Au Tchad, les jésuites cultivent de l’ artemisia pour lutter contre le paludisme
L’artémisine est une substance active médicamenteuse isolée de la plante artemisia.
Elle s’est révélée particulièrement efficace dans la lutte contre le paludisme. C’est en 1972, que le pharmacien chinois Tu Youyou a réussi à l’isoler. Apportée en Afrique par des médecins asiatiques, l'artémisinine a contribué à réduire les effets du paludisme.
Une entreprise délicate
La culture de l’artemisia dans la région du Guéra n’est pas une entreprise facile, explique le père Franco Martellozzo. En effet la région souffre d'une désertification croissante due à la déforestation, à l'exploitation accrue des ressources et aux violentes tempêtes de sable. Dans ce contexte, les arbres à feuilles comestibles disparaissent progressivement. Aux côtés des espèces indigènes rares à préserver, les plantes médicinales représentent une part de plus en plus importante de l'arboretum. Les graines de l’artemisia sont si fragiles qu'elles doivent être irriguées par pénétration capillaire dans des récipients spéciaux. Ensuite, les premières plantes sont transplantées dans des endroits protégés et, c’est seulement deux mois plus tard, qu’ils sont mis en terre. Pour réaliser ce jardin botanique, un système d'irrigation a été construit et fonctionne grâce à un système électrique solaire. L’artemisia, poursuit le jésuite, servira ensuite à fabriquer l'artémisine, dans l'espoir de mettre un terme au paludisme.
Données sur le paludisme
Le paludisme est l'une des maladies les plus répandues et les plus mortelles en Afrique. Selon l'Organisation mondiale de la santé, en 2018, il y a eu 216 millions de cas dans le monde et 445 000 décès dus au paludisme , dont 194 millions de cas en Afrique et 407 000 décès. Plus de 70% des décès dus au paludisme surviennent chez les enfants de moins de 5 ans, 80% de ceux-ci vivent en Afrique subsaharienne. Outre son fort impact sur la santé, la maladie a également un impact majeur sur le développement économique. Depuis 2000, le paludisme a coûté à l'Afrique subsaharienne 300 millions de dollars par an rien que pour la prise en charge des cas.
L'engagement de Magis
Le projet de l'arboretum a été rendu possible par Magis, Mouvement jésuite italien et Action pour le développement, en collaboration avec la communauté jésuite sur le terrain, qui a conçu la construction du jardin botanique d'Oyo, où sont plantées des espèces en danger dont de l’Artemisia. Ces espèces sont ensuite étudiées pour connaître leurs propriétés thérapeutiques et les méthodes de reproduction les plus efficaces. Les moyens sont modestes et tiennent compte des ressources et des capacités de la population locale. Chaque activité est réalisée avec la participation active de la population locale. Une centaine d'arbres ont également été plantés. L'objectif, explique Magis, est de sensibiliser les hommes et les femmes qui sont les principaux gardiens de leurs terres et qui ont la responsabilité d’en prendre soin.
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