M. Hery Rajaonarimampianina, Président de Madagascar M. Hery Rajaonarimampianina, Président de Madagascar 

Le président malgache, Hery Rajaonarimampianina pour le retour aux valeurs fondamentales de l’homme

Venu participer aux cérémonies du cardinalat de l’archevêque de Toamasina, Désiré Tzarahazana, le président de Madagascar a reconnu la place prépondérante de l’Eglise catholique dans son pays.

Jean-Pierre Bodjoko, SJ – Cité du Vatican

Le président Rajaonarimampianina n’a pas manqué d’éloge envers l’Eglise catholique de son pays, en marge des cérémonies du Consistoire qui a vu Madagascar avoir de nouveau un cardinal, après 8 ans d’attente.  Avant le Cardinal Désiré Tzarahazana qui vient d’être élevé à cette dignité par le Pape François, ce pays avait déjà eu trois cardinaux : le Cardinal Jérôme Rakotomalala, qui était archevêque d’Antananarivo de 1960 à 1975 avait été élevé au rang de Cardinal en 1969. Son successeur, le Cardinal Victor Razafimahatratra, était à la tête de l’archidiocèse d’Antananarivo de 1976 à 1993. Le Cardinal Armand Gaétan Razafindratandra était aussi promu à cette dignité après avoir pris la tête de l’archidiocèse d’Antananarivo en 1994.

Le rôle du chrétien est important à Madagascar

Ainsi, pour le président Rajaonarimampianina, l’élévation du nouveau cardinal est tout simplement exceptionnel. Pour lui, « tout le monde pense que c’est le bon moment, et ça ne peut être vraiment qu’une émotion intense, que vivent les malgaches, particulièrement les chrétiens catholiques qui sont éparpillés partout dans le monde ».

La conviction de M. Rajaonarimampianina est que  le rôle du chrétien est important dans un pays. Il faudrait, croit-il, véhiculer les valeurs chrétiennes, qui semblent être importantes dans ce monde, qui est quelquefois en difficultés en termes de repères au niveau des valeurs.

« Il est temps vraiment qu’on revoie ce retour vers les valeurs fondamentales de l’homme. Je crois que le fait d’être chrétien est important », a déclaré le président malgache, qui a en outre indiqué que sa présence à cet évènement était pour encourager le Cardinal Désiré Tzarahazana.  

Et s’il devait parler de l’importance de la communauté catholique à Madagascar ? « Je crois que parmi la communauté chrétienne en générale, les catholiques représentent à peu près la moitié. Et ça je pense que c’est important. Ça se chiffre à plusieurs millions de personnes à Madagascar. C’est une communauté dynamique, non seulement en terme de foi mais aussi en terme d’appui, d’intervention, de participation au niveau social », a soutenu le président Rajaonarimampianina . Il a précisé que l’Eglise catholique était dans l’éducation, la santé, et dans tout ce qui est secteur de développement, comme l’agriculture, les infrastructures, et bien d’autres.

“Le Saint-Siège est un peu une deuxième patrie”

Le président malgache est revenu aussi sur la célébration l’année dernière de 50 ans de relation diplomatique entre le Saint-Siège et son pays. « 50 ans, c’est déjà une preuve de bonnes relations », a-t-il dit. Il a ensuite affirmé que l’on oublie souvent que le Vatican était un Etat « qui a vraiment un grand rôle à jouer ». Pour M. Rajaonarimampianina, le rôle que le Vatican a joué à Madagascar depuis 50 ans est un rôle bien important et il dépasse les aspects uniquement normaux en termes de relation, « parce que le Vatican c’est aussi une deuxième patrie pour les chrétiens catholiques ».

Candidat ou non pour l’élection présidentielle prochaine ?

M. Rajaonarimampianina n’a pas voulu répondre directement à cette question, même si à travers ses paroles, on pourrait imaginer qu’il reste en lisse. « Moi, mon rôle c’est d’aller jusqu’au bout, jusqu’à la limite de la possibilité de travailler, sans que cela ne puisse pas porter ombrages au processus (électoral). Je crois que le jour venu, cette candidature serait annoncée », s’est contenté de dire M. Rajaonarimampianina.

Il a soutenu qu’il avait toujours manifesté sa volonté de mettre un processus électoral paisible, transparent, crédible, accepté par tout le monde. « Je suis un président élu à partir d’un processus électoral qui a été je le crois, transparent, crédible, donc je suis convaincu que c’est le seul moyen de renforcer la démocratie », a affirmé le président malgache.

Comment se porte l’économie ? 

« L’économie va pour le mieux. Aujourd’hui en 2018 ; le taux de croissance est de 5%. On est nettement supérieur à la moyenne mondiale. Cela atteste la bonne santé de l’économie. Depuis que je suis président, on est passé de 3 à 5 % », a soutenu M. Rajaonarimampianina qui espère que dans les années à venir, on devrait être au-dessus de 5% pour avoir des résultats palpables. 

Niveau de vie de la population

« Il faut d’abord retourner en arrière pour dire d’où est-ce qu’ on est parti. J’ai pris la fonction de président en janvier 2014. Selon les statistiques venant des bailleurs de fonds, il y avait 92 % de taux de pauvreté dans le pays. Donc vous imaginez un peu la situation dans laquelle j’ai pris en main ce pays », s’est défendu le président malgache devant l’écart entre la croissance économique et le niveau de pauvreté de la population dans son pays.

On n’a jamais vendu une partie de Madagascar

Il a indiqué que ce n’était pas à coups de baguette magique qu’on allait changer du jour au lendemain le niveau de vie de la population malgache. Il a indiqué avoir mis en place une vision des activités qui sont de nature structurant et qui vont permettre de changer le niveau de vie des malgaches.

Au sujet du dossier délicat de « vente » ou d’accaparements de terres dans différentes régions de Madagascar, le président Rajaonarimampianina a affirmé qu’il y avait des situations ou on a donné des baux à long terme à des compagnies étrangères, et que souvent on assimile ces compagnies à des pays. « Jusqu’à plus d’un million d’hectares juste pour une société », a-t-il indiqué.          Pour lui, les malgaches, dans leur culture, sont attachés à leur terre. Donc que ce soit vendu ou loué à long terme à des beaux, ça poser des problèmes. « Moi je crois qu’ il était de mon devoir de rajuster les choses », a soutenu, M. Rajaonarimampianina.

Né le 6 novembre 1958, M. Rajaonarimampianina est président de Madagascar depuis le 17 janvier 2014. Il était officiellement proclamé président de la République par la Cour électorale spéciale, avec 53,49 % des suffrages devant son adversaire, Jean-Louis Robinson, crédité de 46,51 % des voix.

Entretien du président malgache, Hery Rajaonarimampianina, avec Jean-Pierre Bodjoko, SJ

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Le Président malgache, Hery Rajaonarimampianina, dans nos murs
01 juillet 2018, 19:26