Les États-Unis à nouveau endeuillés après une énième fusillade
Joris Bolomey, avec agences - Cité du Vatican
Ce mercredi 14 février, Nikolas Cruz, un jeune homme de 19 ans, a ouvert le feu dans le lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland, dans le sud-est de la Floride, tuant 17 personnes avant d'être arrêté.
Dans un télégramme signé par le cardinal Pietro Parolin et adressé à l'archevêque de Miami, Mgr Thomas Gerard Wenski, le Pape François «assure tous ceux qui sont affectés par cette attaque dévastatrice de sa proximité spirituelle, il prie Dieu tout-puissant d'accorder le repos éternel aux morts et la guérison aux victimes directes et indirectes».
«Nous prions pour les victimes, les familles, les survivants car c'est un traumatisme qui nous touche tous et qui affecte surtout les parents qui déposent chaque leurs enfants devant la porte de l'école, sans jamais s'attendre à de telle tragédies» explique Mgr Wenski, joint par la rédaction anglophone de Vatican News. Pour briser ce cycle de la violence à l'école, l'archevêque Wenski précise que ce n'est pas seulement «la disponibilité immédiate des armes dans les commerces, mais aussi la prise en charge des personnes ayant des problèmes de santé mentale» qui doivent être repensés.
«Nous sommes profondément attristés par les pertes inutiles et tragiques de vies» a réagi dans un communiqué le président de la Conférence épiscopale des États-Unis (USSCB) et évêque de Galveston-Houston, au Texas, Mgr Daniel DiNardo. Dans un appel à la paix et à la prière, Mgr DiNardo invite le peuple américain à «construire une société avec moins de tragédies causées par la violence insensée des armes à feu». Sur Twitter le cardinal O’Malley, appelle également à interdire aux «personnes atteintes de maladie mentale d'avoir accès à des armes à feu mortelles. Nous pouvons et devons faire mieux les uns pour les autres en nous réunissant en tant que société résolue à mettre un terme à cette violence insensée», insiste l’archevêque de Boston.
18 fusillades en milieu scolaire en 2018
«Il s'agit de la 291ème fusillade en milieu scolaire depuis le début de 2013», a réagi à l’Afp Shannon Watts, fondatrice de «Moms Demand Action For Gun Sense In America», une organisation qui lutte contre la prolifération des armes à feu. En 2018, il y en a déjà eu 18. Mais face à la récurrence de cette violence armée, les Américains semblent de plus en plus fatalistes et résignés. La plupart de ces fusillades ne font d'ailleurs même pas les gros titres de la presse nationale, étant donnée leur banalité. Il y en a environ une par semaine en milieu scolaire, selon «Everytown for Gun Safety», une autre organisation militant pour le «gun control», c'est-à-dire le durcissement des lois sur les armes individuelles.
Difficile pour les partisans d’un contrôle strict des armes à feu de l’emporter face à la très puissante NRA, la National Rifle Association qui mène depuis 1871 un intensif lobbying pour justement la promotion des armes à feu. Beaucoup d’Américains restent très attachés au deuxième amendement de la constitution des Etats-Unis, ratifié en 1791 et selon lequel «une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, il ne pourra être porté atteinte au droit du peuple de détenir et de porter des armes». En se concentrant sur la deuxième partie de cet amendent, la NRA défend un libre commerce des armes à feu, du fusil «Crickett» 22 long rifle pour les enfants dès quatre ans, au très puissant et désormais courant fusil mitrailleur AR-15, de type militaire.
Un juteux commerce
Selon une étude du Pew Research Center en juin 2017, 42% des Américains vivent dans un foyer possédant une arme. Un commerce qui permettrait aux seuls fabricants d'armes et des munitions de récolter 13 milliards de dollars par an selon un rapport d'IbisWorld.
Un capitalisme exacerbé bien loin des intentions originelles des pères fondateurs des Etats-Unis, à une époque où les cadences de tirs étaient restreintes à deux coups. Dans une étude sur des «tireurs en action» des années 2000 à 2013, la police fédérale américaine constate une «fréquence en hausse» des fusillades sur la période. Dans 70% des cas, l'irréparable est commis en cinq minutes ou moins, ce qui relativise la réaction que peuvent avoir les forces de l'ordre. Dans 24,4% des cas, les tirs concernent des sites éducatifs. Enfin, note le FBI, les fusillades en milieu scolaire sont souvent les plus meurtrières. Mais, comme d'habitude, aux réactions outrées et attristées succédera l'inaction d'un Congrès contrôlé par les Républicains.
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