Afrique : Les jésuites appellent au dialogue inclusif au Cameroun
Jean-Paul Kamba, SJ – Cité du Vatican
Dans le message qui porte la signature du Père Agbonkhianmeghe Orobator, président de la Conférence des Jésuites d'Afrique et de Madagascar, JCAM, les supérieurs majeurs jésuites de ce continent ont exprimé leur profonde préoccupation du fait de la violence et de la perte en vies humaines dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun ». Unissant leur voix à celle des évêques catholiques du Cameroun et du monde, des groupes de défense des droits de l'homme et de plusieurs autres organismes et personnalités, les pères jésuites « condamnent vivement le recours excessif à la force par le gouvernement camerounais ainsi que les violences perpétrées par des milices qui entrainent la mort et la destruction de biens de personnes innocentes ».
Des actes odieux à n’en point finir
Les Jésuites africains se disent par ailleurs consternés par la triste nouvelle du massacre, le 14 février 2020, d’une trentaine de personnes dont les maisons ont été incendiées dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, précisément dans la localité de Ngar-buh près de Ndu, au département de Donga Mantung,. Le plus désolant, soulignent-ils, est « de constater que parmi les morts, il y a une dizaine d’enfants et de femmes enceintes ». Cet acte odieux, renchérissent les fils de Saint Ignace, vient allonger la litanie de tueries et d’incendies de villages qui crucifient les populations de ces deux régions camerounaises depuis le début de la crise en 2016 ».
Un engagement pour la paix et la justice dans toute l'Afrique
Rappelant les mots du Pape François à l’occasion de la 53e Journée mondiale de la paix célébrée le 1er janvier 2020, sur le thème: «La paix, un chemin d’espérance : dialogue, réconciliation et conversion écologique », les supérieurs majeurs des Jésuites d'Afrique et de Madagascar insistent sur le fait que « notre communauté humaine porte dans sa mémoire et dans sa chair les signes des guerres et des conflits qui se sont succédés avec une capacité destructrice croissante, et qui ne cessent de frapper spécialement les plus pauvres et les plus faibles».
Les supérieurs majeurs des jésuites d'Afrique et de Madagascar se réjouissent tout de même que les chefs d'État et de Gouvernement de l'Union africaine aient annoncé, il y a deux semaines, comme thème de la campagne de la nouvelle année : « Faire taire les armes à l’horizon 2020 ». Cette campagne, écrivent-ils, fait suite à celle lancée en 2013 pour mettre fin à tous les conflits armés en Afrique. Aussi, à travers son Réseau panafricain pour la Justice et l'Ecologie, la Conférence des Jésuites d'Afrique et de Madagascar promet-elle de collaborer étroitement avec l'Union africaine dans le cadre de cette campagne afin d'accélérer l'action pour la paix et la justice dans toute l'Afrique.
Les pères jésuites appellent en outre le président Paul Biya et son gouvernement à aller au-delà des mesures répressives pour renouer avec le dialogue et la médiation. Le dialogue inclusif impliquant les séparatistes anglophones, exhortent-ils, est la seule solution durable à la violence qui cause l’inacceptable perte en vies humaines dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun. Par ailleurs, ils encouragent vivement toutes les parties à participer, en Suisse, à la rencontre organisée par un groupe d'évêques catholiques représentant tous les Continents. Ce rendez-vous, une opportunité pour un véritable dialogue, vise notamment à inclure des groupes séparatistes pour une solution durable à la crise.
En outre, « garantir le respect des droits de l'homme et de la liberté d'expression et de manifestation », est l’appel qu’ils lancent au gouvernement camerounais.
Bannir la peur, construire la Paix
A la suite du Pape François, les Jésuites d'Afrique et de Madagascar font (ont fait) remarquer que le traumatisme et l'injustice subis par les victimes innocentes de la guerre ne peuvent prendre fin lorsque la recherche de la paix est alimentée par « toute tentative de construction sur la peur de la destruction réciproque ou sur une menace d’anéantissement total ; la peur de la destruction mutuelle ou la menace de l'anéantissement total »
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