Glissement de terrain en Éthiopie, un évêque témoigne de la catastrophe
Antonella Palermo - Cité du Vatican
Armés de maigres outils agricoles, de pelles et de houes pour le désherbage, les habitants cherchent leurs proches ensevelis dans les décombres et la boue provoqués par le glissement de terrain de mardi 23 juillet, lui-même généré par de fortes pluies dans le district de Kencho Shacha Gozdi, dans le sud de l'Éthiopie, qui a tué 257 personnes. Le bilan est encore incertain et l'on craint qu'il ne soit deux fois plus élevé.
Le défi de l'acheminement de l'aide dans une zone inaccessible
Dans une interview accordée à la BBC, le chef de l'Ocha (Bureau des affaires humanitaires des Nations unies) en Éthiopie, Paul Handley, a expliqué que «l'acheminement d'équipements lourds de creusement dans la zone touchée», qui est «isolée et montagneuse», était «un défi, en particulier en raison de l'état des routes». Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit «profondément attristé» par cette tragédie, assurant dans un message sur X que «les agences de l'ONU envoient de la nourriture, du matériel médical et d'autres fournitures essentielles pour aider les personnes touchées». La Croix-Rouge a commencé à distribuer des produits de première nécessité et le gouvernement fédéral, avec des ONG internationales, déploie des équipes dans la zone touchée.
Espoir dans l'aide de la communauté internationale
Le vicaire apostolique de Hosanna et administrateur apostolique de Soddo, Mgr Seyoum Fransua, parle à l'agence Fides d'un incident «choquant et désastreux». Le directeur exécutif de la Commission pour le développement social de la Conférence des évêques catholiques d'Éthiopie et le Catholic Relief Service of Ethiopia se sont rendus sur place pour rencontrer les survivants. Dès que possible, le vicaire lui-même se rendra dans la zone touchée pour apporter de l'aide. Bien que le nombre de morts soit encore incertain, on parle de 46 foyers touchés par le glissement de terrain, avec une moyenne de six enfants par foyer. «L'Église mobilise des ressources», déclare l’évêque, et se coordonne avec les communautés locales pour veiller à ce que l'aide parvienne rapidement et efficacement à ceux qui en ont besoin. Cependant, la solidarité au niveau international est nécessaire. L'évêque émérite d'Emdibir, Mgr Musiè Ghebreghiorghis, joint par téléphone, en est convaincu.
Les glissements de terrain meurtriers sont fréquents dans toute la région de l'Afrique de l'Est, de la zone montagneuse orientale de l'Ouganda aux hauts plateaux du centre du Kenya. Mais l'évêque émérite d'un diocèse situé à 500 kilomètres du site a du mal à se souvenir d'un glissement de cette ampleur, et pourtant il partage l'appréhension de tout le pays pour les victimes de la tragédie.
Dans les villages isolés, la sécurité n'est pas assurée
«En tant qu'Église, nous faisons tout ce que nous pouvons pour consoler les familles. Cependant, il s'agit d'un malheur qui dépasse nos ressources économiques, nous avons besoin d'une aide internationale», déclare-t-il. «Il arrive souvent que de telles choses se produisent dans cette région, explique-t-il, parce que les montagnes ne sont pas vraiment solides. En cas de pluies torrentielles, des glissements de terrain peuvent se produire et entraîner la mort de personnes. De plus, comme il s'agit de villages inaccessibles, aucune voiture ne passe, il est toujours difficile de sauver des vies. Au moins, nous pouvons garder les survivants en vie et reconstruire leurs maisons -c'est son appel- nous devons les emmener dans un autre endroit, ils ne peuvent pas vivre dans un endroit aussi risqué». Le fait est que le concept de sécurité n'est pas conçu là-bas, souligne l’évêque. «Personne n'y pense ici, dans les villages reculés. Nous espérons qu'il y en aura à l'avenir, mais pour l'instant, la sécurité est très faible ici». Une calamité comme celle du 22 juillet s'ajoute à la fragilité chronique du pays, où environ 18% de la population (21,4 millions de personnes) dépend déjà de l'aide humanitaire ordinaire et où 4,5 millions de personnes sont actuellement déplacées en raison d'un conflit ou d'une catastrophe climatique.
«Les grandes villes se développent beaucoup, poursuit l'évêque, mais il n'y a peut-être que 20% de la population qui y vit. C'est dans les villages, où vit la majorité de la population et où règne une grande misère, qu'il faut trouver une solution pour une vie meilleure, avec l'aide de la communauté internationale ».
Plus d'un millier d'enfants ont besoin de soins immédiats
Selon les données fournies par le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), outre les pertes en vies humaines, la catastrophe a profondément affecté plus de 50 000 personnes. Ce chiffre inclut les personnes déplacées, blessées et celles qui ont perdu leur maison et leurs moyens de subsistance. Plus précisément, 5 776 familles dans deux kebeles (petits hameaux) ont un besoin urgent d'abris. En outre, 596 familles au total ont été évacuées en raison du glissement de terrain. Parmi elles, plus de 1 300 enfants sont particulièrement vulnérables et ont besoin de soins immédiats. La situation se détériore rapidement et les pluies continues augmentent la probabilité de nouveaux glissements de terrain. La saison des pluies a commencé en juin dans de nombreuses régions d'Éthiopie et devrait durer jusqu'en septembre.
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