En Belgique, le Pape exhorte à la paix, à l'espérance et dénonce les abus

«La Belgique est un pont indispensable pour construire la paix et refuser la guerre», a déclaré le Pape François, lors de sa rencontre vendredi 27 septembre, avec les autorités belges et représentants de la société civile. Dans le château de Laeken, le Saint-Père a souligné que «la concorde et la paix ne sont pas des conquêtes acquises une fois pour toutes», mais plutôt «une tâche et une mission incessantes à cultiver». Il est également revenu sur la question des abus.

Myriam Sandouno – Cité du Vatican

C’est la première visite du Pape François en Belgique, pays visité à deux reprises par le Pape Jean-Paul II: en mai 1985 et juin 1995. «En route, avec Espérance», c’est bien la devise de cette visite du Saint-Père, dans «la Belgique plus précieuse que jamais pour la mémoire du continent européen». Dans la matinée de ce 27 septembre, l’évêque de Rome a eu une rencontre avec les autorités du pays, et les représentants de la société civile. Étaient également présents dans le château de Laeken, (résidence officielle du roi Phillipe, de son épouse la reine Mathilde et de leurs quatre enfants), des entrepreneurs, des autorités religieuses, ainsi que des représentants de la culture: environ 300 personnes.

Après le discours de bienvenue de Phillipe, septième roi des Belges, et celui du Premier ministre, le Pape François a exprimé sa joie de visiter la Belgique, dont «on évoque à la fois quelque chose de petit et de grand: un pays occidental et en même temps central, comme s’il était le cœur battant d’un organisme gigantesque», a déclaré le Souverain pontife. Située sur la ligne de fracture entre le monde germanique et le monde latin, limitrophe de la France et de l’Allemagne, qui «avaient le plus incarné les antithèses nationalistes à la base du conflit, elle est apparue, a-t-il indiqué, comme un lieu idéal, presque une synthèse de l’Europe, d’où repartir pour sa reconstruction, physique, morale et spirituelle».

La Belgique est un pont indispensable pour construire la paix

Pays d’une superficie de 30 688 Kmavec une population de 11 millions d’habitants, la Belgique n’est «pas un État très étendu, mais son histoire particulière» a fait que, aussitôt après la fin de la Seconde Guerre mondiale, a rappelé François, les peuples européens fatigués et épuisés, entamant un sérieux chemin de pacification, collaboration et intégration, se sont tournés vers ce pays comme siège naturel des principales institutions européennes. «On pourrait dire que la Belgique est un pont: entre le continent et les îles britanniques, entre les régions germaniques et francophones, entre le sud et le nord de l’Europe», a-t-il expliqué: un pont qui permet à la concorde de s’étendre et aux différends de s’estomper; où chacun, avec sa langue, sa mentalité et ses convictions, rencontre l’autre et choisit la parole, le dialogue et le partage comme moyens de relation.

Tel un lieu où l’on apprend à faire de sa propre identité non pas une idole ou une barrière, mais un espace accueillant d’où l’on part et où l’on revient; où l’on favorise les rencontres valables et où l’on cherche ensemble de nouveaux équilibres, où l’on construit de nouvelles synthèses. La Belgique est, selon le Pape, ce véritable pont qui en réalité, favorise les échanges, met en communication et fait dialoguer les civilisations. Un pont indispensable pour construire la paix et refuser la guerre, a soutenu l’évêque de Rome. Dans un monde actuel où les guerres et conflits font ravage, tuant des milliers d’innocents, le Pape a exhorté à la paix et à la concorde, qui «ne sont pas des conquêtes acquises une fois pour toutes, mais plutôt une tâche et une mission incessantes à cultiver, à entretenir avec ténacité et patience».

“L’histoire, magistra vitae trop souvent ignorée, de la Belgique appelle l’Europe à reprendre son chemin, à redécouvrir son vrai visage, à investir à nouveau dans l’avenir en s’ouvrant à la vie, à l’espérance, pour vaincre l’hiver démographique et l’enfer de la guerre.”

L’Église catholique belge

Selon des estimations citées dans le dernier rapport annuel de l'Église en Belgique, 50 % des Belges se définissent comme catholiques. François est ainsi parti à la rencontre d’une Église qui se «veut être une présence qui, témoignant de sa foi dans le Christ ressuscité, offre aux personnes, aux familles, aux sociétés et aux nations une espérance ancienne et toujours nouvelle». Mais aussi, une présence qui «aide chacun à affronter les défis et les épreuves, sans enthousiasmes faciles ni pessimismes moroses», mais «avec la certitude que l’être humain, aimé de Dieu, a une vocation éternelle de paix et de bonté et qu’il n’est pas destiné à la dissolution et au néant».

Ces trente dernières années, l’Église de Belgique a été marquée par une succession de scandales d’abus sexuels commis par des membres du clergé sur des mineurs et des personnes majeures vulnérables. C’est «un fléau auquel l’Église s’attaque avec détermination et fermeté, en écoutant et en accompagnant les personnes blessées et en mettant en œuvre un vaste programme de prévention dans le monde entier». Le Pape a invité à demander pardon aux victimes d’abus: «Frères et soeurs c'est une honte! Nous devons tous demander pardon et résoudre le problème. Les abus sont une honte... À l'intérieur de l'Église ce crime existe», a déploré François.

Les adoptions forcées 

Au cours de cette rencontre, le Pape s’est dit attristé par le phénomène des «adoptions forcées» «qui se sont produites ici également en Belgique entre les années cinquante et soixante-dix du siècle dernier». «Dans ces histoires douloureuses», a souligné François, «s’est mélangé le fruit amer d’un crime avec ce qui était malheureusement le résultat d’une mentalité répandue dans toutes les couches de la société, à tel point que ceux qui agissaient conformément à cette mentalité croyaient en conscience faire le bien, tant de l’enfant que de la mère». Le Successeur de Pierre, a prié pour que «l’Église trouve toujours en elle la force de clarifier et de ne pas se conformer à la culture dominante, même lorsque celle-ci utilise - en les manipulant - les valeurs dérivées de l’Évangile pour en tirer des conclusions indues, avec leurs lourdes conséquences de souffrance et d’exclusion». Il a également porté en prière les responsables des nations afin que, regardant la Belgique et son histoire, «ils sachent en tirer un enseignement et épargnent ainsi à leurs peuples des malheurs sans fin et des deuils sans nombre».

“Je prie pour que les gouvernants sachent assumer la responsabilité, le risque et l’honneur de la paix et qu’ils sachent écarter le risque, le scandale et l’absurdité de la guerre. Je prie pour qu’ils craignent le jugement de la conscience, de l’histoire et de Dieu, et qu’ils convertissent leurs yeux et leurs cœurs, en privilégiant toujours le bien commun”

L'Espérance 

La Belgique a besoin d’espérance. Pour l’évêque de Rome, ce «n’est pas quelque chose que l’on porte dans son sac à dos pendant le voyage; non, l’espérance est un don de Dieu, et elle se porte dans le cœur». Concluant son discours, le Pape a suggéré au peuple belge de «toujours demander et recevoir ce don de l’Esprit Saint, pour marcher avec Espérance sur le chemin de la vie et de l’histoire».

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

27 septembre 2024, 11:01