Joseph Allamano: la sainteté précède la mission
Stanislas Kambashi, SJ et Fabrice Bagendekere, SJ - Cité du Vatican
C’est un événement qui était tant attendu par les missionnaires de la Consolata, hommes et femmes, répandus à travers le monde. Cette canonisation vient imprimer en lettres gras les paroles que leur fondateur répétait de son vivant: «il faut d’abord être des saints et après des missionnaires». Ceci pour dire que celui qui sera le désormais saint fondateur était continuellement à la recherche de la sainteté. S’exprimant sur cette canonisation, le père Dieudonné Mukadi pense que cette reconnaissance des mérites de Joseph Allamano soit un encouragement et un appel à tous les consolata, partout où ils se trouvent, à un témoignage de sainteté dans tous ce qu’ils font. C’est-à-dire, imiter ses pas et pourquoi pas offrir un jour un autre témoignage. En tant que missionnaire, c'est cet appel à la sainteté qui doit orienter toute l'évangélisation, affirme ce prêtre originaire de la RD Congo et en mission en Mongolie. «Nous prions que l’Abbé Allamano puisse nous soutenir, nous ses fils et filles qui sommes encore ici sur terre, pour que nous puissions emboîter ses pas et être aussi des modèles, des exemples pour tous les gens que nous rencontrons», déclare-t-il.
Une mission abondante
La congrégation des missionnaires de la Consolata a vu jour en 1901. L’intention qui soutint sa fondation est «l'annonce de la bonne nouvelle à ceux qui ne connaissent pas encore le Christ». L’Abbé Allmano voyait dans cette disposition un chemin de sanctification pour ceux qui se joindraient à lui, a déclaré le père Mukadi. Depuis lors, la mission consolata s’est répandue dans d’autres continents notamment l’Asie et l’Europe. La première destination de cet élan missionnaire furent les missions africaines. A l’heure actuelle, les consolata sont présents dans plus de dix pays africains: le Kenya, Éthiopie, Ouganda, Tanzanie, Angola, Mozambique, Afrique du Sud, Eswatini, République démocratique du Congo et la Côte d'Ivoire. Une deuxième mission avait été ouverte dans l’extrême orient il y a une dizaine d’années. Le point d’arrivée en cette terre fut la Corée du Sud. Ils s’étendront ensuite vers la Mongolie, les îles taïwanaises et le Kazakhstan.
Les deux ailes de la mission consolata
Le charisme consolata est vécu principalement à travers deux pôles, considérés comme les « deux ailes de la mission »: l’évangélisation et la promotion humaine. Ceci explique leur double implication partout ils se retrouvent, à la fois religieuse et sociale. En Mongolie, par exemple, sur le plan social, les consolata offrent des services éducatifs aux enfants de l’école maternelle, ainsi que des nombreuses activités parascolaires. A celles-ci s’ajoutent le projet d’assistance aux femmes démunies, à travers des formations en coupe et couture, et l’assistance aux personnes avec problèmes d'alcoolisme. Par ailleurs, sur le plan religieux, ils tiennent un centre de dialogue inter-religieux. Toutes fois, le charisme de cette congrégation va toujours de pair avec le besoin de la mission, déclare le prêtre congolais. En Afrique par exemple, en plus des écoles, les consolata tiennent des centres de santé, des centres de rééducation et des structures de soutien aux personnes sans emploi.
Un congolais missionnaire en Mongolie
D’origine congolaise, le Père Dieudonné Mukadi est en mission en Mongolie depuis 8 ans. La Mongolie est un pays majoritairement bouddhiste et chamaniste. Le christianisme ne représente que 5% de la population. L’Eglise catholique, en particulier, fêtait à peine le 30ème anniversaire depuis la première arrivée missionnaire dans ce pays. La religion chrétienne y est donc encore au commencement, elle est en train de faire les premiers pas. Le Père Mukadi participe ainsi à la première évangélisation de cette terre. Après la visite du Pape François en 2023, cette communauté d’environ 1 000 fidèles catholique est restée depuis joyeuse et vivante, nourrissant beaucoup d’espoir pour l’avenir. Saint Père a même créé cardinal l’archevêque de Oulan-Bator, Giorgio Marengo, un missionnaire de la Consolata, un signe de son attention envers cette église naissante qui compte un seul prêtre d’origine mongole.
Une Eglise de communion
La canonisation de Joseph Allamano a lieu au moment où se tient le synode sur la synodalité au Vatican. Pour le père Mukadi, la synodalité a toujours et beaucoup été exploité par les missionnaires en Mongolie. Petite église en termes de nombre d’agents pastoraux, beaucoup des fidèles sont impliqués dans la mission aux côtés des prêtres et des religieuses. La mission reçoit aussi des missionnaires laïcs venant du continent européen, travaillant ensemble avec les prêtres et les religieux. Cela fait davantage prendre conscience que l'église n’est pas une affaire d’une personne ou d’une catégorie de personnes, a déclaré le prêtre de la Consolata. «L’église est toujours et déjà communion, communion avec les prêtres, communion avec les sœurs, communion avec les laïcs. Tous ensemble parce que ce n’est qu’ensemble qu'on peut cheminer. C'est aussi ensemble qu'on peut évaluer le travail que l’on est en train de faire. C'est par l’entremise et entraide de tous que l’on peut parvenir à une annonce qui soit vraiment effective dans le cœur des personnes», a-t-il souligné.
Des défis multiformes pour une jeune église
Comme pout début, l’Eglise en Mongolie doit encore affronter des défis multiformes dans sa mise en place et son déploiement. Parmi les problèmes les plus préoccupants, il y a l’obtention des titres permettant l’établissement des paroisses et œuvres sociales, affirme le Père Mukadi. A côté de cela, il y a des restrictions liées à l’obtention du titre de séjour pour les missionnaires. «C'est chaque année qu'on doit renouveler nos documents, renouveler le visa, avec toute la bureaucratie et le temps que cela implique», déclare-t-il. Selon le prêtre congolais, les deux défis constituent le principal frein à la croissance de l'église mongole. Il reconnait toutefois que la population en Mongolie est très accueillante. «Il y a toujours des mongols qui sont très gentils envers nous et qui nous aident dans tous les processus», loue-t-il. Un autre défi notable est celui de la barrière culturelle. La culture asiatique est vaste et diverse, affirme ce fils d’Allamano. «On ne peut pas comparer la culture mongole à la culture chinoise, coréenne ou taïwanaise. Chaque pays a sa spécificité, sa langue, des langues qui sont diverses, écrites différemment», explique-t-il. Ceci fait que chaque déplacement d’un pays à un autre implique un nouvel apprentissage, avec tout le temps qu’il faut investir, fait remarquer le missionnaire en Mongolie, tout en reconnaissant la richesse de cette expérience.
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