Méditation dominicale : Transfiguration et promesse
Nous sommes tous descendants d’Abraham dont nous parle la première lecture de ce deuxième dimanche de Carême année C.
En effet, chaque famille descend d’un ancêtre. Nous, croyants chrétiens, nous descendons de ce vieil homme. Notre foi s’enracine dans la sienne. Nous existons comme chrétiens parce qu’il a cru en la promesse que Dieu lui faisait : « Vois quelle descendance tu auras ! » dit Dieu en lui montrant les étoiles du ciel. A cette promesse s’en ajoute une seconde : « A ta descendance, je donne ce pays que voici ».
La scène de la transfiguration est tout autre que les sacrifices d’animaux d’Abraham, mais c’est Jésus, le vêtement étincelant, le visage transformé. Mais Marc lie explicitement cette scène à la résurrection de Jésus, qu’elle annonce… Pierre, Jean et Jacques ont ainsi le privilège de contempler Jésus avec sa figure de ressuscité. La transfiguration serait déjà essentielle si elle anticipait seulement la résurrection. Paul précise en effet : le Christ « transformera nos pauvres corps en corps glorieux » ; c’est-à-dire que nous serons semblables à Elie, à Moïse et à Jésus lui-même. Par-là, nous sommes déjà « citoyens du Ciel ».
Citoyens du Ciel ! En entendant ces mots de Paul ne restons pas tranquillement assis sur nos chaises comme s’ils ne nous concernaient pas. Car il faut se retourner et revenir à Abraham. La promesse d’une terre, qui lui avait été faite, s’est elle aussi , transfigurée : ce n’est plus une terre que Dieu promet, c’est le Ciel. Le Ciel est notre terre promise. Ce qui n’a pas changé en revanche, c’est la foi requise. Abraham est justifié parce qu’il a eu foi dans le Seigneur.
Mais n’attendons pas les promesses d’une manière passive comme Pierre suggère à Jésus sur la montagne de la transfiguration : il est heureux que nous soyons ici, restons-y et attendons que ce moment extraordinaire recommence. Mais l’attente qui nous est proposée est celle d’Abraham qui sort de son pays, croit tout de Dieu, même l’incroyable, et met ainsi le monde en mouvement. Paul, saisi par la foi, prend le relais d’Abraham.
Il se lance à corps perdu dans l’annonce de l’Evangile. Car on n’attend pas la réalisation des promesses, c’est-à-dire le sauveur comme on attend le train, l’autocar de ligne ou le taxi-brousse, immobile. On attend le Sauveur en bougeant, en marchant à sa rencontre, en faisant sa volonté.
Voilà pourquoi le Carême doit raviver notre espérance et renforcer notre foi. Quand Paul écrit en pleurant : « beaucoup de gens vivent en ennemis de la Croix du Christ. Leur dieu, c’est leur ventre, ils ne tendent que vers les choses de la terre ». Etre du côté du Christ, du côté de sa croix, c’est renoncer à ce qui alourdit, à ce qui masque notre figure d’enfant de Dieu. Le Carême nous invite à être dans une attitude de veille. A prier, à prier davantage et à nous convertir.
C’est pendant qu’il priait que Jésus a connu la transfiguration. La prière nous permet déjà à nous, pécheurs, de recevoir l’illumination. C’est elle qui nous mène aussi à Dieu. Mais la prière nous mène aussi au monde. Les Apôtres n’ont pas pu s’attarder dans la contemplation de leur maître enveloppé de la lumière de son Père. De même, si la prière nous a amenés à des sommets, il nous faut en descendre. Car le parti de la Croix nous engage à agir : donner, partager au nom du Christ, même si nous prononçons ce nom dans le seul fond de notre cœur ; et le moment venu, annoncer le Royaume de Dieu. Alors héritiers d’Abraham, compagnons du Christ sauveur, nous connaîtrons l’accomplissement de la promesse et nous vivrons éternellement dans la gloire.
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