JO de Paris: le Pape exhorte au respect de la trêve et à l'esprit de concorde
Vianney Groussin – Cité du Vatican
À une semaine de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, Mgr Laurent Ulrich a présidé la messe d’ouverture de la trêve olympique, en présence du nonce apostolique en France, Mgr Celestino Migliore, et de plusieurs autres évêques dont Mgr Emmanuel Gobillard, évêque de Digne et délégué du Saint-Siège pour les Jeux olympiques et paralympiques. Étaient aussi présents dans l’assemblée le président du CIO Thomas Bach, la maire de Paris Anne Hidalgo, et plusieurs ministres dont Rachida Dati (Culture) et Amélie Oudéa-Castéra (Sports).
Le Pape appelle au respect de la trêve olympique
Mgr Ulrich a lu au début de la messe le message adressé par le Pape François pour l’occasion, le Saint-Père ayant tenu à s’unir par la prière aux intentions de cette messe. Le Pape a donné sa bénédiction aux participants et aux Parisiens, et les a appelés à témoigner de leur foi pendant ces Jeux: «Je sais, en effet, que les communautés chrétiennes s’apprêtent à ouvrir largement les portes de leurs églises, de leurs écoles, de leurs maisons. Qu’elles ouvrent surtout les portes de leurs cœurs, témoignant, par la gratuité et la générosité de leur accueil envers tous, du Christ qui les habite et qui leur communique sa joie».
François a aussi dit dans son message apprécier vivement «que vous n’ayez pas oublié les personnes les plus vulnérables, en particulier celles qui se trouvent en situation de grande précarité, et que l’accès à la fête leur soit facilité». Les Jeux olympiques sont l’occasion d’une plus grande communion, d’abord pour les Français: «Je forme le vœu que l’organisation de ces Jeux soit pour tout le peuple de France une belle occasion de concorde fraternelle permettant, au-delà des différences et des oppositions, de renforcer l’unité de la Nation». Depuis deux semaines, la France connaît une situation politique compliquée faute de majorité à l’Assemblé nationale, où les partis peinent à bâtir une coalition pour former un gouvernement.
Le sport, un langage universel
Le Saint-Père a rappelé que les JO étaient surtout un moment de partage plus large, entre tous les peuples: «Le sport est un langage universel qui transcende les frontières, les langues, les races, les nationalités et les religions. Il a la capacité d’unir les personnes, de favoriser le dialogue et l’accueil réciproque; il stimule le dépassement de soi, forme à l’esprit de sacrifice, favorise la loyauté dans les relations interpersonnelles; il invite à reconnaître ses propres limites et la valeur des autres. Les Jeux Olympiques, s’ils restent vraiment des “jeux”, peuvent donc être un lieu exceptionnel de rencontre entre les peuples, même les plus hostiles. Les cinq anneaux entrelacés représentent cet esprit de fraternité qui doit caractériser l’événement olympique». Enfin le Pape François a terminé son message en appelant au respect de la trêve olympique:
«Que Dieu ait pitié de nous!» s’est-il encore exclamé, demandant au Seigneur «qu’Il éclaire les consciences des gouvernants sur les graves responsabilités qui leur incombent, qu’Il accorde aux artisans de paix le succès dans leurs démarches, et qu’Il les bénisse».
Un désir de paix à défaut d’un arrêt des conflits
Après avoir lu l’Évangile des Béatitudes (Matthieu 5, 1-12a), l’archevêque de Paris a prononcé l’homélie en soulignant «l’inversion des valeurs» faite par Jésus dans cet épisode. «Oui, bienheureuse cette sagesse qui préside aussi à l’esprit olympique et habite notre cœur en ce moment où nous le tournons vers le Seigneur pour lui rendre grâce et l’implorer en faveur de notre monde». Mgr Ulrich a ensuite évoqué l’esprit initial des Jeux olympiques voulus par Pierre de Coubertin et le père Henri Didon comme un vecteur de paix et de fraternité: «il s’agissait de développer les contacts, les relations entre des jeunes des nations participantes à ces jeux pour favoriser l’esprit même de la paix». Et si la trêve est rarement respectée par les États, les JO peuvent tout de même favoriser un désir de paix à travers la rencontre: «malheureusement les guerres en cours ne cessent pas pendant les Jeux, mais le désir de la paix se répand à la faveur des rencontres qu’ils permettent dans ces épreuves sportives».
«La compétition vécue dans cet esprit, dans l’honnêteté et la bienveillance mutuelle, peut faire exemple et d’une certaine façon envie», a-t-il ajouté. «La résolution des conflits passe par la parole, mais le désir d’y parvenir a besoin de gestes, de symboles et d’exercices qui y préparent».
Mgr Ulrich a aussi tenu à remercier l’association Holy Games, initiative de l’Église catholique pour les JO, dont plusieurs membres étaient présents dans l’assemblée, reconnaissables à leurs t-shirts jaunes flanqués du slogan «par ta victoire, grande est son éclat».
Un lâcher de colombe à la sortie de la messe
En sortant sur le parvis de l’église de la Madeleine, accompagnés par les chants du chœur d’enfants de l’Académie musicale de Liesse, les représentants des pouvoirs publics se sont vus chargés d’un gros panier en osier contenant une colombe. Ils ont ensuite enlevé le couvercle pour laisser s’envoler les oiseaux blancs en signe de paix, sous les applaudissements de l’assemblée.
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