Mgr Pizzaballa: les chrétiens de Terre sainte aspirent à faire partie de la société civile
«Aujourd'hui, nous nous apprêtons à entamer une nouvelle année. Pourtant, les différents sentiments et pensées qui se sont accumulés tout au long de l'année passée continuent de s’agiter au sein de nos âmes. Je pense à la fatigue et à l'instabilité provoquées par la pandémie, qui ont rendu l'année scolaire difficile pour les étudiants et par conséquent aussi pour les familles», a d’emblée affirmé Mgr Pizzaballa dans son homélie du samedi 1er janvier 2022.
Le Patriarche latin de Jérusalem a mentionné la situation politique, «toujours changeante, mais également toujours pareille», qui ne voit «aucune solution réelle et structurelle se profiler à l'horizon». «J'en veux pour preuve cette énième guerre à Gaza, qui n’a rien résolu, mais qui a au contraire donné lieu à une nouvelle vague de violence», a-t-il regretté.
Les "indications précieuses" du Pape à Chypre
L’ancien custode de Terre sainte a fait allusion au «beau moment» qu’a représenté l’ouverture du Synode sur la synodalité souhaité par le Pape, au sanctuaire de Deir Rafat, Notre-Dame de Palestine, et a rappelé la visite précieuse de l’évêque de Rome sur l’île de Chypre en décembre dernier; l’île faisant partie du Patriarcat latin de Jérusalem.
Et Mgr Pizzaballa de souhaiter «la reprise de la vie de l'Église» pour 2022. «Je voudrais que nous renouions avec l'art de la catéchèse et de la formation spirituelle, et que nous développions un rapport plus familier avec la Parole de Dieu. Nous vivons en Terre sainte, une terre qui abrite les lieux les plus saints du monde, et pourtant nous ne les connaissons pas toujours bien», a-t-il remarqué, invitant en cette période sans pèlerins d’organiser des pèlerinages pour les fidèles mêmes de Terre sainte.
«De nombreux pèlerins retournent chez eux changés et renforcés dans leur foi. Pourquoi ne pourrions-nous pas vivre la même expérience?», a-t-il lancé.
La confiance et patience du semeur
Le Patriarche a ensuite déconseillé de s’enfermer dans de perpétuelles plaintes: «En réalité, je pense que chaque moment de notre vie est un kairos, c'est-à-dire un moment spécial dont la Providence nous fait don. Nous devons dépasser notre préoccupation des chiffres et notre désir de voir nos actions et nos initiatives donner naissance à des résultats immédiats. Nous devons acquérir la confiance et la patience du semeur», a-t-il rappelé, s’en référant à l’écoute au cœur du parcours synodal.
«Écouter, c'est plus qu'entendre. C'est faire de la place à la vie de l'autre en nous, essayer de nous mettre dans sa situation. L'écoute est une manière d'être, une attitude, un mode de vie», a-t-il précisé.
Enfin l’archevêque italien a évoqué l’union entre les Églises chrétiennes de la Ville trois fois sainte. «Nous parlons souvent de l'union entre nous, entre nos Églises, comme d'une nécessité pour faire face aux difficultés extérieures ou à d'éventuels ennemis... Cela ne peut pas être suffisant. La communion est la conscience d'une appartenance, d'un don reçu, où l'on fait partie de l'autre et où l'autre fait partie de soi. Et tout cela jaillit de l'expérience de la rencontre avec Jésus.»
Les chrétiens doivent faire partie de la société civile
«Combien notre société, en Palestine, en Israël, en Jordanie et à Chypre, a besoin de sel et de lumière, de gens qui savent apporter une contribution positive dans le monde de la culture, de la solidarité, de la politique!», a-t-il souhaité, exhortant les chrétiens de Terre sainte à être «les hérauts de la Bonne Nouvelle annoncée par Dieu, et non des prophètes de malheur».
Ainsi selon Mgr Pizzaballa, les chrétiens de Terre sainte ne veulent pas «être protégés et abrités par une coupole de verre», mais au contraire «faire partie intégrante de la vie civile et religieuse de cette société», concluant donc par cet appel à faire hic et nunc partie intégrante et constructive de la vie civile.
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