«Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte»
Ce verset, qui clôt la deuxième lecture de ce jour, tirée de l’épitre aux Hébreux, peut nous effrayer : « pour être fidèle à notre baptême, pour être victorieux dans notre lutte contre le péché, devons-nous aller jusqu’à verser notre sang ? ». Ni l’Evangile, ni donc l’Eglise, n’encourage le martyre ! Le martyre n’est pas l’objet d’un choix volontariste, qui ressemblerait à un sacrifice humain. Cela étant, le martyre doit rester une option possible et envisageable, lorsqu’il s’agit de rester fidèle au Seigneur ; il peut devenir le signe de notre attachement au Seigneur, quel qu’en soit le prix.
C’est l’exemple que nous donne aujourd’hui, dans la première lecture, la figure de Jérémie qui, bien que livré à la méchanceté de ses détracteurs, n’est pas prêt à compromettre le message dont il est le prophète, quitte à risque sa propre vie. En ce sens, Jérémie est la figure du croyant qui ne cherche pas d’abord à contenter les gens autour de lui, mais se préoccupe d’abord de sa fidélité à la radicalité de la parole de Dieu. Le chrétien doit être prêt à résister à tout ce qui peut le séparer de Dieu – au péché –, quel qu’en soit le prix !
C’est aussi là le message de l’Evangile de ce jour, où le Christ compare sa mission à un feu qui doit incendier toute chose. Tout celui qui adhère à cette mission est pris par ce feu. Et cet incendie est tel qu’il laisse des traces indélébiles : ceux qui se laissent embraser par ce feu et ceux qui le refusent deviennent irrémédiablement antagonistes, même s’ils sont unis par les liens de famille. En effet, le message apporté par Jésus implique un choix radical. Ce message doit devenir notre nouvelle identité, dépassant même le lien de sang. C’est ce feu qui doit nous caractériser en toute chose, et devenir notre signe de reconnaissance.
Mais, attention, le feu qu’apporte Jésus et qui doit incendier toute chose, c’est le feu de son Esprit, le feu de son amour. C’est dire qu’en adhérant à la mission de Jésus, nous adoptons comme unique critère de nos vies, de nos actions ou de notre regard sur les autres, l’amour qui nous vient de Dieu. Comme chrétien, c’est l’Amour qui doit être notre signe distinctif…
Il est vrai que le mot « amour » a été tellement galvaudé qu’il ne dit plus grand-chose. Il nous faut donc comprendre que le vrai amour – au fond, le seul véritable amour – est celui qui se met en acte, qui est prêt au sacrifice pour le bien des autres. Rappelons-nous de Jésus lui-même : « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout » (Jan 13, 1). Ainsi, le seul critère qui peut donner sens à nos sacrifices, jusqu’à la possibilité du martyre, c’est cet amour sans limite, qui trouve sa source en l’amour même de Dieu pour nous. Et cela n’est possible que si, en toute chose, nous avons gardons d’abord les yeux fixés sur Jésus. C’est seulement dans le Christ que nous pouvons vivre la radicalité de notre vie chrétienne, car c’est lui qui nous en donne la force ; c’est lui qui nous y accompagne par la miséricorde du Cœur de Dieu. Prenons donc courage en lui qui « a enduré la croix en méprisant la honte du supplice », et qui est désormais victorieux du péché !
AMEN !
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