Le Pape appelle l'épiscopat chilien à résister à la tentation du cléricalisme
Manuella Affejee- Cité du Vatican.
Ces différents points que François a désiré mettre aujourd’hui en exergue peuvent, selon lui, se résumer en une phrase : «la conscience d’être un peuple». Le sentiment de se sentir orphelin, que le Pape qualifie de «post-moderne», peut gagner les évêques ou les prêtres. C’est oublier, rappelle-t-il, «que nous faisons partie du saint peuple fidèle de Dieu et que l’Eglise n’est pas et ne sera jamais une élite de personnes consacrées (…)».
Le cléricalisme porte préjudice au dynamisme missionnaire
Ne pas en être conscient peut conduire à une tentation préjudiciable «au dynamisme missionnaire» : celle du cléricalisme, qui «entrave les initiatives que l’Esprit peut insuffler en nous». « Les laïcs ne sont pas nos ouvriers, ni nos employés, a martelé le Pape. Ils ne doivent pas répéter comme des ‘perroquets’ ce que nous leur disons». Ce cléricalisme, que le Pape vilipende sans ambages, peut éteindre le feu prophétique dont l’Eglise est appelée à témoigner, et oublie que «la visibilité et la sacramentalité de l’Eglise appartiennent à tout le peuple de Dieu», a affirmé le Saint-Père, citant la Constitution conciliaire Lumen Gentium (cf., n. 9-14).
Former les prêtres de demain
De là, l’appel pressant du Pape à résister à cette tentation, surtout dans les séminaires et dans le processus de formation des futurs prêtres. Ces derniers doivent se former en regardant demain, prévient le Pape, car «leur ministère se déroulera dans un monde sécularisé et donc, exige de nous, pasteurs, de discerner comment les préparer à exercer leur mission dans cet environnement concret et non dans nos ‘mondes ou situations idéalisés’». Cette mission doit se faire «main dans la main», en «impulsant et en stimulant la laïcat dans un climat de discernement et de synodalité», deux notions-clés qui constituent pour le Pape, « deux caractéristiques du prêtre de demain». « Non au cléricalisme et aux mondes idéalisés qui ne rentrent que dans nos schémas mais qui ne touchent la vie de personne», a de nouveau insisté le Pape François, avant de conclure en demandant à l’Esprit- Saint le «don de rêver et de travailler pour une option missionnaire et prophétique qui soit capable de tout transformer».
Plus tôt dans son discours, il avait enjoint aux quelque cinquante évêques présents, d’être proches de leurs prêtres, et de demander le don de la paternité, «qui n’est pas un paternalisme ou un abus d’autorité».
Au début de son intervention, François a salué avec chaleur Mgr Bernardino Pinera Carvallo, présent à cette rencontre, l’évêque le plus ancien au monde, puisqu’il fêtera cette année ses 60 ans d’épiscopat. Il a vécu les quatre sessions du Concile Vatican II.
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