Messe à Abou Dhabi : les Béatitudes, plan de vie pour les catholiques
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Cette seconde et dernière journée du Pape François à Abu Dhabi a été placée sous le signe de la rencontre avec la communauté chrétienne des Émirats arabes unis. Si les musulmans sont majoritaires dans le pays, la population des Émirats est composée à 85 % d’étrangers. Un million d’entre eux sont catholiques : des Européens, des Libanais, des Latino-Américains, et surtout de très nombreux Asiatiques originaires des Philippines, d’Inde ou du Sri Lanka.
Le Pape a débuté sa journée par une courte visite à la cathédrale, durant laquelle il a donné sa bénédiction à quelques familles rassemblées dans cette église inaugurée en 1965 et élevée au rang de cathédrale en 1983. Bien que l'édifice soit de modeste dimension, il s'agit de l'une des plus grandes paroisses du monde, puisque plus de 100 000 fidèles s'y rattachent géographiquement, dont une proportion considérable suit les messes proposées chaque semaine dans les différentes langues de ces travailleurs expatriés.
François s'est ensuite déplacé dans un stade pour une messe en extérieur, qui a représenté le plus grand rassemblement public de toute l'histoire des Émirats arabes unis. Ce mardi matin, ils étaient 180 000 fidèles réunis au total, en comptant à la fois ceux qui étaient rassemblés à l'intérieur du Zayed Sports Center, et ceux qui étaient massés à l’extérieur et qui n’ont pas pu entrer, faute de place, mais pour lesquels des écrans géants avaient été installés. Le gouvernement leur avait octroyés une journée de congé pour qu'ils puissent assister à cette messe.
Les Béatitudes, un plan de vie
Dans son homélie, le Pape François, est revenu sur les Béatitudes dans l’Évangile de saint Matthieu. Il a rappelé que «si tu es avec Jésus, si, comme les disciples d’alors, tu aimes écouter sa parole, si tu cherches à le vivre chaque jour, tu es heureux». Les Béatitudes, «c’est se savoir en Jésus», «c’est entendre la vie comme une histoire d’amour, l’histoire d’amour fidèle de Dieu qui ne nous abandonne jamais et veut être en communion avec nous toujours».
Ce texte nous surprend, a expliqué François car on y voit un «renversement de la pensée commune» : ce ne sont pas les riches, les puissants qui sont heureux mais «les pauvres, les doux, ceux qui restent justes même au prix de faire triste figure, les persécuté». Ceci n’est possible car Jésus, «pauvre de choses mais riche d’amour», «est venu pour servir, non pour être servi». «Il nous a enseigné que ce n’est pas celui qui a qui est grand, mais celui qui donne». Sa seule force, c’est l’amour divin.
Rendre le monde propre
Le Pape a insisté, soulignant que «vivre les Béatitudes ne demande pas de gestes éclatants». «Il nous a demandé de réaliser une seule œuvre d’art, possible pour tous : celle de notre vie. Les Béatitudes sont alors un plan de vie», nous demandant d’imiter Jésus dans la vie de tous les jours. «C’est la sainteté du vivre-au-quotidien, qui n’a pas besoin de miracles et de signes extraordinaires». Et le bénéfice n’est pas que pour soi, car «celui qui vit ces Béatitudes selon Jésus - a affirmé François - rend le monde propre».
Et dans ce monde, «le chrétien part armé seulement de sa foi humble et de son amour concret», comme l’avait rappelé saint François. Heureux les doux, ainsi, a reconnu le Pape, qui a insisté également sur une autre béatitude : heureux les artisans de paix. «Le chrétien promeut la paix, à commencer par la communauté dans laquelle il vit.» Le Saint-Père a constaté qu’«une Église qui persévère dans la parole de Jésus et dans l’amour fraternel est appréciée du Seigneur et porte du fruit».
Le Seigneur est à nos côtés
Le Pape a choisi pour cette messe le texte des Béatitudes, qui, dans le contexte des Émirats arabes unis prend un tout autre relief. Le Saint-Père a prévenu en effet que «suivre la voie de Jésus ne signifie pas toutefois être toujours dans l’allégresse». C’est vrai où que ce soit, pour celui «qui est affligé, qui subit des injustices, qui se dépense pour être un artisan de paix». Mais c’est d’autant plus vrai pour ces fidèles que le Pape rencontre à Abu Dhabi. «Ce n’est pas certes pas facile de vivre loin de la maison et de sentir bien sûr, en plus de l’absence de l’affection des personnes les plus chères, l’incertitude de l’avenir».
Le Pape a donc rappelé que, malgré tout, «le Seigneur est proche. Il peut arriver, devant une épreuve ou dans une période difficile». «Même s’il n’intervient pas tout de suite, il marche à nos côtés».
Face à lui, le Pape a eu «un chœur qui comprend une variété de nations, de langues et de rites ; une diversité que l’Esprit Saint aime et veut toujours plus harmoniser, pour en faire une symphonie». «Que vos communautés soient des oasis de paix», a exhorté François qui a demandé pour elles «la grâce de garder la paix, l’unité, de prendre ici soin les uns des autres, avec cette belle fraternité pour laquelle il n’y a pas de chrétiens de première et de seconde classe».
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