Alimentation: le Pape invite l'ONU à écouter les besoins des affamés
Marie Duhamel - Cité du Vatican
Le droit à l’alimentation satisfait l’un des besoins fondamentaux de l’être humain. Il est ainsi «prioritaire» estime le Pape, si on veut garantir à chacun une existence digne. Or, déplore-t-il, ce droit est «bafoué et n’est pas équitablement appliqué». En 2023, 733 millions de personnes étaient confrontées à la faim, soit une personne sur 11 dans le monde et 1 personne sur 5 sur le continent africain, indique le rapport sur l’État de sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde publié cet été par cinq agences onusiennes. L’accès à une nourriture saine et en quantité suffisante reste difficile, avec «toutes les conséquences néfastes qui en dérivent», note le Pape dans une lettre adressée au patron de la FAO,QU Dongyu à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, ce mercredi 16 octobre.
Si la situation semble s’améliorer en Amérique latine, elle se dégrade fortement en Afrique, mais aussi en Asie. Les objectifs de développement durable qui prévoient une «Faim zéro» en 2030 risque de ne pas être tenu. Le monde pourrait alors compter 1,2 milliard d’adultes obèses selon les Nations unies.
Pour parvenir à des régimes alimentaires sains pour tous et, bien sûr, à la sécurité alimentaire, le Pape sait l’engagement de l'Organisation onusienne pour l'alimentation et l'agriculture qui propose «de considérer de façon adéquate une transformation des systèmes alimentaires qui tiennent compte de la pluralité et de la variété des aliments nutritifs, accessibles, sains, et durables».
Une méthodologie qui doit tenir compte de la dimension intrinsèque, sociale et culturelle de l’acte de se nourrir. Ainsi, précise François, les «responsables politiques et économiques à l’échelle internationale doivent écouter les demandes de ceux qui se trouvent à la base de la chaîne alimentaire», tels que les petits agriculteurs et les familles. Pour ne pas «rester sourds» des plus précaires, le Pape suggère de mettre en place des solutions «énergiques», des «mesures efficaces», qui prennent en considération «les principes de subsidiarité et de solidarité comme fondement de nos programmes et projets de développement».
Un esprit de fraternité
Le Pape défend en outre, auprès du directeur de la FAO, une action collective, où chacun serait animé par le même esprit de fraternité, et où chacun saurait «que cette planète que Dieu nous a donnés doit être un jardin ouvert à la coexistence pacifique». Voilà ce que réclame «l’humanité blessée par tant d’injustices», dit François. Il rappelle son paradigme de l’écologie intégrale. «Ce n’est qu’en prenant l’idéal de la justice comme guide de nos actions que nous pourrons répondre aux besoins des personnes».
Le Pape, héraut de la lutte contre l’indifférence, écrit à nouveau ici l’importance de se laisser interpeller et émouvoir par la condition de l’autre, pour que la solidarité devienne le principe des prises de décisions. «De cette façon, la protection des générations futures ira de pair avec l’écoute et l’action en faveur des générations actuelles». Pour François, cette alliance intergénérationnelle donnera un sens nouveau et plus authentique à la coopération internationale.
Le soutien indéfectible de l'Église
«Dieu ne se fatigue jamais de soutenir ceux qui ont à cœur le bien-être de toute l’humanité» car, l'évêque de Rome le reconnait, la marche entreprise pour mettre les hommes à l’abris de la faim est parsemée d’obstacles et de difficulté. Le Pape réitère ici à la communauté internationale les encouragements et le soutien «indéfectible» de l’Église et du Saint-Siège afin que chacun puisse avoir de la nourriture en quantité et en qualité suffisantes, «pour lui-même et pour sa famille», pour que chaque personne puisse mener une vie digne et pour que «le douloureux fléau de la misère et de la faim dans le monde soit définitivement vaincu».
Des soins plus que des armes
Signalons qu’en cette Journée internationale de l’alimentation, le Pape a également publié une adresse au monde sur X, appelant à rejeter la logique des armes, «en transformant les dépenses militaires massives en investissements pour lutter contre la faim, le manque de soins de santé et d’éducation».
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