Prière de François pour le peuple désespéré d'Haïti
Marie Duhamel - Cité du Vatican
Haïti privé d’élections depuis 2016, sans président ni parlement, le pays est en proie à la violence de groupes armés depuis des mois. Et cela s’est amplifié encore lorsque, fin février, plusieurs puissants gangs se sont unis pour s’en prendre à des sites stratégiques, tels que des commissariats. Selon la mission des Nations unies sur place, 22 établissements de police ont été incendiés ou saccagés et 19 officiers ont été tués ou blessés. Après l’évasion de plus de 4 600 détenus des deux principales prisons du pays un état d’urgence a été décrété. Il reste en vigueur aujourd’hui.
1 660 morts au premier trimestre 2024
Ce dimanche, depuis Venise où il a récité la prière du Regina Cæli, le Pape a tourné ses pensées vers ce pays en souffrance, «où l'état d'urgence est en vigueur et où la population est désespérée à cause de l'effondrement du système sanitaire, de la rareté des aliments et de la violence qui pousse les gens à fuir». Selon les Nations unies, 1 660 Haïtiens ont été tués entre janvier et mars dernier, dont 40 enfants, ce qui en fait le trimestre le plus meurtrier depuis que la mission onusienne en Haïti a mis en place un système de surveillance des droits de la personne en janvier 2022.
Un nouveau conseil de transition à soutenir
Et comme l’a souligné le Pape, les activités des gangs ont aggravé les conditions de vie de la population, limitant l’entrée de denrées ou de médicaments dans le pays, mais aussi l’accès à l’éducation ou aux soins. On parle désormais de possible famine dans le pays des Caraïbes, qui était déjà l’un des plus pauvres au monde.
«Confions au Seigneur le travail et les décisions du nouveau Conseil présidentiel de transition, qui a pris ses fonctions jeudi dernier à Port-au-Prince, afin qu'il puisse, avec le soutien renouvelé de la communauté internationale, conduire le pays vers la paix et la stabilité dont il a tant besoin», a affirmé le Pape ce dimanche midi.
Rétablir l'ordre
Après la démission formelle de l’ancien Premier ministre Ariel Henry, un conseil de transition composé de neuf personnes dont sept votants a été investi, mettant fin à de complexes tractations. Y sont représentés les principales forces politiques du pays et le secteur privé. La société civile et les communautés religieuses sont également parties prenantes, représentées par deux observateurs.
L’équipe doit nommer un gouvernement et un Premier ministre. Sa première tâche est de rétablir l’ordre dans le pays. Aujourd’hui la capitale est encore à 80% aux mains des gangs. Des rafales d’armes automatiques ont d’ailleurs été entendues jeudi à proximité du palais présidentiel où se tenait la cérémonie d’investiture. Les enlèvements, eux, sont moins nombreux que par le passé, mais 438 personnes auraient néanmoins été prises en otage entre janvier et mars, selon l’ONU, la plupart dans le département de l’Artibonite.
(Avec AFP)
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