Méditation pour le 26ème dimanche du temps ordinaire : « Où est ta richesse ? »
Par cette parabole de l’homme riche qui n’a pas su se servir de ses biens, Jésus nous pose cette question: quel sens donnons-nous à nous-mêmes, au monde matériel, à nos semblables, à Dieu? Et puisque Abraham dit au riche qu’il suffit d’écouter Moïse et les prophètes pour savoir conduire sa vie, voici ce que nous disent en ce dimanche le prophète Amos, saint Paul et Jésus dans l’Evangile.
Amos, l’ancien berger formé à la rude école du désert, se trouve profondément choqué par le comportement des puissants d’Israël. Ils mettent leur confiance dans la puissance, pourtant illusoire, de la fortune. Leur unique préoccupation est de jouir de la vie.
Saint Paul, tout à l’opposé, propose à son disciple Timothée une triple direction : lui-même, les autres et Dieu, et une double dimension : temporelle et éternelle. On peut dire qu’il existe quatre niveaux dans le comportement.
Par rapport à nous-mêmes, deux attitudes sont possibles. Comme ceux-là qui, il y a 27 siècles à Jérusalem, vivaient repliés sur eux-mêmes, cherchant le plaisir dans tous les domaines, sans souci de ceux dont ils avaient la charge, nous pouvons nous aussi fonder notre vie sur la jouissance à tout prix. La société surtout occidentale de consommation en donne les moyens. Mais nous voyons immédiatement le déséquilibre créé en nous, si nous laissons en friche toute une part de nous-mêmes, certainement la meilleure. N’est-ce pas se mépriser soi-même, en effet, avec toutes les conséquences que cela peut avoir, que de réduire ainsi sa personne à ce seul aspect du plaisir ? Le plaisir n’est certes pas mauvais en lui-même, mais s’aimer, et c’est un devoir de s’aimer mais sans se détruire par l’abus de jouissances ; s’aimer, et se respecter, c’est de vouloir du bien, tout le bien possible: entretenir sa santé, développer son corps, son intelligence, sa puissance d’aimer, dans un équilibre harmonieux. Et si le plaisir y trouve sa place, tant mieux ; mais pas toute la place.
Le deuxième point porte sur la relation que nous pouvons entretenir avec le monde matériel. Au temps du prophète Amos, ceux qui détenaient le pouvoir économique en faisaient mauvais usage. Non seulement, ils gaspillaient leurs richesses, mais ils dilapidaient le bien public sous prétexte de banquets à l’occasion de fêtes religieuses. Jésus avait sans doute été témoin de comportements analogues. Il nous dit qu’il aurait suffi de miettes qui tombaient de la table du riche pour rassasier Lazare. Les temps n’ont pas changé. Si Dieu nous a donné le monde c’est pour que nous en soyons les gestionnaires avisés, que nous ayons pour lui un grand respect, qu’il s’agisse de la nourriture, de l’environnement, de l’utilisation de ressources naturelles. En respectant l’univers, nous respectons celui qui est le créateur et, ceux, qui sont appelés par lui à s’y épanouir c’est-à-dire nous tous.
Cette dernière remarque nous conduit à nous interroger sur le type de rapport que nous entretenons avec les autres … Les puissants de Jérusalem, trop occupés par leurs seuls intérêts « ne se tourmentent guère du désastre d’Israël ». Le riche de la parabole, tout plein de son plaisir, lui aussi a le cœur sec. Au point que les chiens paraissent plus sensibles que lui.
Dans les conseils qu’il prodigue à son disciple, Paul lui recommande la droiture, la justice, l’amour et la douceur. Autant de vertus sans lesquelles nos relations risquent d’être empreintes d’agressivité, d’injustice ou, ce qui est peut-être pire, d’indifférence.
Sans rupture avec soi-même, avec le monde matériel, le comportement du jouisseur entraine nécessairement une prise de distance par rapport à Dieu. « Un grand abîme a été mis entre vous et nous… », dit Abraham.
Pour Paul, celui qui ne respecte pas l’œuvre de Dieu ne peut pas se dire de Dieu. Mais celui qui se respecte et respecte le monde et tout homme, celui-là n’est pas loin d’avoir établi avec Dieu un rapport religieux. Il peut avoir avec lui une relation de personne à personne sous le signe de l’amour. Et du coup, il aura atteint un développement total de sa personnalité, corps et esprit, avec le monde et avec Dieu, dans un équilibre harmonieux. Il aura mis en lui l’ordre de Dieu, qui n’est pas toujours l’ordre du monde. Il aura découvert le sens du partage. C’est le message de Moïse et des prophètes. Ecoutons-les, pendant qu’il est encore temps. /.
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