paul II le nomme évêque de Molfetta-Ruvo-Giovinazzo-Terlizzi. Son ministère épiscopal est animé par un grand amour du Christ, une passion pour l'évangélisation et la justice, et une prédilection pour les plus pauvres. Il était tertiaire franciscain.
Un pèlerinage marquant
En 1985, il est nommé président national du mouvement Pax Christi, au sein duquel il participe activement à la sensibilisation en faveur de l'objection fiscale contre les dépenses militaires et contre le projet de militarisation des Pouilles, ainsi que pour la paix au niveau national pendant la première guerre du Golfe et le conflit en ex-Yougoslavie.
Don Tonino se montre un pasteur proche de son peuple, attentif aux demandes de ceux qui sont dans le besoin, plein de sollicitude envers les prêtres, immergé dans les problèmes du territoire, mais avec un œil toujours ouvert sur le monde. Il rédige de nombreux articles, proposant son regard évangélique sur des thèmes d’actualité, mais écrit aussi des prières – pour la plupart à la Vierge Marie - et des poèmes, et s’adresse souvent aux jeunes, les invitant à l’audace et à l’espérance.
Le 7 décembre 1992, alors qu’il a déjà subi une opération contre son cancer à l’estomac, il part d’Ancône en bateau avec environ 500 volontaires pour rejoindre la côte dalmate, d'où il entame une marche à pied qui le mènera dans la ville de Sarajevo, assiégée par les Serbes depuis plusieurs mois en raison de la guerre civile. L'arrivée dans la ville déchirée par la guerre, où se tiennent des snipers serbes pouvant représenter un danger pour les manifestants, se déroule par mauvais temps, dans un brouillard providentiel. Don Tonino parle du «brouillard de la Vierge» (l’Immaculée Conception avait été célébrée quelques jours plus tôt, le 8 décembre).
Apprécié par le Pape François
Don Tonino Bello meurt à Molfetta le 20 avril 1993, pendant le temps pascal, après une douloureuse agonie. Il est enterré dans sa cité natale. Son procès en béatification s’ouvre le 27 novembre 2007.
Le 20 avril 2018, le Pape François - dont le style et les préoccupations ne sont pas sans ressemblance avec ceux de l'ancien évêque de Molfetta - se rend à Alessano pour se recueillir sur la tombe du prélat italien, 25 ans après sa mort.
«Cher Don Tonino, avait alors dit le Saint-Père dans un discours, tu nous as mis en garde contre le fait de nous plonger dans le tourbillon des tâches sans nous planter devant le tabernacle, pour ne pas nous bercer de l'illusion que nous travaillons en vain pour le Royaume. Et nous pourrions nous demander si nous partons du tabernacle ou de nous-mêmes. Tu pourrais aussi nous demander si, une fois que nous sommes partis, nous marchons ; si, comme Marie, “Femme du chemin“, nous nous levons pour tendre la main et servir l'homme, chaque homme. Si tu nous le demandais, nous devrions rougir de notre immobilisme et de nos justifications constantes. Aide-nous à être de plus en plus une Église “contempl-active“, amoureuse de Dieu et passionnée par l'homme !»
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici