Depuis le synode, un appel pour l'avenir du Liban
Vatican News
A l'invitation du cardinal Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège, les membres libanais présents au Vatican pour le synode, Patriarches, Évêques, prêtres, consacrés et laïcs se sont réunis le 15 octobre pour faire le point sur la profonde crise qui déchire leur pays. De cette réunion ressort un appel aux Libanais comme à la communauté internationale pour que le Pays du Cèdre ne soit pas oublié. Voici ci-dessous le texte de cet appel:
1 -Nous avons adressé, tout d’abord, un sentiment de gratitude à sa Sainteté le Pape François qui porte le Liban dans son cœur et désire «trouver une solution digne de l’histoire et des valeurs du peuple libanais», mais aussi les pays du Moyen-Orient, et surtout à la suite de la guerre éclatée entre Palestiniens et Israéliens. Avec Sa Sainteté nous exprimons notre proximité aux familles des victimes, priant pour elles et pour tous ceux qui vivent des heures de terreur et de douleur, suppliant le Seigneur de la Paix de faire régner la Paix sur la terre qu’il a sanctifiée par la réalisation du plan de salut.
2 -Après avoir partagé nos idées, nos points de vue, nos soucis, nos préoccupations et nos craintes pour l’avenir du Liban, mais aussi nos aspirations et nos espérances pour l’annonce de l’Évangile et la mission de l’Église sur la terre où Jésus Fils de Dieu a choisi de s’incarner, nous avons désiré lancer un appel à nos concitoyens et à la Communauté Internationale:
I – Aux Libanais
3 –Il est vrai que le Liban notre patrie affronte de graves et dangereux défis, qui risquent de lui faire perdre son identité, sa vocation, sa mission de pays-message et son rôle dans le concert des nations. Il souffre de l’effondrement économique, monétaire, social qui a provoqué la dégradation de la situation de nos citoyens les portant à la pauvreté, et à l’émigration, notamment de nos jeunes, de nos intellectuels et des familles entières vers de nouveaux horizons; il souffre également de la migration des réfugiés qui arrivent en masse et constituent un poids lourd économique, social et démographique qu’il ne peut pas supporter.
Pour remédier à cette crise qui perdure, nous croyons qu’il faudra commencer par élire un Président de la République qui ferait redémarrer le bon déroulement des institutions constitutionnelles et l’application des réformes nécessaires demandées. C’est pourquoi nous appelons le Président de la Chambre à ouvrir les portes du Parlement et convoquer au plus vite les députés pour des séances électorales successives. Et nous adjurons les députés à accomplir leur devoir parlementaire et national et à élire le Président selon les clauses de la Constitution.
4 –Nous sommes conscients que notre Église au Liban a le devoir de promouvoir le dialogue entre chrétiens d’une part, et entre Libanais de l’autre, pour une purification de la mémoire, une conversion et une réconciliation nationale. Nous appelons nos concitoyens libanais à unir leurs efforts avec nous et à s’engager ensemble en vue d’édifier un État civil qui met l’appartenance citoyenne avant l’appartenance confessionnelle dans le respect des diversités religieuses, culturelles et politiques, comme l’a voulu le Règlement du Liban en 1920, et comme le stipule le Pacte national de 1943 renouvelé dans les Accords de Taëf de 1990.
5 –Pour restaurer le Liban Pays-message, nous devons compter sur vous jeunes qui portez l’espérance de l’avenir et rêvez d’un pays qui réalise vos aspirations à édifier un État de droit qui instaure la citoyenneté et l’égalité devant la loi au-delà de tout clivage religieux, confessionnel et politique. Vous savez comme nous que les hommes politiques et les leaders des milices qui ont fait la guerre et qui ont pris le pouvoir et le gardent pour des intérêts personnels, ne peuvent pas restaurer la paix, la liberté et la démocratie.
C’est pourquoi nous vous appelons, chers jeunes, à approfondir votre formation nationale et politique et à vous préparer à prendre la relève.
II - A la Communauté Internationale
6 –Le problème du Liban dépend des conflits en cours au Moyen-Orient, dans la région et au niveau international. L’ingérence de pays étrangers régionaux et internationaux dans les affaires du Liban, prenant comme partisans des factions libanaises qui leur sont soumises, a contribué à rompre l’équilibre de la mosaïque du Liban.
C’est pourquoi nous prions Sa Sainteté le Pape François de mettre tout son poids pour négocier avec les pays amis du Liban et les Grandes Puissances le salut du Liban afin qu’il reprenne sa mission et joue son rôle de pays-message dans le concert des nations.
7 -Nous demandons également aux Nations Unies, et aux pays amis du Liban de nous aider à freiner l’ingérence de pays étrangers, à reconnaître au Liban sa neutralité positive, à appliquer les résolutions des Nations-Unies 1559, 1680 et 1701 et régler le conflit israélo-palestinien.
8 -Face à tous ces défis et à tant de motifs pour espérer, nous nous engageons à vivre avec nos fidèles et notre peuple la synodalité, à marcher ensemble dans l’écoute, le dialogue et le discernement pour porter les valeurs chrétiennes et témoigner de l’Évangile dans la charité vécue entre nous et avec le prochain, et dans l’espérance en Celui qui ne déçoit pas.
Peu importe notre nombre, nous sommes et nous resterons les témoins de Jésus Christ ressuscité et présent au milieu de nous jusqu’à la fin des temps ! Notre Église est donc et restera l’Église de l’Espérance !
Mar Bechara Boutros Al-Ra’i, patriarche maronite d’Antioche; Mar Ignace Youssef III Younan, patriarche syriaque d’Antioche; Mar Youssef Absi, patriarche melkite d’Antioche, Mar Raphaël Pedros XXI Minassian, Catholicos patriarche arménien catholique de Cilicie, S. Exc. Mons Mounir Khairallah, Père Khalil Alwan, Père Gaby El Hachem, Mme Claire El Saïd, Mme Sandra Chaoul, Mlle Rita Kouroumilian, Mr Wissam Abdo.
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