Méditation du 3ième dimanche de l’Avent : "Une attente messianique au-dessus de nos questionnements"
Chers frères et sœurs,
Nous entrons aujourd’hui dans le 3e Dimanche du temps de l’Avent ; c’est à quelques jours de la fête de Noël. Les textes pour la méditation de ce dimanche ne manquent pas d’insister sur l’appel à la joie, au courage, à la patience, mais aussi une attente messianique au-dessus de nos questionnements et nos doutes au quotidien. Tout ceci doit susciter en nous le désir d’accueillir la venue du Sauveur, du rédempteur, de Dieu avec nous, l’Emmanuel.
Et aujourd’hui, dans la première lecture ((Is 35, 1-6a.10), le livre d’Isaïe nous dit en mots bien clairs la raison de cette exultation de joie . « Il vient lui-même et va vous sauver. Ce texte est très expressif et à la fois surprenant quant à la description des détails et du message théologique et spirituel qui l’accompagnent. Pour Isaïe cette venue trouvera la forme d’un printemps nouveau lorsqu’il écrit pour nous : « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Cependant, on retrouve chez Isaïe une surprenante description qui caractérise cette venue : « c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu ». Si cela peut paraître à première vue inacceptable ou en contraste avec l’image du printemps qui précède, la vengeance et la revanche de Dieu évoque au contraire l’accomplissement du temps messianique où Dieu a décidé lui-même de libérer et sauver son peuple. Il est bien clair que Dieu ne se venge pas de nous, il ne prend pas sa revanche contre nous, mais contre le mal qui nous atteint, qui nous abîme. Ainsi dit le prophète pour nous : « Ceux qu’a libérés le Seigneur reviennent, ils entrent dans Sion avec des cris de fête, couronnés de l’éternelle joie. Allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuient »
Permettez-moi de faire une parenthèse : La revanche de Dieu, la vengeance de Dieu. Tel est le titre d’un livre d’un sociologue français Gilles Kepel dont le titre est devenu comme un slogan dans les années 80 et 90. (Le titre exact du livre est «La revanche de Dieu. Chrétiens, juifs et musulmans à la reconquête du monde » par Gilles Kepel, Paris).
Si cette expression est inacceptable dans le sens compris par la culture laïque comme négation de la présence de Dieu dans notre histoire comme le fait remarquer prudemment ce livre de Gilles Kepel ; dans notre contexte, elle est au contraire acceptable si l’expression « revanche de Dieu » fait référence à une nouveauté apportée par Dieu lui-même dans l’Ancien testament et dans le Nouveau testament.
Donc, pour le Prophète Isaïe, la revanche de Dieu dans l’Ancien testament, pourrait se comprendre en prenant compte des versets qui nous disent comment Dieu vient lui-même sauver son peuple : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie ». Pour l’Évangile de Matthieu (Mt 11, 2-11), la revanche de Dieu , dans le Nouveau testament, est tout simplement comment Dieu peut renverser des situations qu’on aurait dites sans issues, non pas d’une manière abstraite mais avec des signes incontestables qui expriment concrètement la réalisation du salut. C’est Jésus qui est capable de renverser des situations sans issues y compris la lèpre du péché aussi bien que la situation extrême de la mort. C’est cela la Bonne Nouvelle. A la question de Jean le Baptiste par ses disciples à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Dans la seconde lecture, Saint Jacques (Jc 5, 7-10) nous donne une première réponse à ceux qui doutent de cette attente messianique. Il nous invite à une attitude raisonnable : Prenez patience, vous aussi, et tenez ferme car la venue du Seigneur est proche. Le mot patience peut résonner étrangement dans notre monde où l’on va vite et nous voulons vivre dans l’immédiat. Quelle est donc la leçon théologique de la médiation de ce dimanche ? Les récits de ce dimanche posent une question : quel messie attendons-nous ? Aujourd’hui encore, nous avons des doutes et nous sentons le besoin de poser la question, si Jésus correspond-il au messie qu'on s'était imaginé ? C’est ainsi que je suggère que le temps de l’Avent soit pour nous comme une marche de Dieu vers nous et de nous vers Dieu. Les ingrédients de cette marche sont cri de joie, exultation, être dans l’allégresse allégresse, espérance et attente patiente du Seigneur. Sans aucun doute, les signes avant-coureurs de la présence de Dieu sont déjà visibles dans la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus. C’est dans ce sens que nous pouvons aussi comprendre le mot « revanche de Dieu » par rapport à ce texte de l’évangile. La revanche de Dieu est donc la suppression du mal par Jésus-Christ à travers sa mort et sa résurrection. Et, la dernière frontière, qui est la dernière frontière de la vengeance et de la revanche de Dieu c’est le PECHE. Le Seigneur vient lui-même nous libérer du péché. Que cette période de l’Avent soit l’occasion de prendre conscience de nos incapacités, pour que nous ne placions pas notre foi en nous-mêmes, et que, tout le temps de l’Avent nous prépare à accueillir dans la joie la venue du Sauveur, du rédempteur, de l’Emmanuel : Dieu avec nous.
Amen.
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