Le Pape lors de sa visite à l'Université catholique de Louvain Le Pape lors de sa visite à l'Université catholique de Louvain  (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

Les graines d’espérance semées par le Pape en Belgique et Luxembourg

Le Pape a achevé ce dimanche midi son 46e voyage apostolique au Luxembourg et en Belgique. Après avoir présidé la messe dans le stade Roi Baudoin à Bruxelles et récité la prière de l’Angélus, François a regagné dans l’après-midi le Vatican. Lors de ces trois jours et demi, il s’est ainsi rendu au cœur de l’Union européenne, rencontrant une Église en évolution, meurtrie par les scandales des abus, et confrontée à une société fortement sécularisée.

Xavier Sartre - Envoyé spécial en Belgique

Il y a les grands rendez-vous, les discours officiels. Et il y a les rencontres privées, celles où les gestes comptent plus que les mots et révèlent les préoccupations du Pape François. Que ce soit au Home Saint-Joseph, une maison de charité s’occupant de personnes âgées malades et pauvres, face à 17 victimes d’abus venues confier leur douleur et leur colère, à l’œuvre d’entraide de Saint-Gilles qui s’occupe des sans-abris et des réfugiés, le Saint-Père a démontré toute son attention aux exclus, aux plus petits, et à tous ceux qui souffrent.

L’attention envers les victimes d’abus était particulièrement attendue en Belgique, pays meurtri par des centaines de cas depuis la Seconde Guerre mondiale. Dès son arrivée à Bruxelles, il y a été confronté directement, interpelé par le roi des Belges, Philippe, et par le Premier ministre Alexander De Croo qui ont réclamé vérité et clarification de la part de l’Église, soulignant que les mots ne suffisaient plus. François a répondu, exprimant la «honte» et l’«humiliation» de l’Église pour ces crimes et insistant afin que tout le possible soit mis en œuvre pour lutter contre ce fléau, pour toujours accueillir les victimes et les écouter. Il l’a répété dans son homélie, lors de la messe ce dimanche 29 septembre, invitant les évêques notamment à ne pas couvrir les abus, suscitant les applaudissements nourris des fidèles.

Le message de paix du Luxembourg et de la Belgique

En visite au cœur de l’Europe, dans deux États abritant la plupart des institutions communautaires, le Pape a souligné la grande responsabilité du Luxembourg et de la Belgique dans un continent marqué par la guerre, une forte immigration et la présence de nombreux réfugiés. Qualifiés de «pont» et d’exemple pour leur manière de gérer la coexistence entre diverses communautés, pour leur respect des droits de l’Homme, ils ont été appelés à poursuivre leur rôle en faveur de la paix.


Cette diversité des communautés, on la retrouve au sein des Églises. Au Luxembourg, c’est particulièrement vrai et c’est là une source d’espérance malgré la sécularisation de la société et le vieillissement de la population. Les fidèles venus d’Europe mais aussi d’autres parties du monde, avec des rites parfois différents, ont redynamisé une Église confrontée au matérialisme des valeurs et à l’intérêt envahissant pour l’argent. Là aussi, les Églises luxembourgeoise et belge sont des exemples qui peuvent servir pour les autres Églises du Vieux Continent, en matière d’inclusion et d’accueil.

Des débats de société relancés

Les 600 ans, l’année prochaine, de l’Université catholique de Louvain étaient le principal motif du voyage en Belgique. Dans ce temple du savoir, où le débat et la dialectique sont privilégiés, le Pape a pu en faire l’expérience, écoutant des avis et des critiques envers l’Église sur des sujets comme le rôle des femmes en son sein. Certains ont pu être déçus de ses réponses, mais les applaudissements chaleureux à la fin de ses discours devant la Ku Leuven et l’UCL montrent l’estime dont jouit le Saint-Père.

 

S’il ne faut retenir qu’une seule chose de ce 46e voyage apostolique, c’est l’étonnement et la joie des évêques belges convaincus que le stade du Roi Baudoin serait trop grand pour accueillir la messe finale, et qui se sont rendus compte au contraire qu’il était trop petit. C’est le signe que malgré les blessures, les malentendus et les difficultés quotidiennes, l’Église en Belgique a encore des ressources pour poursuivre sa route avec espérance. Et pour mieux renforcer cette impression, le voyage commencé sous la pluie, s’est terminé sous un grand soleil, un autre signe d’espérance.

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29 septembre 2024, 17:13