Le 8 décembre 2024, dans la ville d'Alep, un Syrien brandissant les drapeaux de la révolution. Le 8 décembre 2024, dans la ville d'Alep, un Syrien brandissant les drapeaux de la révolution.  

À Alep, prudemment, la renaissance d’une lueur d’espoir

Alep, deuxième ville de Syrie, est sous administration du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Cham depuis le 29 novembre. Sur place, le calme est de retour, des personnes qui avaient fui l’arrivée des rebelles reviennent et les offices chrétiens ont repris.

Marine Henriot – Cité du Vatican

«Je viens vous donner de bonnes nouvelles, je suis rassuré», le frère mariste George Sabé, joint à Alep, semble effectivement calme et soulagé au bout du fil. «Notre quotidien est très semblable à celui d’avant l’arrivée du groupe», raconte-t-il, «les gens sont dans la rue, tous les magasins sont ouverts ou presque, seules les écoles et universités n’ont pas encore repris», et surtout, se réjouit-il, «il y a un calme réel dans la ville».    

Poumon économique de la Syrie, Alep est depuis une dizaine de jours gérée par les groupes rebelles menés par les islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), qui s’emploient à restaurer les services de base comme l’eau et l’électricité et l’acheminement des biens essentiels comme le pain et les denrées alimentaires. Un modèle semblable au «gouvernement de salut» instauré dans leur fief d’Idleb depuis 2017 est progressivement mis en place. Les groupes rebelles dressent sur leurs sites internet la liste des services proposés à la population et expliquent comment les contacter, rapporte l’agence AFP, «Ils veulent relancer l’industrie et rassurer toute la population», explique le mariste aleppin.  

De l'eau potable est distribuée dans plusieurs quartiers de la ville, l'électricité est partiellement revenue. 

Le sort de la minorité chrétienne

Interrompues après la prise d’Alep par HTC, les célébrations chrétiennes ont pu reprendre pour le deuxième dimanche de l’Avent et la solennité de l’Immaculée Conception. «Comme dans le Nord, nous sommes invités à reprendre nos activités, nous avons reçu des confirmations de sécurité de la part des autorités», témoigne le frère Sabé, «j’espère que nous serons des citoyens du même ordre que tous les citoyens, ajoute-t-il, nous ne voulons pas être des citoyens de deuxième degré ou bien des protégés, nous voulons être réellement des citoyens au même niveau que les autres». 

Le retour des jeunes, une lueur d’espoir

Le frère aleppin se réjouit également de voir le retour de nombreuses personnes qui avaient pris la route en voyant le groupe rebelle entrer dans les portes de la ville. Les jeunes hommes, mobilisés au service militaire, ont pu rejoindre leur famille. Hors des frontières syriennes, des milliers de Syriens font le chemin du retour sur leur terre, certains enfants n'ont même jamais foulé le pied sur le sol syrien, «C’est une note d’espoir de voir que les gens veulent revenir pour investir dans leur pays, qu'ils peuvent enfin revenir chez eux», témoigne-t-il, ému. En 13 ans de guerre, environ 13 millions de personnes ont été déplacées, soit 60% de la population syrienne, et 6,6 millions ont dû quitter leur pays natal.

Interrogé sur la rapidité de la chute du régime de Damas et sur ces attentes, le frère Sabé se permet, prudemment, d’être positif: «C'est un départ. Maintenant débute une nouvelle phase. Je ne dis pas qu’il y a toute la lueur d’espérance, mais il y a une plus grande lueur d’espérance. Avec beaucoup de sagesse, de prudence, de délicatesse, nous construirons je l’espère, notre pays». 

L'epoir renaît, commente le frère Sabé

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09 décembre 2024, 16:27