«Le centre de tout, c’est le Christ», rappelle le Pape aux consacrés
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Pour trouver des éclaircissements face aux défis de la vie consacrée aujourd’hui, c’est vers l’évangile qu’il faut se tourner, comme l’a fait comprendre le Pape François ce mercredi soir. Et plus particulièrement vers le vieux Siméon, qui «est d’abord poussé par l’Esprit, puis il voit le salut dans l’Enfant, et enfin il l’accueille dans ses bras».
Trois étapes qui soulèvent chacune leur lot de questions, que le Saint-Père a adressées aux religieux et religieuses rassemblés sous la coupole de la Basilique Saint-Pierre.
Identifier les motivations profondes
«La première est : par quoi sommes-nous poussés ?» Par l’Esprit Saint, ou par l’esprit du monde, par la «passion du moment» ? «Tandis que l’Esprit fait reconnaître Dieu dans la petitesse et dans la fragilité d’un enfant, nous, nous risquons parfois de penser à notre consécration en termes de résultats, d’objectifs, de succès : nous nous déplaçons à la recherche d’espaces, de visibilité, de nombres, c'est une tentation, a averti le Pape. Mais l’Esprit ne demande pas cela. Il désire que nous cultivions la fidélité quotidienne, dociles aux petites choses qui nous ont été confiées», a-t-il souligné, encourageant l’assistance à toujours être attentive aux «motions spirituelles» qui traversent l’âme. «Le renouveau de la vie consacrée passe d’abord par là», a estimé le Successeur de Pierre.
Parfois, a-t-il poursuivi, «même derrière l’apparence de bonnes œuvres, peuvent se cacher le ver du narcissisme ou la frénésie du protagonisme. Dans d’autres cas, tout en accomplissant beaucoup de choses, nos communautés religieuses semblent être animées davantage par la répétition mécanique – faire les choses par habitude, seulement pour les faire – que par l’enthousiasme d’adhérer à l’Esprit Saint».
Définir une vision renouvelée
La deuxième question que doivent se poser les consacrés est la suivante : «que voient nos yeux ?». Seule la foi transforme le regard, en particulier face aux difficultés. «Il ne s’agit pas d’un regard naïf», qui «fuit la réalité ou feint de ne pas voir les problèmes, a précisé François, mais d’un regard qui sait “voir à l’intérieur” et “voir au-delà”; qui ne s’arrêtent pas aux apparences, mais qui savent entrer aussi dans les fissures de la fragilité et des échecs pour y apercevoir la présence de Dieu».
Ce regard de foi est aussi celui posé sur la vie consacrée elle-même. «Le monde la voit souvent comme un “gaspillage”, (...) une réalité du passé, quelque chose d’inutile ; mais nous, communauté chrétienne, religieuses et religieux, que voyons-nous? Sommes-nous tournés vers l’arrière, nostalgiques de ce qui n’existe plus, ou bien sommes-nous capables d’un regard de foi tourné vers l’avenir, qui va au-delà?», a interpellé le Souverain Pontife. Et de rendre grâce pour ces «personnes consacrées âgées, qui, avec des yeux lumineux, continuent à sourire, donnant de l’espoir aux jeunes».
Le Pape a mis l’accent sur les «signes» de Dieu qui invitent à «cultiver une vision renouvelée de la vie consacrée». «Nous ne pouvons pas faire semblant de ne pas les voir, ces signaux, et continuer comme si de rien n’était, en répétant les choses de toujours, en nous traînant par inertie dans les formes du passé, paralysés par la peur du changement», a-t-il mis en garde, dénonçant vigoureusement la «perversion» de la «rigidité». «À travers les crises (...), le nombre qui fait défaut, (...) les forces qui diminuent, l’Esprit invite à renouveler notre vie et nos communautés», a assuré François.
Serrer Jésus dans ses bras
Le Saint-Père a enfin adressé une dernière question aux consacrés : «que serrons-nous dans nos bras?». «Accueillir Jésus est l’essentiel, accueillir Jésus est le centre de la foi», a-t-il insisté. «Parfois, nous risquons de nous perdre et de nous disperser dans mille choses différentes, de nous fixer sur des aspects secondaires ou de nous plonger dans les choses à faire, mais le centre de tout c’est le Christ qu’on doit accueillir comme Seigneur de notre vie».
Si d’incessants problèmes et lassitudes commencent à se faire sentir, «c’est parce que nos bras ne serrent plus Jésus. Alors le cœur s’enferme dans l’amertume, dans les plaintes pour les choses qui ponctuellement ne vont pas, dans une rigueur qui nous rend inflexibles, dans des attitudes de prétendue supériorité», a détaillé le Pape, qui avait auparavant invité les fidèles consacrés à garder la capacité à s'émerveiller, à «s'étonner» de l'action de Dieu dans leur vie. Si l'on ne s'agrippe pas au Christ, l'on enserre le vide, et ce vide se trouve bientôt rempli par une litanie de plaintes.
Mais «si nous accueillons le Christ à bras ouverts, nous accueillerons aussi les autres avec confiance et humilité», a expliqué François. Et d’exhorter les religieux et religieuses : «Ouvrons nos bras au Christ et à nos frères! Bien-aimés, renouvelons aujourd’hui avec enthousiasme notre consécration!» À l’exemple de Siméon et Anne que la rencontre avec le Christ vient combler, «remettons-Le au centre et avançons avec joie».
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