Crise anglophone au Cameroun: les leaders religieux réitèrent leur appel au dialogue
Christian Kombe, SJ – Cité du Vatican
Alors que Yaoundé a démenti avoir mandaté Ottawa pour une médiation dans le dialogue avec les séparatistes du nord-ouest et du sud-ouest camerounais, les leaders religieux des régions anglophones avaient salué l’annonce de cette initiative pour la résolution de la crise qui sévit dans le pays. Dans une déclaration publiée le 22 janvier, deux jours après l’annonce de Mélanie Joly, cheffe de la diplomatie canadienne, les responsables religieux ont voulu exprimer leur soutien à ce processus, censé mettre fin à des années d’un conflit dévastateur.
Voir la lumière au bout du tunnel
Pour Mgr Andrew Nkea, archevêque de Bamenda et président de la conférence épiscopale du Cameroun, l’un des signataires de la déclaration, les responsables religieux avaient apprécié cette annonce d’un accord des «parties au conflit» pour un dialogue avec la facilitation du Canada. Un signe positif qui a également été relevé par le Saint-Père lors de son Angélus dimanche dernier. Les chefs religieux avaient donc voulu joindre leurs voix pour soutenir cette initiative qui aurait permis de voir la lumière au bout du tunnel, confie Mgr Nkea.
Regarder la souffrance du peuple
Le démenti de Yaoundé est venu comme refroidir l’enthousiasme et les espoirs ravivés par l’annonce de la médiation d’Ottawa. Dans un communiqué signé par son porte-parole, deux jours après la déclaration des leaders religieux, le gouvernement déclare qu’«il n'a confié à aucun pays ou entité extérieurs, un quelconque rôle de médiateur ou de facilitateur», ajoutant qu’«il appartient d'abord, au peuple camerounais, aux institutions et aux dirigeants de rechercher les voies et moyens appropriés pour la résolution des problèmes auxquels notre pays est confronté.»
Devant ce qui apparait comme un blocage purement politique, l’archevêque de Bamenda souligne que, ce qui importe aux leaders religieux, c’est la situation sur le terrain. «Nous regardons la souffrance de nos peuples», affirme-t-il. Tout en avouant ignorer les enjeux de la déclaration des autorités camerounaises, le président de la conférence épiscopale estime que le gouvernement canadien ne peut faire une telle sortie sans base, et «le Saint-Père ne peut pas soutenir quelque chose qui n'existe pas».
Pas de paix sans dialogue
Dans un tel contexte, l’Église ne peut que réitérer son appel au dialogue à toutes les parties, déclare Mgr Nkea. Il n’est pas l’heure de s’enliser dans des querelles politiciennes tandis que «la population souffre», exhorte-t-il. L'archevêque de Bamenda estime qu’il est très important pour l’Église, non seulement de continuer à appeler à un dialogue inclusif, mais aussi de continuer à prier pour que la situation change. «Sans le dialogue, on ne peut jamais arriver à la paix», a tenu à souligner le prélat.
Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du pays sont le théâtre d'un conflit meurtrier, qui dure depuis fin 2016. Selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG), plus de 6.000 personnes y ont déjà perdu la vie tandis que plus d'un million ont été forcées à se déplacer.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici