Le Pape lors d'une rencontre le 27 avril 2024 avec les personnes âgées, les grands-parents et les petits-enfants Le Pape lors d'une rencontre le 27 avril 2024 avec les personnes âgées, les grands-parents et les petits-enfants  (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

Le Pape nous exhorte à ne pas abandonner les personnes âgées

Dans son message pour la 4e Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, qui sera célébrée le 28 juillet, le Pape François appelle la société à ne pas laisser seules les personnes âgées et ces dernières à ne pas accepter de vieillir seules. «Vieillir est un signe de bénédiction» rappelle-t-il, exhortant chacun, à l’image de Ruth, à inventer un avenir différent pour les plus anciens.

Xavier Sartre – Cité du Vatican

Il y a d’abord une certitude, celle que «Dieu n’abandonne pas ses enfants, jamais», rappelle le Pape et qu’Il «continue à nous montrer sa miséricorde, toujours, dans toutes les phases de la vie et dans n’importe quelle condition où nous sommes, même dans nos trahisons». Dans ce message pour la 4e Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, le Saint-Père souligne que «dans la Bible, vieillir est signe de bénédiction». Pourtant, dans les psaumes, on trouve «la crainte de l’abandon, en particulier dans la vieillesse et dans les moments de souffrance», ce qui ne fait que refléter un sentiment bien diffusé encore aujourd’hui dans toutes les sociétés.

«La solitude est la compagne amère de notre vie», constate François, citant de multiples causes, dans différents contextes, des pays pauvres où les jeunes émigrent laissant seuls leurs parents, aux pays en guerre où «beaucoup de vieillards et de personnes âgées restent seuls, uniques signes de vie dans des lieux où règnent l’abandon et la mort». Sans oublier les contrées où les personnes âgées sont soupçonnées sinon accusées, selon une «fausse conviction» de «sorcellerie», ôtant des énergies vitales aux jeunes. «Cette mentalité doit être combattue et éradiquée», exhorte le Pape, en tant que préjugés infondés, «dont la foi chrétienne nous a libérés», et qui «alimentent un conflit générationnel entre jeunes et personnes âgées».

Ne pas opposer les générations entre elles

Sans évoquer la sorcellerie, cette accusation de «“voler l’avenir aux jeunes” est très présente aujourd’hui partout», constate le Pape François, y compris dans les sociétés les plus avancées et les plus modernes sous la forme, entre autres, que «les personnes âgées font peser sur les jeunes un coût de l’assistance dont elles ont besoin». Or, «l’opposition entre les générations est une duperie et un fruit empoisonné de la culture de l’affrontement»«une manipulation inacceptable» critique-t-il.

 

Si déjà dans les psaumes on supplie Dieu de ne pas nous abandonner dans la vieillesse, c’est que l’on a compris, nous explique le Saint-Père, que «la solitude et le rejet des personnes âgées ne sont ni fortuites ni inéluctables, mais le fruit de choix -politiques, économiques, sociaux et personnels- qui ne reconnaissent pas la dignité infinie de toute personne». Et «le pire», poursuit François, est que les anciens ont assimilé ce discours et veulent s’effacer eux-mêmes.

Affirmation de l'individualisme

Autres causes avancées, la crise des appartenances communes et l’affirmation de l’individualisme. «La famille, qui est la première et la plus radicale contestation de l’idée que l’on peut se sauver tout seul; elle est l’une des victimes de cette culture individualiste. Mais lorsqu’on vieillit, au fur et à mesure que les forces diminuent, le mirage de l’individualisme, l’illusion de n’avoir besoin de personne et de pouvoir vivre sans liens se révèle pour ce qu’elle est» précise le Pape qui regrette ainsi que «la solitude et le rejet [soient] devenus des éléments récurrents dans le contexte dans lequel nous sommes immergés».

Alors, que faire pour changer cette perspective? Le livre de Ruth nous donne une clé pour agir. Noémi, âgée, demande à ses deux belles-filles de retourner dans leur pays d’origine mais «ses paroles sont un concentré de conventions sociales et religieuses qui semblent immuables et qui marquent son destin», estime l’évêque de Rome. Orpa accepte la proposition de sa belle-mère. En revanche, Ruth refuse et demeure auprès d’elle. En faisant ainsi, «Ruth nous enseigne, à nous qui sommes habitués à l’idée que la solitude est un destin inéluctable, qu’à l’invocation “ne m’abandonne pas”, il est possible de répondre “je ne t’abandonnerai pas”». Pour François, «vivre seul ne peut pas être l’unique alternative».

Suivre l'exemple de Ruth

D’où cette invitation du Saint-Père à suivre les pas de Ruth, à se mettre en route «avec cette jeune femme étrangère et avec la vieille Noémi», à ne pas avoir peur «de changer nos habitudes et d’imaginer un avenir différent pour nos personnes âgées». Ruth en fut récompensée, bénie par un mariage heureux, une descendance et une terre. Cela vaut aussi pour nous, indique François, car «en étant proches des personnes âgées, en reconnaissant le rôle irremplaçable qu’elles ont dans la famille, dans la société et dans l’Église, nous recevrons nous aussi de nombreux dons, de nombreuses grâces, de nombreuses bénédictions».

Le Pape prie donc de ne pas priver de tendresse les grands-parents et les plus anciens, de rendre visite à ceux qui sont découragés et qui n’espèrent plus qu’un avenir différent est possible. «À l’attitude égoïste qui conduit au rejet et à la solitude, opposons le cœur ouvert et le visage heureux de celui qui a le courage de dire “je ne t’abandonnerai pas” et de prendre un chemin différent».

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14 mai 2024, 12:05