Au Sud-Liban, l’Église tente de pallier les carences de l’État
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
«Depuis un mois, la guerre s’est intensifiée et nous sommes passés à une deuxième vague très féroce de la guerre», témoigne Mgr Charbel Abdallah. En effet, après les explosions des bipeurs puis des talkies-walkies des hommes du Hezbollah à la mi-septembre 2024, le conflit entre le mouvement chiite et Israël s’est brusquement ravivé. Ce dimanche 20 octobre, l’armée libanaise a annoncé la mort de trois de ses soldats le long de la frontière avec l’État hébreu.
«La présence des chrétiens est très risquée»
L’archevêque maronite de Tyr explique qu’en un mois, «il y a eu trois ou quatre paroisses qui ont été intégralement vidées de leurs habitants». «Dans mon diocèse, environ 70% des paroissiens ont quitté leur paroisse pour venir s'installer au centre du pays, surtout à Beyrouth». Parmi ceux qui restent, beaucoup n’ont pas de famille à Beyrouth, ou sont tout simplement attachés à leurs terres. Mgr Charbel Abdallah mentionne même certains chrétiens ayant fui à Beyrouth, revenus chez eux dans le Sud-Liban quelques semaines plus tard.
Pourtant, la situation est très difficile dans le sud du Liban. Dans la zone limitrophe de la frontière, là où se trouve la majorité des villages chrétiens du diocèse, «la région est devenue presque fermée, il n'y a pas de vie car il n'y a plus d’hôpitaux et plus de magasins ouverts pour se provisionner ». Dans la région plus au nord, proche de la ville de Saïda, il reste possible de trouver des aliments ou des médicaments, bien que les frappes soient très fréquentes.
«La présence des chrétiens ici est très risquée, car tout autour de ces paroisses, on reçoit des bombardements, soit à partir des chars soit d'autres sources», souligne Mgr Charbel Abdallah. «On se rend compte que la vie devient très difficile, c'est un grand défi».
L’Église en coordination
De nombreuses ONG tentent de subvenir aux besoins alimentaires et sanitaires des populations restées dans leur village, et l’Église n’est pas en reste. «L’Église, qu’il s’agisse des diocèses ou des communautés religieuses, joue surtout un rôle paternel et un rôle de coordination avec les ONG», explique l’archevêque de Tyr, qui est en contact permanent avec ses prêtres et ses diocésains.
Ainsi, dans le village d’Aïn-Ebel, les 1 200 habitants ont presque tous fui leurs maisons, situées à quelques kilomètres de la frontière israélienne. Le curé du village s’est réfugié avec sa communauté paroissiale dans le village voisin de Rmeish, un peu plus à l’ouest. Il continue à donner les sacrements et à offrir les moyens d’une vie spirituelle à sa communauté, avec la messe notamment.
«L'Église est très concernée car l'État est presque absent, surtout dans la zone limitrophe», explique Mgr Charbel Abdallah.
Des lueurs d’espérances
L’homme de Dieu poursuit ses visites pastorales au volant de sa voiture dans un pays bouleversé «depuis un an». Il exhorte les chrétiens à revenir à l’Évangile et à rester unis à l’Église universelle, assurant «que la prière joue un grand rôle pour le retour à la paix».
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