«Il faut écouter le cri des migrants», rappelle le père Maurice Joyeux
Marine Henriot - Cité du Vatican
Elles ne font plus la Une de l’actualité, mais restent des portes d’entrées des migrants et réfugiés en Europe: les côtes grecques des îles de Lesbos et Samos subissent de plein fouet la pression migratoire, du fait de leur proximité avec la Turquie. Dans le camp de réfugiés de Moria, sur l'île de Lesbos, visitée par le Pape François en avril 2016, s'entassent 8000 personnes pour 2500 places au maximum. «On ne parle plus de la Grèce, comme si c’était réglé, c’est très triste car nous sommes toujours avec au moins 40 000 ou 50 000 personnes bloquées dans le pays», témoigne le père Maurice Joyeux, responsable du Service Jésuite des Réfugiés (JRS) en Grèce.
Un migrant mort de froid
Après la mort d’un Camerounais de 24 ans mardi 8 janvier dans le camp de la Moria, alors que le pays était frappé par une vague de froid sans précédent, le gouvernement grec a assuré oeuvrer pour l’amélioration des conditions dans les camps surpeuplés de Lesbos et de Samos. Les autorités ont souligné que des milliers de personnes, surtout vulnérables, ont été transférées vers des camps en Grèce continentale en 2018.
Mi-janvier, l’ONG Oxfam dénonçait les conditions insalubres dans lesquelles survivent ces personnes, dues surtout «au manque chronique de personnel» et à des «procédures défectueuses» sur les camps des îles de la mer Egée. En novembre, le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (HCR) parlait, lui, de «conditions abjectes» dans les centres de réception et d’identification de Samos et Lesbos.
Victimes de la mésinformation
Les migrants bloqués en Grèce sont pour la plupart victimes de mésinformation, nous explique le père Joyeux, les filières de passeurs depuis la Turquie orientant les migrants vers les côtes grecques, leur promettant là-bas un avenir meilleur.
Le problème des passeurs envenime donc la crise, mais il y a aussi celui du «cynisme invraisemblable de la part de l’Europe», déplore le jésuite, qui demande aussi à l’Église d’être plus présente.
Écouter le cri des migrants
Il faut écouter les cris de ces personnes, nous rappelle sagement le père Maurice Joyeux. «Nous ratons beaucoup d’opportunités d’écoute et de rencontres de gens qui ont de très grandes valeurs, qui ont eu un courage formidable pour trouver le chemin de la liberté». Nos valeurs ne sont pas en danger, explique le jésuite, «elles sont éprouvées, ce n’est pas la même chose ; à nous de les approfondir.».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici