Méditation dominicale : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture »
Nous venons de conclure, vendredi, la semaine de prière pour l’unité des chrétiens ; c’est justement de l’unité que nous parlent les trois textes de ce troisième dimanche du temps ordinaire C.
Le passage du livre de Néhémie décrit le premier rassemblement d’Israël au retour de l’exil, puis saint Paul célèbre, quant à lui, l’Esprit qui unit nos diversités pour édifier l’unique Corps du Christ , enfin l’Evangile montre les fidèles réunis dans la synagogue de Nazareth, les yeux fixés sur Jésus.
Tous les groupes humain ,familles, nations, églises, aspirent à l’unité. A toutes les époques , et encore davantage de nos jours où des moyens de communication plus performants rendent proches les hommes et les femmes qui vivent à des milliers de km de distance. Pourtant notre temps, celui de différents regroupements , comme la construction européenne, celui de l’Union africaine, celui des synodes à l’échelle continentale ou régionale, est malheureusement aussi celui des nationalismes ou des régionalismes exacerbés, et aussi, hélas, encore et toujours, celui des conflits meurtriers, religieux ou autres.
Notre monde semble empêtré dans une contradiction fondamentale : affirmation d’une solidarité humaine à l’échelle de la planète . Revendication du droit de chacun et de chaque groupe à être respecté dans l’ originalité de son identité. Selon l’heure ou le jour, au gré d’une actualité fluctuante, l’une ou l’autre de ces tendances domine. Des élans généreux réunissent des peuples très divers mais, en même temps, on ferme des frontières et on expulse des catégories de personnes qu’on nomme des clandestins, des irréguliers, des opposants, des étrangers…on jette sur des routes de l’exil des foules entières et parfois, on appelle au meurtre au nom du Dieu qu’on dit adorer. Aucun pays, aucun groupe humain même chrétien ne doit se croire immunisé contre ce mal. C’est un peuple à majorité chrétienne qui s’est violemment massacré au Rwanda, c’est une terre chrétienne qui, il y’a plus d’un demi-siècle, produisit l’horreur absolue de la solution finale avec les Juifs en Europe. En France , le massacre de ka Saint-Barthélemy, les dragonnades et les exécutions de la Terreur, … les traites négrières transatlantiques, furent l’œuvre des baptisés.
D’ailleurs beaucoup de nos sociétés pratiquent quotidiennement l’exclusion vis-à-vis de l’étranger, du pauvre, du marginal. Les forces de division sont à l’œuvre , même si nous professons que tout homme et toute femme est image de Dieu, même si nous voulons bâtir un monde plus fraternel dans l’attente du retour glorieux du Christ et de l’avènement de son Royaume.
Si nous sommes empêtrés dans ces contradictions c’est sans doute parce que nous rejetons dans un avenir mythique l’unité des adorateurs du Père. Ce qui nous autorise à accepter, voire à promouvoir aujourd’hui toutes sortes de sectarismes. Les Juifs au temps de Jésus raisonnaient d’ailleurs ainsi. Ils avaient les yeux fixés sur Jésus qui commentait l’oracle du Prophète Is. annonçant une ère de concorde fraternelle et de prix . Un beau rêve ! Cependant pour Jésus , il ne s’agit pas d’un rêve mais d’une réalité : « cette parole de l’Ecriture c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ».
Les contemporains de Jésus attendaient le Messie et ne l’ont pas reconnu. Sommes-nous plus perspicaces ? « Cette parole de l’Ecriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». Cette affirmation du Christ est difficile à recevoir ! Il faut la comprendre à la lumière des paraboles du grain jeté en terre ou du levain dans la pâte. La Parole s’accomplit aujourd’hui certes, mais elle n’est encore qu’un germe appelé à croître. Mais elle a besoin de nous, de nos lèvres, de nos cœurs, de nos mains pour se manifester. Elle a besoin de nous tous , qui que nous soyons, car le corps a besoin de tous ses membres. C’est par notre engagement quotidien que l’oracle du prophète Isaïe s’accomplit.
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