Tchad : Engagement dans le service de la charité et du développement
Par Jean-Pierre Bodjoko, SJ - Cité du Vatican
Entretien avec Mgr Edmond Djitangar, archevêque de Ndjamena
« Habituellement quand nous nous retrouvons comme évêques et pasteurs de l’Eglise famille de Dieu au Tchad, nous commençons par faire le tour de la situation socio-économique et des questions de l’heure qui préoccupent les tchadiens », a dit d’emblée Mgr Edmond Djitangar. L’archevêque de Ndjamena a ainsi décrit leur méthode du travail, lors de leurs assemblées : A l’issue de la première session de la Conférence Episcopale nous sortons ce que nous appelons, le message de Noël des évêques qui s’adresse aux fidèles catholiques, mais aussi à toutes les personnes de bonne volonté, parce que les sujets que nous abordons touchent la population, le social surtout. La deuxième session qui a lieu habituellement en avril est l’occasion de revenir sur certaines questions ou d’actualité, encore plus urgentes et qui demandent que l’Eglise puisse donner des orientations, des instructions aux fidèles pour ne pas se sentir désemparé. C’est le cas cette fois-ci avec cette déclaration que nous avons faite à la suite d’un forum national inclusif.
Les évêques tchadiens ont ainsi abordé le point qui, par la suite des événements, vient de voir leur pays basculer dans la 4e République, après le passage en force du gouvernement en place. L’archevêque de Ndjamena qualifie cela d’une sore de dictature car le peuple devait être consulter par référendum.
La Diya est cette pratique dérivant de la loi islamique qui signifie le prix du sang et s’inscrit dans le cadre de la loi du talion (qisâs). C’est aussi l’un des préceptes fondamentaux du judaïsme primitif : tout sang versé doit être expié.
Cette pratique se répand dangereusement au Tchad et les évêques de ce pays n’ont pas voulu se taire à ce sujet, car les victimes se comptent aussi parmi les chrétiens. « Nous avons demandé que la justice et le droit positif soit rétablis », a déclaré Mgr Djitangar, ajoutant que la justice au Tchad n’existe pratiquement pas. On a tendance à laisser au bon vouloir du chef qui décide, et ce sont les chefs de brigades ou de gendarmerie qui se substituent aux juges et qui donnent des sentences : C’est souvent des amendes énormes pour leur enrichissement.
Processus d’institution de la 4ème République : le peuple devrait se prononcer
Réclamant que le peuple soit consisté pour un changement substantiel de la Constitution du pays, l’archevêque de Ndjamena a soutenu que lui et ses confrères dans l’épiscopat se sont basés sur la Constitution qui dit tout simplement que des décisions aussi importantes que le changement de la règle la plus élevée de l’ordre juridique d’un pays, devraient nécessairement passer par un référendum. « Le peuple devrait se prononcer, or ce n’est pas le cas ». On touche à la Constitution et à la réorganisation interne.
La Constitution actuelle, issue de la Conférence nationale, et qui avait été votée per référendum, a été torpillée, selon les évêques tchadiens. « Nous nous retrouvons avec une Constitution qui ne correspond plus à celle qui avait été votée au référendum. En plus, on veut encore la changer, alors en ce moment-là nous avons dit : trop c’est trop », a tonné Mgr Djitangar, qui a précisé que le mandat présidentiel a été changé, les verrous de limitation de mandat ont sauté, et maintenant on vient de reculer l’âge de candidature à la présidence…
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici