Elections législatives au Togo, l’horizon n’est pas serein
« Les Evêques, citoyens togolais, vos pasteurs, ne peuvent se résigner à garder silence à l'heure où, de nombreux signaux indiquent des dangers imminents pour notre Nation. Alors que se rapproche la date des élections législatives convoquées par le gouvernement, la tension ne cesse de monter et nous redoutons le pire si rien n'est fait à temps pour désamorcer la situation et apaiser le climat », peut-on lire dans la déclaration de l’épiscopat togolais, daté du 15 novembre 2018. En effet, il était réuni du 12 au 16 novembre 2018 à Aného pour leur troisième assemblée plénière.
L’horizon n’est pas serein
Dans cette déclaration, les Evêques togolais évoquent la situation de la population, qu’ils estiment « pris comme entre le marteau et l'enclume de deux groupes antagonistes qui l'utilisent, parfois inconsciemment ou comme bouclier humain ». Les uns, comme les autres, expliquent les évêques, « se servent de la population comme arme de conservation ou de conquête du pouvoir, à travers les marches de soutien et les manifestations de contestation souvent réprimées dans le sang.» Notre pays, "l’or de l'humanité", "la terre de nos aïeux", ne mérite pas ce cycle infernal de violence qui l’accable. Un cycle de violence qu’imposent continuellement les acteurs politiques, selon les évêques. Ils ne cachent pas leur désolation : « jusqu’à quand va durer ce cycle infernal de violence ? »
La préparation unilatérale des élections risque de conduire de nouveau le pays vers le chaos
L’épiscopat togolais, souligne l’évidence de la nullité de ces élections législatives, en l’absence de véritables réformes. Ainsi, il estime que « la préparation unilatérale des élections, en violation flagrante de certaines dispositions contenues dans la feuille de route des médiateurs de la CEDEAO, risque de conduire de nouveau le pays vers le chaos ». Pour preuve, « la lutte pour la liberté, la démocratie, l'alternance politique, ainsi que les processus de réconciliation dans le pays n'ont jamais abouti à cause de la mauvaise foi des acteurs politiques plus soucieux de leurs intérêts personnels que du bien commun ». Un changement profond dans la manière de gouverner et de faire la politique, c’est ce dont le Togo a besoin fondamentalement, martèle l’épiscopat. « Quel que soit celui qui sera à la tête de notre nation, si le système ne change pas, les problèmes, à coup sûr ne connaîtront pas de répit.»
Le Togo a besoin d’un changement profond dans la manière de gouverner
La crise togolaise qui dure depuis plus d’un an, couplée de violences post électoraux on occasionné « des morts, des orphelins, des blessés et des réfugiés». Les évêques togolais sont convaincus qu’« II faut absolument opérer les réformes ». « Pourquoi les réformes constitutionnelles et institutionnelles réclamées par l'opposition, promises par le gouvernement et recommandées par les facilitateurs de la CEDEAO tardent à se réaliser ? Pourquoi la révision du cadre électoral, notamment celle du fichier électoral et du découpage électoral patinent ? », les Evêques se font leurs, les interrogations des observateurs politiques. « Ces réformes sont une nécessité pour des élections vraiment équitables et conformes aux standards internationaux. » Le cas échéant, déplorent-ils, elles provoqueraient de nouvelles contestations et violences qui enfonceront davantage le pays dans la misère et le désarroi.
Appel à un sursaut patriotique
S’armant de leur vocation et de leur mission prophétique, les évêques appellent « à la raison, au sursaut patriotique, ainsi qu’à la prise de conscience de la valeur inestimable et sacrée de chaque vie humaine ». II faut, martèlent les évêques, que cessent la culture de l’impunité, les violences meurtrières et les atrocités que des togolais infligent à leurs propres frères et sœurs. Ils en appellent à la conscience et à la raison des acteurs politiques, pour un respect des engagements pris et de la parole donnée, des libertés, des règles démocratiques, à la mise en œuvre des réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales, seules susceptibles de garantir des élections libres, transparentes et crédibles, gage d'une paix durable. Les évêques invitent par ailleurs, à la mise en œuvre des mesures d’apaisement annoncées qui contribueraient énormément à la décrispation de la situation sociopolitique. « II est encore temps de nous ressaisir pour éviter le désastre. Il suffit de le vouloir sincèrement et de s'engager avec détermination dans la voie du redressement de notre société », concluent les évêques
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