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Au Sahel, la lutte du CILSS pour une transhumance apaisée

Au Sahel, la recrudescence des conflits entre les agriculteurs et les éleveurs inquiète le Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel, le CILSS en sigle. C’est ce qui justifie le Projet Régional d'Appui au Pastoralisme au Sahel, qui a pour objectif d’aider les communautés à changer les clichés négatifs qu'ils ont du pastoralisme. Régine Bandé est experte en communication pour le Projet Régional d'Appui au Pastoralisme au Sahel, au sein du CILSS.

Entretien réalisé par Dulce Araujo Évora – Cité du Vatican

Le Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel, CILSS, est né dans un contexte de grandes sécheresses qui ont frappé le Sahel dans les années 1970 et 1980. Ces sècheresses ont occasionné des troubles dans plusieurs pays. Le CILSS, a donc vu le jour le 12 septembre 1973, et s’est assigné le mandat de s’investir dans la recherche de la sécurité alimentaire et dans la lutte contre les effets de la sécheresse et de la désertification, pour un nouvel équilibre écologique au Sahel. Parmi les projets du CILSS, il y a le Projet Régional d'Appui au Pastoralisme au Sahel, lancé en 2015. Ce projet a pour objectif « de changer les clichés négatifs qu'ont les populations sur le pastoralisme ».

Pas de développement sans pastoralisme

« Il n'y a pas de développement sans pastoralisme. Le pastoralisme contribue à plus de 30 à 40% du PIB des économies de la plupart des pays du Sahel », commence par expliquer Régine Bandé. En effet, le CILSS connaît de grandes difficultés liées aux conflits entre éleveurs et agriculteurs. Les pays côtiers, membres de de l’organisation, estiment que le pastoralisme a un côté négatif, notamment sur l’environnement. Le pastoralisme est lié à la transhumance. Etant donné que les pays du Sahel sont quelquefois confrontés à des questions de sécheresse, de crises pastorales et de pluviométries réduites, des mouvements de plusieurs troupeaux vers les pays côtiers où il y a encore des ressources pastorales en eau et en herbe s’avèrent alors nécessaires. « Au cours de la traversée, le couloir de transhumance étant occupé par des champs, il peut y avoir des destructions de champs. L’autre problème qui se pose est qu’en réalité les couloirs de transhumance sont faits pour les animaux et non pour l’agriculture », explique l’experte en communication du Projet Régional d'Appui au Pastoralisme au Sahel. Dans ce tableau, les pays côtiers estiment qu'il faut sédentariser l'élevage. Cette mesure, selon Régine Bandé, n’est pas une alternative viable dans la mesure où il y a beaucoup d'échanges. Ainsi « en voulant sédentariser l'élevage on va contribuer aussi à réduire les échanges entre les communautés ». Elle préconise plutôt une revalorisation du pastoralisme pour le rendre beaucoup plus viable.

Travailler à minimiser les conflits 

Face à cette situation de conflits qui, selon l’experte en communication du Projet Régional d'Appui au Pastoralisme au Sahel, est liée en grande partie à la manipulation de l'information, « il faut travailler à minimiser tous les conflits ». Le Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel, CILSS, accompagne les différents pays à travers des outils développés pour la sensibilité aux conflits. « Lorsqu’il y a une activité, il faut faire un squealing, pour voir à quelle échelle cette activité, au lieu de profiter à la communauté peut plutôt tendre à fragiliser ces communautés », explique Régine Bandé. La vision du projet est de faire comprendre aux communautés que le pastoralisme est une activité qui profite tant aux pays sahéliens qu’aux pays côtiers. Même si les pays membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, CEDEAO, ont ratifié le Pacte sur le pastoralisme et la transhumance, la mise en pratique de ses textes pose des problèmes. Quelques fois, témoigne Bandé, « vous rencontrez des communautés qui vous disent : ce sont les états qui ont signé et non les communautés ». C’est donc un travail de longue haleine qui revient au CILSS, dans la mise en place des politiques de transhumance apaisées ou de dialogues transfrontaliers. « Nous avons mis en place des mécanismes de concertation. Les pays qui se retrouvent sur le même corridor, se rencontrent et ils essaient d'échanger sur les défis. »

Des motifs d’espérances

Le Projet Régional d'Appui au Pastoralisme au Sahel du CILSS, a été lancé en 2015 avec une durée opérationnelle de six ans. A mi-parcours du projet, Régine Bandé estime qu’il y a des motifs d’espérance : « le pastoralisme a été un motif de satisfaction mais long comme processus. Nos acquis, c’est de voir certaines mentalités changer et même des pasteurs qui témoignent de leurs implications sur le terrain ». Le Projet Régional d'Appui au Pastoralisme au Sahel a une autre composante qui est la mise en place des activités génératrices de revenus pour les femmes et les jeunes. Nous pensons que cela tient aussi à autonomiser certaines femmes et même certains jeunes qui sont les piliers de la famille, en termes de résultats. D’autres projets sont encore en cours. A court terme, le CILSS veut s’impliquer davantage dans la gestion des ressources naturelles et des puits pastoraux.

 

Entretien avec Régine Bandé

 

 

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01 avril 2019, 18:04