Pour le Jubilé, François encourage Rome à montrer son visage accueillant

Ce lundi 10 juin, le Pape François s’est rendu sur la colline du Capitole à Rome, siège de la municipalité de la ville. Quelques mois avant le Jubilé, le Pape a encouragé Rome et ses habitants à témoigner de l’esprit universel de la cité, depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui, et à montrer un visage accueillant et hospitalier aux pèlerins, aux touristes et aux migrants.

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

Dans la salle du conseil communal de Rome, dédiée à Jules César, le Pape François a rendu visite aux autorités romaines ce lundi 10 juin. Après l’accueil de la présidente de l’Assemblée du Capitole, Svetlana Celli et du maire de Rome, Roberto Gualtieri, l’évêque de Rome s’est attaché à souligner la longue histoire de Rome, qui fait l’honneur de la ville.  

«Rome, presque dès sa naissance, il y a environ 2 800 ans, a eu une vocation claire et constante d'universalité» a débuté le Souverain pontife devant le conseil communal, ce «rôle n'est pas le fruit du hasard, mais correspond à un dessein providentiel».

La Rome de l'Empire

Selon la légende, la ville de Rome aurait été créé le 21 avril -753 par Romulus, qui aurait tué son frère Rémus. Au fil des siècles, Rome est devenue un centre de civilisation rayonnant «grâce à son développement juridique et à ses capacités d'organisation, ainsi qu'à l'édification au fil des siècles d'institutions solides et durables» a souligné le Pape. Mais il a poursuivi en assurant que cette culture romaine avait besoin d’un «message plus grand et plus profond de fraternité, d'amour, d'espérance et de libération».

Ce message plus grand sera apporté au premier siècle par «le témoignage lumineux des martyrs et le dynamisme de la charité des premières communautés de croyants». Les premiers fidèles du Christ ont répandu la Bonne Nouvelle tout autour de la mer Méditerranée, notamment avec l'arrivée de saint Pierre sur la péninsule italienne. «L'Olympe ne suffisait plus, il fallait aller au Golgotha, et au tombeau vide du Ressuscité pour trouver les réponses à l'aspiration à la vérité, à la justice et à l'amour» a expliqué François.

Le Pape François prononçant son discours devant le conseil communal de Rome.
Le Pape François prononçant son discours devant le conseil communal de Rome.

Il a ensuite pris l’exemple de l’esclavage, pour montrer que les «civilisations raffinées peuvent avoir des éléments culturels si profondément ancrés dans la mentalité des individus et de la société dans son ensemble qu'ils ne sont plus perçus comme contraires à la dignité de l'être humain». Le Pape a dressé un parallèle avec quelques situations d'aujourd’hui, où «presque inconsciemment, nous risquons parfois d'être sélectifs et partiaux dans la défense de la dignité humaine, en marginalisant ou en écartant certaines catégories de personnes».

Après la Rome des Césars, la Rome des Papes

Le christianisme est devenu la religion officielle de l’Empire romain au IVe siècle, et l’Église a progressivement remplacé les institutions de l’Empire, reprenant à son compte sa vocation universelle.

“Beaucoup de choses ont changé, mais la vocation de Rome à l'universalité a été confirmée et exaltée. Si en effet l'horizon géographique de l'Empire romain avait pour cœur le monde méditerranéen et, bien que très vaste, ne concernait pas le monde tout entier, la mission de l'Église n'a pas de frontières sur cette terre, car elle doit faire connaître à tous les peuples le Christ, son action et ses paroles de salut”

L’universalité romaine

Lors de son discours, le Pape a rappelé la révision du Concordat de 1985, qui avait réaffirmé l’accord du Latran du 11 février 1929. En effet, lors de l’unification de l’Italie en 1870, le Pape Pie IX s’est vu déposséder de son pouvoir temporel sur la ville de Rome et s’est enfermé au Vatican. Presque 60 ans après, la signature des accords du Latran a permis une coexistence à Rome entre la monarchie italienne et le siège de l’Église catholique.

Ces deux pouvoirs réalisent la vocation universelle de Rome, a assuré François, «comme en témoignent les travaux du concile œcuménique Vatican II, les différentes années saintes célébrées, la signature du traité instituant la Communauté économique européenne et du traité instituant la Cour pénale internationale, les Jeux olympiques de 1960 et les organisations internationales, en particulier la FAO, qui ont leur siège à Rome».

Le Jubilé de 2025

Mais la visite du Pape au conseil communal de Rome, s’inscrit surtout dans le cadre du prochain événement universel de la ville: le Jubilé de 2025. Plus de 30 millions de pèlerins et de touristes sont attendus pour ce pèlerinage, et les travaux sont engagés dans de nombreux endroits de la capitale italienne.

Remerciant les autorités pour leur coopération, le Pape a espéré que le jubilé aura «un impact positif sur le visage même de la ville, en améliorant son décor et en rendant les services publics plus efficaces, non seulement dans le centre, mais aussi en rapprochant le centre et les banlieues».

Le Pape François et le maire de Rome.
Le Pape François et le maire de Rome.

Le trésor de Rome

«Que les pèlerins, les touristes, les migrants, les personnes en difficulté, les plus pauvres, les personnes isolées, les malades, les prisonniers, les exclus soient les témoins les plus authentiques de cet esprit» au service de la charité, de l’accueil et de l’hospitalité de Rome a souhaité François.

“L'énorme afflux dans la ville de pèlerins, de touristes et de migrants, avec tout ce que cela signifie en termes d'organisation, pourrait être considéré comme une aggravation, un fardeau qui ralentit et entrave le cours normal des choses. En réalité, tout cela, c'est Rome, sa spécificité, unique au monde, son honneur, son grand attrait et sa responsabilité vis-à-vis de l'Italie, de l'Église, de la famille humaine.”

L’évêque de Rome a enfin rappelé le trésor historique et culturel qui repose sur les sept collines de Rome, «l'honneur et le fardeau de ses citoyens et de ses gouvernants». Il a demandé à chacun de prendre conscience de la valeur de Rome et de la force de ce qu’elle représente pour rendre la ville «encore plus digne du rôle que le destin, ou plutôt la Providence, lui a réservé».

Phare de civilisation et promoteur de paix

Le Pape François a terminé son disocurs par une prière à la Vierge Marie et particulièrement à l’icône de la Salus Populi Romani, conservée dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, et protectrice des Romains.

Après les échanges de cadeaux, le Pape a salué les Romains réunis sur la place du Capitole, et a récité un «Je vous salue Marie», en embrassant de la vue la ville éternelle. 


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10 juin 2024, 11:16