Synode : « J’espère de ce Synode, de la motivation pour qu’au retour dans mon pays, j’essaie d’être plus ouvert aux jeunes », déclare Mgr André Gueye
Jean-Pierre Bodjoko, SJ – Cité du Vatican
« C’est la première fois que j’assiste à un synode, je suis plein d’émotion et d’action de grâce pour cette opportunité que l’Eglise m’a donnée, d’apporter notre contribution en tant qu’Eglise du Sénégal, à la marche et à la vie de l’Eglise universelle. Ce synode et providentiel pour notre jeunesse et pour notre Eglise », s’est réjoui Mgr André Gueye.
Les jeunes du Sénégal au sein de l’Eglise
L’évêque de Thiès se dit touché par l’enthousiasme des jeunes dans l’Eglise, et la foi avec laquelle ils vivent dans cette famille de Dieu et dans la société. Une foi qui, selon lui, a besoin d’être accompagnée et soutenue. Dans le contexte précis du Sénégal, Mgr Gueye estime que le défi du dialogue interreligieux islamo-chrétien est à relever. « Les jeunes sont dans le combat, face à ce défi et ils sont prêts à le relever. Nous en sommes très fiers malgré les difficultés de tous les jours », a ajouté Mgr Gueye.
La cohabitation jeunes chrétiens et musulmans au Sénégal, pays majoritairement musulman
« On sent d’abord la volonté des jeunes chrétiens catholiques, à approfondir leur foi, pour ne pas rester enfermés sur eux-mêmes, mais pour aller à la rencontre des autres jeunes, musulmans surtout, pour bâtir notre pays. Les relations sont généralement bonnes, malgré les petites difficultés inhérentes à toute cohabitation. Mais nous rendons grâce à Dieu pour la bonne cohabitation, et nous nous donnons le défi d’être vigilants, afin que cette bonne cohabitation soit préservée parce que nous assistons toujours à quelques influences étrangères qui veulent saper cette harmonie».
L’immigration clandestine, une option pour nombre de jeunes sénégalais
Le phénomène de l’immigration clandestine des jeunes africains reste un véritable casse-tête pour les gouvernements. Le Sénégal n’est pas en reste. « Le Sénégal est un pays stable, il n y a pas de raisons pour être refugiés ailleurs. C’est surtout la question économique qui fait que beaucoup de jeunes quittent le pays dans l’espoir de trouver un lendemain meilleur », explique Mgr André Gueye. Face à ce phénomène , l’évêque de Thiès lance un appel pressant à la jeunesse, celui de lutter sur place pour le développement du pays. « Si les forces vives s’en vont, qui va rester pour développer notre pays. Chacun aspire à une vie meilleure. Pourtant, si tout le monde s’y mettait, nous pourrions sur place trouver ensemble les moyens pour le développement. Je lance donc un appel à toutes les autorités, politiques surtout, afin que nous nous engagions vraiment à créer toutes les conditions pour permettre aux jeunes de rester sur place, de s’occuper de leurs familles, de n’être pas séparés de leurs traditions, de leurs relations humaines, et pour développer le pays, parce que le développement n’est pas seulement matériel, mais aussi humain, donc basé sur les relations, basé sur tout ce qui fait que le jeune peut être épanoui, cela dépasse uniquement le cadre économique ».
Le rôle de l’Eglise dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine
« Si tout le monde avait conscience de ce danger, je crois que certains seraient restés à la maison. C’est d’abord une conscientisation sur les dangers que comporte cette aventure, mais l’Eglise essaie, à travers les œuvres caritatives, d’offrir aux jeunes, des opportunités, pour qu’ils puissent développer des activités économiques, et forger leur avenir sur place. C’est surtout avec la Caritas qui accordent des micro crédits pour de petits projets ». Nous avons, a poursuivi Mgr Gueye, une initiative prise par l’Eglise du Sénégal qu’on appelle Cori Micro Finances, qui aide beaucoup les femmes à créer leurs propres initiatives économiques et à développer leurs propres activités. L’Eglise prend en charge vraiment cette question, pour soutenir les projets viables que les jeunes présentent. Bien sûr, nous ne pouvons pas tout faire, nous sommes aussi touchés par la pauvreté. L’évêque de Thiès a indiqué en outre qu’il y avait aussi la formation que l’on offre aux jeunes. « Nous avons d’ailleurs, à Dakar, à Thiès et à Ziguinchor, créé des instituts de formation pour que les jeunes puissent aussi essayer de créer leurs propres entreprises, avec le soutien de l’Etat et de toutes les bonnes volontés internationales », a affirmé Mgr André Gueye.
Il souhaite que ce Synode apporte l’espérance et un peu plus de solidarité aux jeunes, qui puissent les aider à rester sur place, à créer leurs propres initiatives économiques. « J’espère de ce Synode aussi, de la motivation pour qu’au retour dans mon pays, j’essaie d’être plus ouvert aux jeunes, plus attentifs, plus accueillant et aider les jeunes à prendre leur place effective, dans la communauté catholique, dans l’Eglise », a-t-il conclu.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici