Accord-Cadre Saint-Siège-Burkina Faso : « Jour mémorable » (Mgr Laurent Birfuoré Dabiré)
Jean-Pierre Bodjoko, SJ – Cité du Vatican
Un tel événement d’une si grande portée pour l’Eglise Famille de Dieu qui est au Burkina Faso, ne pouvait laisser indifférents les pasteurs de ce pays. C’est la raison pour laquelle son Eminence Philippe Ouédraogo, Cardinal-archevêque métropolitain de Ouagadougou a fait le déplacement de Rome. Avec lui, évidemment, le président de la conférence épiscopale, Mgr Laurent Birfuoré Dabiré. Pour ce dernier, la signature de l’Accord-cadre entre le Saint-Siège et le Burkina Faso est un jour mémorable, non-seulement pour les Burkinabè mais aussi pour la conférence épiscopale qui regroupe les évêques du Burkina et du Niger. « On voit se matérialiser et signer un accord tant attendu pour encadrer les relations entre l’Eglise et de l’Etat au Burkina Faso. Donc nous sommes remplis de joie et nous remercions toutes les personnes qui ont fait en sorte que cet accord soit signé aujourd’hui », a déclaré Mgr Birfuoré Dabiré.
Attentes de l’Eglise burkinabè
Pour l’évêque de Dori, cet Accord-cadre c’est d’abord une plus grande visibilité dans la collaboration entre l’Eglise et l’Etat. Un accord sert à baliser le chemin entre les parties contractantes. Donc, cet accord va permettre à l’Eglise d’agir de façon légale, étant reconnue et protégée. La coopération ne peut qu’avancer et l’évangélisation sera beaucoup plus soutenue et relancée. Ensuite, avoir cette personnalité juridique permet de poser sans encombre les actes de la vie publique.
Le président de la Conférence épiscopale du Burkina-Niger soutient que la situation d’insécurité est maintenant un fait connu de tout le monde. « Depuis 2015, on assiste à des attaques à répétition qui ont commencé par l’agression contre des forces de défense et de sécurité, puis des attaques ciblant les autorités administratives, coutumières et religieuses, et maintenant les populations civiles, dont en particulier les communautés catholique et protestante. C’est dans cette dynamique malheureuse qu’un prêtre de mon diocèse a été enlevé le 17 mars 2019 et un autre prêtre du diocèse voisin a trouvé la mort. C’est une situation qui se dégrade et qui amène de l’inquiétude au niveau des populations, étant donné qu’elles doivent fuir. Tout le monde se demande jusqu’à quand va durer cette situation. Et si ça continue ainsi, la société risque d’être désagrégée, vu que des crises et des conflits intercommunautaires commencent à poindre.
Le vivre ensemble et la tolérance sont des choses qui nous restent
Mgr Birfuoré Dabiré est convaincu que le vivre ensemble, la tolérance sont des valeurs encore présentes chez le peuple burkinabè et sur lesquelles ce peuple compte. Ce qui se passe, dit-il, peut être considéré comme une agression qui utilise la fibre ethnique ou religieuse pour avoir plus d’effet. Sinon la société en elle-même ne connaît pas de conflits ou de crises de cette nature et c’est peut-être ce qui fait que les effets sont encore limités.
Cependant, il estime que c’est une situation inquiétante parce que la fibre ethnique ou religieuse constitue un point sensible qui peut pousser à une situation dégénérée. « Le risque est encore plus grand, mais je pense que la société burkinabè a suffisamment de ressources, et elle est bien sûr aidée par les responsables de la sécurité afin qu’il y ait une paix physique et matérielle suffisante, pour que les esprits s’attachent beaucoup plus fortement aux valeurs de paix, du vivre ensemble, et de coexistence pacifique ».
Pays des hommes intègres
L’évêque de Dori souhaite que les valeurs fondamentales du Burkina Faso, pays des hommes intègres, puissent être le rempart dans ces circonstances difficiles. « Que l’agression extérieure ne nous atteigne pas. Après avoir tué un certain nombre de citoyens, que cette agression ne nous fasse pas perdre notre bien le plus cher qui est la cohésion sociale, la tolérance et la paix », a-t-il dit.
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