Le cardinal Erdő salue «l’amitié et la solidarité» du Pape envers la Hongrie
Entretien réalisé par Delphine Allaire - Cité du Vatican
Le Pape François visitera la Hongrie du 28 au 30 avril prochain. Il s’agit de la seconde visite du Souverain pontife argentin en terre magyare, où il s’était rendu quelques heures seulement, pour la clôture du 52e congrès eucharistique international à Budapest, le 12 septembre 2021. Une célébration qui était la première messe pontificale dans la capitale hongroise depuis trente ans, le Pape polonais Jean-Paul II n'ayant que transité par Budapest lors de sa dernière venue en 1996.
Ces derniers mois, les autorités officielles hongroises se sont succédé au Vatican, préparant le retour du Successeur de Pierre. La présidente du pays, Katalin Novák, a été reçue en audience le 25 août 2022, un peu plus tôt au printemps 2022, le 21 avril, c'était au tour du Premier ministre calviniste Viktor Orbán.
Les évêques hongrois ont appris l’officialisation de ce 41e voyage apostolique «avec une grande joie». Dans un communiqué paru lundi, ils qualifient ce voyage d’important pour les catholiques, mais aussi pour tous les Hongrois du pays et de la diaspora. Au regard de l’âge du Pape François, tous les événements auront lieu à Budapest, la capitale, explique Mgr András Veres, président des évêques de Hongrie, évêque de Győr. L’épiscopat invite les fidèles de tout le pays et d’Europe centrale à se joindre à la messe qui sera célébrée dimanche 30 avril, sur la place située derrière l’illustre Parlement néogothique.
Entretien avec le cardinal Péter Erdő, archevêque d’Esztergom-Budapest, primat de Hongrie, précédemment président du Conseil des conférences épiscopales d’Europe.
Comment accueillez-vous la nouvelle de la venue du Saint-Père cette fois-ci pour trois jours et non plus une demi-journée? Qu’en attendez-vous pour Budapest et la Hongrie?
C’est une grande joie pour nous tous, le pays, notre diocèse, toute la communauté catholique hongroise. Nous avons espéré que le Saint-Père puisse revenir en Hongrie après sa visite lors du 52e congrès eucharistique international. Il s’agissait alors d’une visite à portée internationale avec la participation de délégués et pèlerins provenant de 83 pays. Désormais, le Saint-Père peut accorder son attention à l’Église hongroise, à nos fidèles, prêtres, religieux, et à nos œuvres de charité. À ce titre, il est très important que figure dans le programme du voyage apostolique une visite dans un institut accueillant des enfants aveugles et handicapés -ndlr, visite privée aux enfants de l'Institut du bienheureux László Batthyány-Strattmann. C’est une grande œuvre de notre Église, signifiant toute la solidarité avec ces personnes. Nous sommes très reconnaissants au Saint-Père pour ce geste d’amitié et de solidarité.
Dans ses choix de voyage, le Pape François indique privilégier les petits pays. La Hongrie est une périphérie, mais aussi un cœur. Le cœur de l’Europe, peut-être parfois délaissé… Qu’en pensez-vous?
Le Saint-Père a déjà visité la Slovaquie, la Roumanie. À chaque fois, nous avons participé à ces visites pastorales dans les pays voisins. Qu’il vienne directement chez nous maintenant représente une grande fête. Le cœur de l’Europe porte encore beaucoup d’éléments de culture chrétienne. Cette culture chrétienne européenne peut nous aider face aux difficultés de notre temps.
Quels sont les défis de l’Église hongroise aujourd’hui?
L’Église hongroise doit naturellement accepter la tâche de solidarité actualisée par la guerre en Ukraine. Nous avons beaucoup de réfugiés, 1 million et demi d’Ukrainiens arrivés l’année passée en Hongrie. Nous devons aider à les scolariser, organiser l’aide humanitaire avec les familles. Nous avons la Caritas, mais aussi les paroisses, les diocèses directement, les familles chrétiennes, les chevaliers de Malte, etc. C’est une grande action de solidarité et charité, certains vont en Ukraine-même porter ces aides. Cela montre l’unité de nos peuples. Nous avons une grande proximité avec ceux qui souffrent de cette guerre.
Dans les pas de saint Jean-Paul II, en quoi cette venue de François est-elle aussi un message fort pour l’Europe centrale?
Nous considérons cette visite comme un grand signe de solidarité. Nous sentons le Pape provenant de l’Amérique latine aussi très proche de nous. Quelqu’un avait dit que la Hongrie, comme l’Amérique latine, se situe aux périphéries du monde occidental. C’est pourquoi nous avons des problèmes spécifiques, et nous avons l’impression que le Saint-Père comprend notre situation et nos problèmes. C’est une grande joie.
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