En Syrie, le monastère de Mar Moussa rouvre ses portes
Avec AFP
À une centaine de kilomètres au nord de Damas, le monastère de Saint-Moïse l'Abyssin (Deir Mar Moussa al-Habachi) était devenu, à partir des années 1990, un centre de dialogue islamo-chrétien à l'initiative du père italien Paolo Dall'Oglio. «Nous souhaitons que les gens reviennent, qu'ils prient et méditent dans ce lieu où ils trouveront peut-être un espace de calme, de silence et de contemplation», explique à l'AFP le père abbé Jihad Youssef.
Construit sur plusieurs niveaux, le monastère possède parmi les plus anciennes fresques de l'Orient chrétien. Il comporte également une église qui date du XIe siècle et des inscriptions murales à connotation musulmanes et chrétiennes, en arabe, syriaque et grec.
Après le début de la guerre en mars 2011, le monastère n'a pas subi de dégâts matériels, mais la disparition du père Paolo en 2013 dans une zone tenue par les jihadistes lui a porté un coup dur.
En 2010, 30 000 personnes avaient visité le site. Aujourd'hui, seules quelques personnes, dont deux moines et une religieuse, vivent au monastère, doté de plusieurs chambres d'hôtes, une grande bibliothèque et une oisellerie. Elles vivent en autosuffisance. «Nous vivons dans un endroit simple et modeste. Il n'y a pas d'Internet ou de réseau téléphonique, c'est bien pour s'éloigner de la ville et de son bruit», confie père Jihad.
Une sérénité perdue durant la guerre
En 2013, des combats acharnés entre des groupes d'opposition et les forces gouvernementales ont éclaté dans la ville de Nabek, à 16km du monastère. Ensuite, le groupe jihadiste État islamique (EI) a notamment contrôlé une région proche entre 2015 et 2017. L'esprit du père Paolo Dall'Oglio souffle encore sur le site. C'est grâce à lui que ce monastère chrétien est devenu un symbole du dialogue interreligieux, avec son ouverture sur l'islam.
Figure incontournable de Mar Moussa, ce père jésuite avait été expulsé de Syrie en 2012 pour avoir soutenu le soulèvement contre le régime, mais y était revenu clandestinement un an plus tard.
Il a disparu à l'été 2013 à Raqqa, ville du nord de la Syrie, qui allait devenir quelques mois plus tard la capitale autoproclamée de l'EI dans ce pays, où il était allé plaider pour la libération des militants kidnappés.
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