Le regard de l'Église sur la tragédie des migrants en Méditerranée
Joseph Tulloch - Trapani
Entre le 24 et le 25 août, le Mare Jonio a participé au sauvetage de 182 migrants en Méditerranée. Le navire, opéré par l'organisation humanitaire Mediterranea Saving Humans, était accompagné, pour la première fois, d'un bateau de soutien financé par la fondation Migrantes de la conférence des évêques italiens.
À bord se trouvaient le père Alessandro Messina, directeur de Migrantes pour le diocèse de Fano (Marches) et Donatella D'Anna, directrice de Migrantes pour le diocèse de Caltanissetta, ville du centre de la Sicile.
Peu après le retour à terre du bateau de soutien, Vatican News s'est entretenu avec les deux directeurs au sujet de leur expérience et de leurs espoirs de collaboration future entre Migrantes et le projet Mediterranea.
Joie et souffrance
En repensant à ces derniers jours, Donatella D'Anna et le père Alessandro -ou «Don Sandro», comme l'ont rapidement surnommé tous les membres de l'équipe- ont déclaré qu'ils se sentaient changés.
Donatella D'Anna travaille en étroite collaboration avec les migrants dans le centre de la Sicile, les aidant à trouver un emploi et à se construire une nouvelle vie. Elle a déclaré ne pas être surprise par ce qu'elle a vu: «Dans le cadre de mon travail, j'entends beaucoup parler de leurs périples, de leurs difficultés à arriver en Italie». Mais, a-t-elle fait remarquer, «savoir quelque chose de manière abstraite et en faire l'expérience directe sont deux choses très différentes». Elle partait avec un réel sentiment de tristesse.
Don Sandro déclare qu'au cours de la mission, il a vu beaucoup de souffrance, mais aussi le bonheur dans les yeux des migrants lorsqu'ils ont été mis en sécurité sur le Mare Jonio. «C'est quelque chose qui laisse une trace», explique t-il, la voix un peu cassée. «C'est quelque chose que l'on emporte avec soi».
L'Église comme «témoin et porte-parole»
Le prêtre a poursuivi en décrivant la naissance de la mission conjointe Mediterranea-Migrantes. Il avait rencontré Luca Casarini, l'activiste italien et fondateur de la mission Mediterranea, lors d'un événement organisé il y a plusieurs mois, et lui a demandé s'il était possible de participer à l'une des missions de sauvetage de l'organisation à titre personnel.
Bien que cela se soit avéré difficile, l'idée d'une collaboration plus officielle entre les deux organisations a germé. L'antenne locale de Migrantes de Don Sandro a proposé l'idée au bureau national, et c'est ainsi qu'est né le partenariat.
Le choix d'envoyer un bateau de soutien a été fait pour que l'Église puisse «voir de ses propres yeux ce qui se passe en Méditerranée» et «être témoin et porte-parole de la tragédie que nos frères et sœurs vivent chaque jour en mer», a expliqué Donatella D'Anna.
Un amour commun pour l'humanité
Les deux directeurs de Migrantes espèrent que cette mission ne sera que la première étape d'une collaboration plus étroite entre leur organisation et Mediterranea Saving Humans. Ils ont une vision de ce qui doit être fait. «En tant que fondation Migrantes, nous avons une tâche particulière, déclare Don Sandro nous devons sensibiliser les communautés chrétiennes et la société dans son ensemble à l'importance de l'accueil, de la construction d'une civilisation de l'amour, d'une civilisation où il y a de la place pour tout le monde».
Pour Donatella D'Anna, «nous ne pouvons pas nous arrêter à la recherche et au sauvetage ou à l'accueil des migrants en Italie». Ce qu'il faut, c'est «résoudre le problème à la racine», ce qui implique, selon elle, une révision en profondeur du système de visas qui convainc de nombreux migrants que leur seule option est de prendre la mer.
«Dieu a créé le monde pour tous», conclut Don Sandro. «Il nous a créés frères et sœurs, comme nous le répète le Pape François. Au cours de cette mission, j'ai eu le privilège de partager cet amour pour l'humanité avec d'autres personnes, des personnes d'autres religions, des personnes sans aucune religion. Le Christ est humain, et ce que Jésus m'enseigne, c'est l'amour pour toute l'humanité».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici