Côte d’Ivoire : le Cardinal Jean Pierre Kutwa invite son presbyterium à se mettre au diapason des exigences du monde
Françoise Niamien (Avec Marcel Ariston Blé) - Cité du Vatican
Entouré de son presbyterium, le cardinal Jean Pierre Kutwa, l’archevêque d’Abidjan a présidé la messe Chrismale le mardi 16 avril en cathédrale Saint Paul du Plateau. Renouvellement des promesses sacerdotales, bénédiction des saintes huiles des catéchumènes et des malades puis consécration du saint chrême, ont constitué les temps forts de cette eucharistie. Dans son homélie, le cardinal Jean Pierre Kutwa a centré sa réflexion sur la lettre du Pape François sur le cléricalisme dans l’Eglise. En effet, souligne le cardinal : « on a beau jeu de penser que ce qui arrive ailleurs peut sembler lointain. Mais à la vérité, en analysant ce que nous partage le Saint Père et en se l’appropriant, il nous est possible de pouvoir l’adapter aux situations concrètes qui sont les nôtres, et qui peuvent constituer également des situations de grandes souffrances pour nos jeunes Eglises d’Afrique, et disons-le, pour notre archidiocèse d’Abidjan ». C’est pourquoi l’archevêque d’Abidjan a souligné l’importance de la rénovation des promesses sacerdotales qui doit être perçue et comprise comme le nécessaire « aggiornamento (mise à jour) » qui met au diapason des exigences du monde, lequel, poursuit le cardinal, est devenu très critique vis-à-vis de la religion catholique et se délecte à souhait des souffrances qui peuvent être les siennes.
Des souffrances au Christ
S’adressant toujours aux membres de son presbyterium, l’archevêque d’Abidjan les a exhortés à une véritable prise de conscience de ces situations de souffrances et à les découvrir d’abord au niveau personnel dans leur relation avec le Christ. En outre, il leur a demandé d’avoir toujours à l’esprit la conscience que « le presbytérat est à la fois grâce et mission, sanctification et apostolat, consécration et envoi pour un service particulier à exercer dans l’Eglise et dans le monde d’aujourd’hui ».
L’Orgueil et l’autosuffisance, la trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang, se révèlent à ses yeux comme « les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le cœur ». Ainsi, fait savoir le cardinal Kutwa, « Il peut arriver que nous-mêmes causions des souffrances au Christ notre Maître et Seigneur ! Nous devons davantage prendre conscience, sans minimiser les autres types de souffrances, que nous avons des efforts à fournir dans notre marche à la suite du Christ ! » « Que peut-on attendre de disciples qui baignent dans la trahison face au Maître ? Nous reconnaissons-nous dans cette manière de voir les choses ? L’Humilité et la douceur président-elles encore dans chacun des actes que nous posons ? Avons-nous conscience que réclamer des honoraires pour des messes que nous n’avons pas célébrées effectivement est une forme de trahison qui blesse le cœur de notre Rédempteur ? » a interrogé l’archevêque métropolitain d’Abidjan.
Douleur des victimes d’abus, notre douleur
S’agissant de la douleur des victimes d’abus et de leurs familles, l’archevêque d’Abidjan a affirmé qu’elle est aussi la leur en tant que prêtres car si un membre souffre, c’est tout le corps qui souffre avec lui. Cela exige, estime le cardinal, des prêtres qu’ils dénoncent tout ce qui met en péril l’intégrité de toute personne et luttent contre tout type de corruption, spécialement la corruption spirituelle. Se tournant enfin vers les fidèles présents, l’archevêque métropolitain d’Abidjan, leur a demandé de prendre la place qui est la leur dans l’annonce de la Bonne Nouvelle du Christ en s’engageant à aider leurs prêtres, sans être leurs complices. La délation, la médisance, le manque de correction fraternelle ne sont pas de nature à favoriser le vivre-ensemble pour rendre efficace l’annonce de la Parole de Dieu, a-t-il averti.
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