Cardinal Suharyo: «un des indicateurs de notre foi, c’est la fraternité»
Entretien réalisé par Bernardo Suate – Envoyé spécial à Jakarta (Indonésie)
Du mardi 3 au vendredi 6 septembre, le Pape François a effectué une visite auprès du peuple indonésien, dans la capitale de l’archipel, Jakarta. Placé sous la devise «Foi, fraternité, compassion», ce voyage a été l’occasion pour le Pape de rappeler l’importance de construire des ponts entre les cultures et les religions. Dans ce pays aux 270 millions d’habitants, les catholiques ne représentent que 3% de la population soit une petite minorité.
Le cardinal de Jakarta Ignatius Suharyo Hardjoatmodjo revient sur les temps forts de cette visite papale pour Vatican News.
Éminence, quel est votre résumé de la visite du Pape François et comment a-t-elle été reçue par les Indonésiens, catholiques et non-catholiques?
Je pense que tout est dans le thème, qui se résume en trois mots: foi, fraternité et compassion. En fait, ce n'était pas inscrit au programme, mais cela reflète la dynamique de la vie de l'Église en Indonésie. Ce thème a été présenté au Vatican, et le Pape François l'a approuvé. Ainsi, durant ces trois jours à Jakarta, le Pape François a approfondi la signification de ces trois mots.
Pour résumer simplement, je dirais ceci: nous, non seulement les catholiques, mais tous les membres des autres communautés religieuses, voulons grandir dans notre foi. Un des indicateurs les plus importants de la foi est la fraternité. Si vous dites que vous êtes croyant et appartenez à une religion, mais que vous ne grandissez pas en fraternité, on pourrait se poser de vraies questions sur la sincérité de votre foi.
Le fruit de la fraternité est la compassion. Si vous dites que vous êtes mon frère, ma sœur, mais que vous ne le montrez pas par une attitude compatissante, vos actions pourraient remettre en cause votre déclaration d’être un bon frère ou une bonne sœur. Si je peux le dire ainsi, cela résume la présence du Pape François. Et chacun de ces mots ont été développés parfois dans différents contextes. Par exemple, lors de notre rencontre avec les prêtres, évêques, catéchistes et religieux, dans la cathédrale de Jakarta.
De même, lors de notre visite au palais présidentiel, le Pape François a parlé du Pancasila, de la fraternité et des relations entre les fidèles des différentes religions. Le président a également exprimé sa gratitude pour cette visite tant attendue. Nous avons une longue histoire de relations entre l'Indonésie et le Vatican, avec des relations diplomatiques établies en 1947 et une nonciature en place depuis 1950. Le président était visiblement très heureux de recevoir le Pape François, et cela se voyait dans son accueil chaleureux.
Lors du voyage s’est tenu un événement interreligieux avec la signature d'une déclaration entre le Pape François et le Grand Imam. Comment pensez-vous que cela va renforcer l'harmonie et la tolérance entre les différentes réalités religieuses dans le pays?
Le document a été signé par les leaders des sept religions, y compris les croyances locales. Tout le monde l’a signé. À propos de la mosquée, vous devez connaître son histoire: il a été décidé par le premier président que la mosquée d'État, l'Istiqlal, soit située près de la cathédrale, symbolisant notre idéal de vivre en harmonie.
Hier, après la signature, le Grand Imam m’a dit que nous devrions nous réunir et discuter ensemble de ce qui devrait être fait après la signature, afin que cela ne reste pas un simple document, mais devienne le début d'actions concrètes menées ensemble par les différentes communautés religieuses en Indonésie. Ce n’est pas une théorie, cela se pratique déjà, et nous espérons que cette signature renforcera notre chemin vers un avenir commun.
En tant que cardinal-archevêque de Jakarta, pourriez-vous nous donner un bref message sur la manière dont cette expérience avec le Pape François aidera l'Église à aller de l'avant et à soutenir la communauté, non seulement en Indonésie mais partout dans le monde?
Je reviens au thème de base de la visite du Pape en Indonésie. Je pense que cela résume tout notre espoir pour l’avenir: que nous grandissions dans la foi, la fraternité et la compassion.
Je crois que cela ne concerne pas uniquement les catholiques, mais que cela peut être compris facilement par tous les Indonésiens. Ce thème peut être compris facilement par tous ceux qui appartiennent véritablement à une communauté religieuse.
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