Bénin: La Maison de la Joie pour les enfants malnutris
Cédric Mouzou, SJ ( avec Jean-Baptiste Sourou) - Cité du Vatican
Lorsqu'en 1987, les Sœurs vincentiennes de Marie Immaculée de Turin se sont installées à Perere dans l’Archidiocèse de Parakou, un village isolé dans le nord du Bénin. Cette localité était difficile d’accès, particulièrement pendant la saison des pluies et les populations étaient exposées à de diverses maladies. Aujourd'hui, Perere est desservi par des routes pavées, des grands centres de santé et des écoles secondaires se sont installés. Bien que le marché local ait augmenté, la présence des sœurs est plus importante que jamais pour tout le monde, en particulier les enfants souffrant de malnutrition et les orphelins pour qui elles ont créé la Maison de la Joie. C’est une maison qui fonctionne depuis une trentaine d’années. Les enfants, qui ont à leur disposition des infirmières dévouées jour et nuit, ont entre zéro et trois ans. Chacun d’eux a une histoire particulière. « Certains sont orphelins de mère dès la naissance ou dans les premiers mois de la vie. D'autres ont été rejetés par la famille, puisque considérés comme "porte malheur". Par ailleurs il y a des enfants qui souffrent de malnutrition », explique Mère Julienne Agossoukpèvi, supérieure de la communauté religieuse.
La Maison de la Joie, espoir pour les enfants considérés comme "porte malheur"
Selon la tradition de la région, il est interdit à une jeune femme de prendre soin et d’aider un orphelin, sous peine de la mort de son propre enfant, ou l'incapacité d'avoir de nouvelles grossesses.
Pour cette raison, il y a toujours une grand-mère ou une tante âgée pour prendre soin des petits avec les problèmes liés à l'alimentation artificielle souvent impossible à réaliser, compte tenu des coûts du lait, ou des conditions d'hygiène déplorables. Les enfants considérés comme "porte malheur" sont ceux qui ont présenté à la naissance ou dans la période de dentition, une anomalie pour la culture locale.
Une présentation rare à la naissance ou au début de la dentition dans la gencive supérieure ou huitième mois, signifie que l'enfant est considéré comme "porte malheur" et est capable de causer un préjudice grave à la famille. Jusqu'à peu, ces enfants étaient éliminés ou laissés aux éleveurs nomades de passage. « Comme il y a une maison de la joie, et grâce à la prise de conscience, beaucoup de ces enfants nous sont confiés et par la suite adoptés sans difficulté par les communautés chrétiennes», ajoute la Mère Agossoukpèvi.
Des actions de sensibilisation, au village, pour une bonne nutrition
Une fois qu'un enfant souffrant de malnutrition a récupéré des forces et est capable de manger normalement, il rentre à la maison. Mais lors de son séjour au centre, la mère présente des éléments de base de l'alimentation, saine et rationnelle, à base de produits locaux. Il s’ensuit une sensibilisation dans toutes les concessions des villages, sur les avantages d’une bonne nutrition des enfants et des explications sur un non-lieu d’anomalie, lorsqu’à la naissance, l'enfant sort par les pieds au lieu de la tête, ou fait les premières dentitions à partir de la gencive supérieure. La Maison de la Joie, explique la mère Agossoukpèvi, comprend maintenant un laboratoire d'essai et une unité de culture de spiruline, une algue riche en protéines, qui fait partie de la nutrition des enfants souffrant de graves pénuries alimentaires. La communauté religieuse gère également un dispensaire où chaque jour sont guéris des malades.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici