L'épiscopat kenyan lors d'une conférence de presse à Nairobi. L'épiscopat kenyan lors d'une conférence de presse à Nairobi.  

Kenya: les évêques dénoncent la propagation des féminicides

Face à la recrudescence des féminicides au Kenya, le président William Ruto a lancé, mercredi 20 novembre, une campagne de sensibilisation de 16 jours jusqu'au 8 décembre, dénommée «Safe Homes, Safe Spaces» («Des maisons et des espaces sûrs»). L'Église locale s’est associée à cette campagne en appelant les chrétiens et personnes de bonne volonté à un travail d’ensemble

Vatican News

Au cours d'une conférence de presse à Nairobi, le 25 novembre dernier, l’archevêque de Kisumu et président de la Conférence épiscopale du Kenya, Mgr Maurice Muhatia, a dénoncé la montée de la violence, notamment envers les femmes: «Nous condamnons le nombre croissant de femmes tuées, qui a provoqué une grande consternation, de la colère et du dégoût». «Au cours des derniers mois, le Kenya a été témoin d'une inquiétante escalade de féminicides, des femmes qui ont perdu la vie dans des meurtres horribles et dans des circonstances peu claires», indique de son coté Mgr Simon Peter Kamomoe, évêque auxiliaire de Nairobi, tout en soulignant que «de tels actes ne constituent pas seulement une grave violation des droits de l'homme, mais aussi une tendance préoccupante qui mérite une attention urgente».  

Les deux évêques appellent toute personne de bonne volonté à agir

«Notre société est jugée sur la manière dont elle traite ses membres les plus vulnérables. Nos sœurs et nos mères, qui comptent parmi les plus vulnérables, ont besoin de notre protection et méritent de se sentir en sécurité plutôt que de craindre pour leur vie», a poursuivi Mgr Kamomoe, invitant l’Église à soutenir le gouvernement dans ses efforts pour faire face à cette menace. L'archidiocèse de Nairobi, en collaboration avec le Département d'État chargé de l'égalité entre les hommes et les femmes et de l'action positive, appelle tous les chrétiens et toutes les personnes de bonne volonté à agir en tant que gardiens de nos sœurs. «La tutelle et la protection reflètent nos valeurs chrétiennes d'amour et de respect mutuel», a conclu Mgr  Kamomoe, qui a exhorté la population à signaler toute circonstance suspecte à la police et à conseiller aux enfants de se tenir à l'écart des inconnus. «Ensemble, nous pouvons œuvrer pour mettre fin à la violence fondée sur le genre et aux féminicides dans notre société» a-t-il également souligné, tout en invitant chaque Kenyan à rejoindre l’initiative lancée par le président Ruto, appelée «Safe Homes, Safe Spaces»; à s'exprimer et à s'unir contre les cas de féminicides; faisant ainsi référence à la déclaration du chef de l’État qui souhaitait que la communauté kenyane soit informée des signes et des causes des abus et des ressources disponibles pour les victimes.

Le féminicide, un mal ancien au Kenya

L’épidémie de féminicides au Kenya est alarmante, indiquent les analystes. Quelque 47 femmes en moyenne sont tuées, chaque semaine dans ce pays, selon un rapport de 2020 de l’Organisation mondiale de la santé. Le média local «Africa Uncensored» rapporte qu'entre 2017 et 2023, au moins 500 cas de féminicides ont eu lieu au Kenya. Et l'organisation kényane «Femicide Count» en a enregistré au moins 152 pour la seule année 2023. Ces chiffres représentent une augmentation choquante de 50 % des cas de féminicides au cours de la dernière décennie.

Rappellons qu'en 1990, quinze femmes ayant survécu à des violences sexuelles ont fondé le village d'Umoja, unique en son genre, dans le nord du pays,  pour permettre aux filles et aux femmes des zones rurales d'avoir une vie sûre, pleine et heureuse.

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02 décembre 2024, 13:47