Mgr Madega Lebouakehan : l’écoute est primordiale pour la guérison de l’âme blessée
Entretien réalisé par Jean Pierre Bodjoko, SJ – Cité du Vatican
La question de l’écoute des victimes des abus, a été largement évoquée dans les différentes interventions à l’ouverture du de la rencontre sur la protection des mineurs qui se déroule au Vatican du 21 au 24 février 2019. Mgr Mathieu Madega Lebouakehan, évêque du diocèse de Mouila, et président de la Conférence épiscopale du Gabon et vice-président du Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et Madagascar, SCEAM, évoque l'écoute comme un aspect majeur au début de la Rencontre pour la protection des mineurs.
La protection est un cadre général et ici nous nous limitons au cadre d’abus. Nous ne pouvons pas ne pas reconnaître qu’avec les mass-médias, avec la mobilité des personnes , les problèmes qui se passent à un point de la terre deviennent par le fait même de la mondialisation et des mass-médias, des problèmes mondiaux. Et quand nous parlons d’écoute, il est bon de savoir que dans toutes situations, de vulnérabilité, de peine et de misère toute personne aime être écoutée. Mais j’ai envie de dire que notre écoute doit être « coefficientée » par la foi. Parce que Dieu est le père tendre, bon et miséricordieux qui nous écoute toujours et quand nous nous adressons à lui il nous arrive de nous poser la question de savoir : est ce qu’il nous écoute ou pas. Mais dans la foi nous devons toujours avoir confiance qu’il nous a écoutés. Et nous aussi ce que nous avons entendu ce matin c’est justement l’importance de cette écoute. Lorsqu’une personne est écoutée on a déjà beaucoup avancé…. Et bien sûr il faut davantage écouter une personne vulnérable parce qu’on a besoin de plus d’attention quand on est vulnérable. Je pense qu’après l’invocation de l’Esprit par le Veni Creator qui nous ouvre à l’écoute de Dieu, à l’écoute entre nous et à l’écoute de l’Homme intérieur avec justement cette attention aux plaies… Et le texte pris par le Cardinal Tagle qui se réfère à l’Evangile de la résurrection de Jésus avec l’absence de Thomas qui dit « si je ne mets pas mes mains dans ses marques je ne croirai pas »... Justement son Eminence nous a invités à cette réalité des plaies qui est un point de contact avec bien sûr la réalité du ressuscité, mais le ressuscité qui est d’abord mort. Nous voulons tous ressusciter de toutes les situations que nous avons, mais bien sûr une résurrection qui n’efface pas les blessures mais qui nous pousse à aller au-delà des blessures
Sur quel point devrait-on insister davantage au cours de cette rencontre ?
Comme nous ne sommes qu’aux deux premières interventions nous ne pouvons pas déjà nous limiter à un point. Mais le point de départ c’est déjà l’écoute… Et dans n’importe quelle situation… Même lorsque nous allons à l’hôpital avant de prescrire des analyses, avant de diriger un malade vers un spécialiste, il faut d’abord l’écouter.
Et donc comme base et comme organisation aussi de notre rencontre l’écoute est la chose primordiale. Sans l’écoute on ne peut pas avancer… D’abord l’écoute, encore l’écoute, et toujours l’écoute et c’est dans cette écoute attentive, ouverte en mettant Dieu au centre que nous pouvons trouver des solutions. Sans écoute tout est escamoté. Donc l’importance de l’écoute. Eh bien, une écoute si elle est bien faite elle ne peut pas ne pas montrer le chemin à emprunter. Comme pour prendre le cas médical, des analyses à faire, des spécialistes à consulter et bien une solidarité visant le salut de l’âme. Parce que si le corps est blessé c’est parce que l’âme est blessée et vice-versa.
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