Le Pape François invite les vierges consacrées à être des «expertes en humanité»
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Des centaines de vierges consacrées du monde entier auraient dû se retrouver à Rome pour célébrer autour du Saint-Père cet important anniversaire de l’histoire de leur ordre. Mais la pandémie a obligé au report de la réunion internationale convoquée à cette occasion par la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique.
Femmes d’espérance
Un imprévu de taille qui n’a toutefois pas empêché le Saint-Père de rejoindre les membres de l’ordo virginum par un message dans lequel, à la suite de Paul VI qui avait permis la promulgation du rite, et de Jean-Paul II qui en avait célébré le 25e anniversaire, François salue la vocation des vierges consacrées comme «un signe d’espérance». «La fidélité du Père met, encore aujourd'hui, dans le cœur de certaines femmes le désir de se consacrer au Seigneur dans la virginité vécue dans leur environnement social et culturel ordinaire, enracinée dans une Église particulière, à travers une forme de vie ancienne et en même temps nouvelle et moderne», écrit-il, résumant en quelques lignes le principe de cette forme de vie consacrée.
Les vierges consacrées ne sont ni laïques, ni religieuses, et forment donc un “ordo fidelium” (ordre de fidèles) particulier dans l'Église, qui trouve sa place dans la «symphonie» des vocations. Aujourd’hui, dans de nombreux diocèses du monde, elles continuent de collaborer «avec les évêques pour qu'il y ait des parcours sérieux de discernement des vocations et de formations initiale et continue».
Dans sa lettre, François lance un appel aux vierges consacrées: «N’éteignez pas la prophétie de votre vocation!» «Vous êtes appelées, non par votre propre mérite mais par la miséricorde de Dieu, à faire briller dans votre existence le visage de l'Église, Épouse du Christ, qui est vierge parce que, bien que composée de pécheurs, elle garde la foi intacte, conçoit et fait croître une humanité nouvelle», explique-t-il.
Épouses en attente du Christ
Il les invite aussi relire et à méditer les textes du Rite, dans lesquels résonne le sens de leur vocation. «Vous êtes appelées à faire l'expérience et à témoigner que Dieu, dans son Fils, nous a aimés le premier, que son amour est pour tous et a la force de transformer les pécheurs en saints», souligne le Saint-Père. «Votre vie révélera la tension eschatologique qui anime toute la création, qui propulse toute l'histoire et naît de l'invitation du Ressuscité: “Lève-toi, mon amie, ma toute belle, et viens!” (Ct 2, 10 ; Origène, Homélies sur le Cantique des Cantiques II, 12)». Le Pape rappelle aux vierges consacrées que «cette visite de l'Époux est l'horizon de votre cheminement ecclésial, votre but, la promesse à accueillir chaque jour».
Poussées par la charité et la compassion
François explique ensuite à ces femmes qui exercent des professions très diverses que leur consécration les «réserve à Dieu» sans les rendre «étrangères» au milieu dans lequel elles vivent, où elles sont appelés à témoigner «à la façon de la proximité évangélique». «Par cette proximité spécifique avec les hommes et les femmes d'aujourd'hui, votre consécration virginale aide l'Église à aimer les pauvres, à reconnaître les pauvretés matérielles et spirituelles, à aider les plus fragiles et les plus démunis», poursuit-il, avant de les inviter à être «des femmes de miséricorde, des expertes en humanité».
«Ce qui se passe dans le monde vous ébranle», particulièrement en ce temps de pandémie, remarque le Souverain Pontife, «ne fermez pas les yeux et ne fuyez pas ; traversez la douleur et la souffrance avec délicatesse ; persévérez dans l'annonce de l'Évangile de la vie en plénitude pour tous».
Une joyeuse chasteté
Le Saint-Père revient enfin sur l’engagement fondamental des vierges consacrées, qui vivent dans une “casta libertas” (chaste liberté), à envisager comme un «style relationnel, afin d’être signes de l'amour sponsal qui unit le Christ à l'Église, vierge, mère, sœur et amie de l'humanité». «Par votre bienveillance (cf. Ph 4, 5), tissez des trames de relations authentiques qui permettront de délivrer les quartiers de nos villes de la solitude et de l'anonymat», les exhorte François, avant de les mettre en garde contre «la tentation du bavardage et du commérage», «l’arrogance» et les «abus de pouvoir».
Le Pape termine cette lettre signée le jour de la Pentecôte par une citation de son prédecesseur: «L'Esprit Paraclet est donné à l'Église comme le principe inépuisable de sa joie d'épouse du Christ glorifié» (Saint Paul VI, Gaudete in Domino), ainsi qu’une invitation à la joie, comme un écho de la Visitation d’ordinaire célébrée le 31 mai: «Signes de l'Église Épouse, puissiez-vous toujours être des femmes de la joie, à l'exemple de Marie de Nazareth, femme du Magnificat, mère de l'Évangile vivant».
Une vocation florissante dans le monde
Dès les premiers siècles du christianisme, des femmes étaient consacrées à Dieu par leur évêque. Elles menaient une vie de prière et de don aux autres tout en restant dans leur famille. Sainte Geneviève de Paris, qui a vécu au Ve siècle, en est un exemple. Après le développement de la vie monastique puis des congrégations religieuses, les vierges consacrées dans le monde subsisteront parallèlement aux moniales mais deviendront de plus en plus rares. La réforme liturgique conciliaire a ouvert de nouveau cette possibilité à des femmes vivant dans le monde.
L’ordre des vierges consacrées n’a pas d’autre fondateur ou fondatrice que l’Église elle-même qui a puisé son inspiration dans le mystère de Marie. À la différence des ordres religieux, l’ordo virginum n’a ni règles ni structures communautaires, mais ses membres sont consacrées par l’évêque diocésain. En France, elles sont aujourd’hui environ 500 et de plus en plus nombreuses dans divers pays de tous les continents. (d’après paris.catholique.fr)
Le témoignage de Claire, médecin, vierge consacrée en France«Il est très important de souligner la rénovation de ce rite qui permet d’être consacrée au Seigneur tout en étant dans la vie “normale”. Célébrer cet anniversaire permet aussi de faire connaître une vocation parfois méconnue. Il y a autant de vierges consacrées que de manières de vivre la consécration: certaines vivent en exerçant leur profession, certaines vivent dans leur famille, certaines sont davantage tournées vers un service d’Église… Toutes sont insérées dans une Église diocésaine. On amène une présence du Christ – souvent discrète - à des endroits où, autrement, Il n’entrerait pas. Je ne suis pas un médecin différent des autres médecins, sauf que je donne peut-être un autre sens à mon travail. Cette forme très ancienne de vie consacrée, est, je pense, bien adaptée à la vie de nos jours. Cet anniversaire nous fait redécouvrir que l’on est très nombreuses dans le monde, et nous permet de vraiment ressentir cette appartenance à l’Église universelle, de nous ressourcer». |
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